(Québec) La porte était entrouverte, mais Laurent Dubreuil n’avait plus les jambes pour se faufiler.

Tenaillé par un rhume, il s’est classé cinquième du deuxième 500 m de la Coupe du monde de patinage de vitesse de Québec, dimanche après-midi, ratant ainsi sa tentative de terminer en tête du classement de la spécialité pour la troisième année consécutive.

Au lendemain de sa médaille d’argent de samedi, le patineur de Lévis a connu une mauvaise nuit. En temps normal, il aurait pris une journée de congé, mais il avait rendez-vous avec l’Américain Jordan Stolz, avec qui il composait la dernière paire.

Un peu plus tôt, le Japonais Wataru Morishige s’était installé à la quatrième place, ce qui permettait au Québécois de toujours espérer le devancer au cumulatif de la saison. Pour cela, il devait cependant l’emporter, une tâche colossale avec un rival direct de la trempe de Stolz, vainqueur la veille après avoir remporté l’or au 1500 m à peine 50 minutes plus tôt…

Le jeune homme de 19 ans a coupé court au suspense : auteur de la meilleure ouverture (100 m) de sa carrière, il avait Dubreuil en point de mire dans la ligne droite opposée, profitant de son aspiration avant de plonger dans le virage intérieur, duquel il a jailli avec une avance confortable et son style toujours fluide.

Son chrono : 34,36 s, soit un centième de mieux que le record de l’anneau de Dubreuil réalisé en 2022.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Auteur d’un tour de piste en deçà de ses standards, le Québécois de 31 ans a arrêté le temps à 34,81 s pour se classer cinquième, tout juste devant Morishige. Les Polonais Marek Kania (34,69 s) et Piotr Michalski (34,71 s) ont fini dans un mouchoir de poche pour se partager l’argent et le bronze. L’explosif Japonais Yuma Murakami a terminé quatrième en 34,81 s, le même temps à quelques millièmes près que son ami Dubreuil.

« La course d’aujourd’hui était un peu plus difficile, a simplement reconnu Dubreuil. Je n’avais juste plus les jambes avec le rhume que je traîne depuis quelques jours et les courses qu’on a faites vendredi et samedi. Aujourd’hui, il me restait ce qu’on a vu sur la glace. Ce n’était pas ma meilleure. Mais en fin de compte, conserver ma deuxième place au général, ça veut dire beaucoup pour moi. C’est un gage de ma constance du début à la fin de la saison. »

En vertu de quatre victoires lors des cinq premières épreuves de la campagne, Morishige termine en tête du classement avec 483 points, soit 17 de mieux que Dubreuil, qui s’est imposé une seule fois, en Pologne, en décembre.

Sur le départ, je ne me sentais pas trop mal, mais à la fin, je ne l’avais plus. C’était comme lourd, un peu pénible. J’étais surpris que mon départ soit bon, mais mon tour n’était pas au rendez-vous, alors que c’est l’une de mes forces. Je ne suis pas inquiet. Ça va revenir.

Laurent Dubreuil

Avec quatre médailles d’or à Québec, le même total qu’une semaine plus tôt en Utah, Stolz continue pour sa part de réécrire le livre d’histoire du sport sur deux lames. En entrevue, il a assuré s’être surpris lui-même.

« Je ne m’attendais pas à connaître une si bonne course. J’ai fait un paquet de courses ce week-end. C’était donc un peu étrange d’avoir eu une ouverture si rapide. »

Apparemment imperméable à la pression, l’athlète du Wisconsin promet seulement de « faire ce [qu’il peut] » aux prochains Championnats du monde par distance de Calgary, du 15 au 18 février.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Laurent Dubreuil a conservé sa deuxième place au classement général.

Le jugeant « presque » intouchable sur 1000 et 1500 m, Dubreuil espère être en mesure de rivaliser avec lui sur la plus courte distance.

« Je crois en mes chances. Ça va me prendre toute une course et peut-être une moins bonne fin de semaine de sa part. J’ai fini cinquième en étant enrhumé et pas à 100 %. D’une certaine façon, ce n’est pas un mauvais signe pour dans deux semaines. »

Au-delà de sa médaille d’argent samedi, Dubreuil conserve un souvenir inoubliable de cette Coupe du monde.

« L’anneau est magnifique, la foule était là. J’espère que ça reviendra avant ma retraite. Mais je prévois patiner assez longtemps pour revivre ça une fois ou deux ici. »