La patineur artistique faisait sa première sortie médiatique, mercredi, depuis que des allégations d’agression sexuelle pèsent sur le Canadien d’origine danoise.

Accompagné de Laurence Fournier Beaudry, Sørensen a clamé à nouveau son innocence dans cette affaire et estime que même si la situation est délicate, sa partenaire et lui ont amplement le droit de participer aux Championnats du monde présentés à Montréal dans une dizaine de jours.

« Nous sommes ici parce que nous méritons d’y être. Nous avons dû prendre un pas de recul lors des Nationaux et ça a été une décision très difficile à prendre », a expliqué Sørensen au Centre Bell, au terme de leur entraînement sur la patinoire du Canadien.

Le 4 janvier, le USA Today a publié un texte sur une ancienne patineuse américaine, dont l’identité est toujours inconnue, à l’origine d’une enquête lancée par le Bureau du commissaire à l’intégrité dans le sport (BCIS).

Le patineur âgé aujourd’hui de 35 ans aurait forcé son accusatrice à avoir des rapports sexuels lors d’une fête au Connecticut en avril 2012. « J’ai craint pour ma vie. […] Il m’a violée », a indiqué la plaignante dans son témoignage.

Ces allégations ont forcé le duo canadien à faire l’impasse sur les Championnats nationaux présentés du 8 au 14 janvier à Calgary. « Bien que nous ne souhaitions pas nous retirer, nous estimons que notre participation pourrait être perturbante, et que l’esprit sportif doit continuer à être au cœur de l’évènement », avait écrit le duo dans une déclaration publiée sur Instagram le 9 janvier.

Or, deux mois plus tard, le couple participera aux Championnats du monde présentés à compter du 18 mars. Une décision qui contraste avec le discours tenu à l’aube des Nationaux.

« Ça a été extrêmement difficile pour nous personnellement et émotivement de voir tout ça sortir. Nous n’étions simplement pas en état de compétitionner », a évoqué Sørensen, qui est aussi en couple avec sa partenaire Laurence Fournier Beaudry.

La paire se dit donc prête à patiner à nouveau, même si sa situation monopolisera sans doute l’attention jusqu’à la fin de la compétition. Du moins, ça a été le cas lors des disponibilités médiatiques de mercredi matin.

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Laurence Fournier Beaudry et Nikolaj Sørensen

« Il y aura des gens qui vont nous soutenir et d’autres qui ne le feront pas. Et c’est correct et normal. Je suis resté discret, parce que je ne suis pas en mesure d’en parler. Je fais confiance aux instances mises en place et je respecte à 100 % la manière dont c’est censé se passer et je crois que la vérité triomphera », a poursuivi le patineur.

Le discours de Sørensen n’a d’ailleurs pas changé. Malgré les allégations, il clame toujours son innocence : « Comme je l’ai écrit sur Instagram, je démens les allégations et je vais faire de mon mieux pour me défendre et sortir de cette situation de la meilleure des manières. Quand ça sort dans les médias, le dommage est déjà fait. Je pense que c’était ça l’intention plus qu’autre chose. »

Dans l’œil de sa partenaire

Si les regards étaient tournés vers son compagnon, Laurence Fournier Beaudry doit elle aussi tenter de patiner tout en assumant que ces allégations entachent une partie de sa réputation et les potentiels résultats que le duo pourrait obtenir.

Aux derniers Mondiaux, ils avaient obtenu la cinquième place. Leur objectif est de monter sur le podium à Montréal.

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Laurence Fournier Beaudry et Nikolaj Sørensen

Devant les médias, elle a voulu se ranger derrière son amoureux. « Ça a été difficile sur le coup, c’est tout un challenge, mais je soutiens Nik à 100 %. Nous sommes tous les deux en faveur d’un sport sans abus », a-t-elle dit avant que Sørensen n’intervienne.

« Je crois qu’elle minimise un peu ce qu’elle a vécu. C’était extrêmement difficile de surmonter tout ça. Juste le fait d’être ici aujourd’hui, de se présenter à mes côtés. »

Que justice soit faite

Marjorie Lajoie et Zachary Lagha s’entraînent quotidiennement avec le duo Sørensen–Fournier Beaudry dans le quartier Saint-Henri. Ils rivalisent également dans la même catégorie.

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Zachary Lagha et Marjorie Lajoie

Le contexte est particulièrement délicat, notamment pour Lajoie. La patineuse de 23 ans étudie en santé sexuelle avec l’intention de travailler en sexologie et en psychologie.

« C’est sûr que c’est un sujet qui me touche énormément. Et je m’en vais là-dedans pour faire des changements et aider tout le monde qui vit des situations comme ça. […] On pense beaucoup aux victimes, pas juste à cette victime-là, mais à toutes les victimes en général. »

Reste que même si la situation est « désolante » et « triste », comme l’a souligné Lagha, ils n’ont aucun contrôle sur l’identité des patineurs présents aux Mondiaux. Donc le mieux qu’ils puissent faire, c’est patiner.

« C’est compliqué, a poursuivi Lagha. Je m’entraîne avec Nik depuis vraiment longtemps et je n’ai jamais vu ce côté de lui. Donc je ne sais pas quoi dire. On s’entraîne et on se concentre sur notre patin. »

De son côté, Paul Poirier, le coéquipier de Piper Gilles, tient à ce que tout ce dossier soit « complètement investigué ».

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Piper Gilles et Paul Poirier

Sans mettre de gants blancs, il a été le patineur ayant le plus insisté sur l’importance d’un processus fiable et d’une attitude de compassion envers la plaignante.

« Il faut qu’une enquête soit mise en place pour que ça se passe bien. J’espère qu’ils y mettront le temps et l’énergie nécessaire pour avoir un verdict clair. »

Puis, à propos de la plaignante : « Elle est passée par quelque chose de très difficile. On ne sait exactement comment tout fonctionne, mais on veut qu’à la fin, il y ait une justice. »