De nombreuses blessures, une compétition de sélection olympique annulée en raison d’une éclosion de COVID-19, trois ans d’absence du circuit de la Coupe du monde : David La Rue a mangé son pain noir ces dernières années. Au point que le vice-champion mondial junior du 1500 m en 2018 s’est remis en question.

« Est-ce que j’ai atteint mon plein potentiel dans le sport ? s’est demandé l’ancien patineur sur courte piste. J’essayais différents trucs, je me trouvais bon, mais ce n’était pas le niveau dont j’avais envie. »

Les choses ont débloqué l’hiver dernier avec trois médailles aux Jeux mondiaux universitaires de Lake Placid, où il s’est mesuré à quelques rivaux de renom. La Rue a poursuivi sur sa lancée à l’automne en décrochant les meilleurs résultats de sa carrière en Coupe du monde, dont une huitième place au 1500 m à Pékin, à trois quarts de seconde du podium. Il s’en promettait pour les manches en Norvège et en Pologne. Or, il n’était pas au bout de ses peines.

À un camp de vélo à Gérone, en Espagne, il suivait une coéquipière à 40-45 km/h quand il a foncé dans une grosse roche qu’elle n’avait pas vue. Son pneu avant a éclaté et il s’est retrouvé groggy sur le bitume, écorché sur tout un côté. Surtout, sa tête a tapé et son casque a renfoncé.

Rapidement conduit en ambulance à l’hôpital, La Rue pensait avoir évité le pire, mais un tomodensitogramme a révélé une hémorragie cérébrale.

« J’étais magané, j’avais des blessures partout sur la peau, mais la tête allait bien, j’étais lucide », a-t-il relaté la semaine dernière en marge de la Coupe du monde de Québec

« Quarante-huit heures plus tard, les symptômes sont partis en chute libre ! Je me suis réveillé complètement étourdi, incapable de distinguer quoi que ce soit sur l’écran de mon cellulaire. Je me suis levé pour aller aux toilettes, je suis tombé sur le mur et je me suis mis à vomir. Ça, c’était le début d’une longue journée pour revenir au Québec… Mon raisonnement n’était probablement pas à son meilleur. Les agentes de bord ont eu pitié de moi, mais j’ai survécu. »

Après la résorption des saignements, l’athlète de Saint-Lambert est retourné sur la glace au début de janvier. Les étourdissements ont repris de plus belle le lendemain. Il a mis deux semaines pour en guérir.

« Ce n’étaient pas des symptômes à l’effort, mais mon système vestibulaire qui était affecté. Tout ce qui est l’oreille interne et l’équilibre. J’ai quand même pu poursuivre et même pousser l’entraînement à vélo et en musculation. »

« Une mentalité complètement différente »

Depuis deux semaines, le patineur de 25 ans a remis les lames avec succès à l’anneau Gaétan-Boucher à Québec. Il progresse à petits pas, en parallèle de ses séances de physiothérapie vestibulaire. Sa saison est pratiquement terminée, sauf peut-être pour une Coupe Canada dans un mois à Calgary.

Malgré tout, La Rue garde le moral. Bachelier en finance à l’Université Laval, il profite de sa pause compétitive pour étudier en vue de son examen de niveau II pour devenir analyste financier agréé (CFA). Sa période noire des dernières années lui fait mettre sa carrière sportive en perspective.

« J’ai une mentalité complètement différente par rapport au sport. Je le fais parce que j’aime ça, parce que j’ai envie de découvrir des pays, prendre le temps de les visiter, échanger avec les autres athlètes. C’est sûr que je veux performer, mais ne penser qu’à ça, ce n’était pas nécessairement sain.

« Maintenant, le patin, c’est une partie de ma vie que je suis content d’avoir. Elle a du sens par rapport à mes buts globaux à long terme, tant sportifs que dans la vie en général. »

Ce virage grand-angle le mènera à découvrir son plein potentiel, est-il persuadé.