Le promoteur InterBox envisage de poursuivre le camp du boxeur Roberto Bolonti, après l'apparition d'un segment vidéo qui semble démontrer qu'il aurait simulé le K.-O. dans l'espoir de l'emporter par disqualification contre Jean Pascal.

Le promoteur a retenu les services du cabinet d'avocats BCF, qui compte parmi ses associés Marcel Aubut. La Presse a aussi appris qu'InterBox retient actuellement une somme considérable de la bourse de l'Argentin - plus de 50 000 $ - et refuse de la lui verser. L'entreprise estime s'être fait flouer par le boxeur.

«Je ne veux rien dire pour l'instant, sinon que nous ne nous laisserons pas faire, a déclaré lundi le président d'InterBox, Jean Bédard. Nous allons nous défendre et défendre l'intérêt de la boxe.»

Une vidéo a émergé lundi, dans laquelle on entend clairement un homme crier au boxeur argentin: «¡No te levantes!» L'ordre, qui signifie «ne te lève pas» en espagnol, est répété plusieurs fois. Il s'agirait de la voix du promoteur de Bolonti, Osvaldo Rivero.



InterBox a aussi fait parvenir lundi une lettre à la Régie des alcools, des courses et des jeux du Québec (RACJ). Dans ce document obtenu par La Presse, l'avocat d'InterBox demande à la Régie de lui fournir certaines informations sur le combat, notamment les contrats signés par Bolonti. Le cabinet d'avocats dit enquêter sur la fin du combat afin de conseiller InterBox sur les recours possibles.

«De nombreux éléments de preuve recueillis à ce jour permettent de penser que l'annulation du combat n'a rien à voir avec un malheureux accident», peut-on lire dans la lettre du cabinet BCF à la Régie.

En plus de l'ordre de rester couché qui serait venu du coin du boxeur, InterBox note que Bolonti a refusé, une fois à l'hôpital, de se soumettre à un test (un CT scan, ou tomodensitométrie) afin de déterminer s'il avait subi une commotion cérébrale.

«S'il s'avérait que l'annulation du combat ait été directement causée par un geste délibéré de M. Bolonti, de son équipe ou de son promoteur, il va de soi que notre client entreprendra toutes les démarches nécessaires pour restaurer la confiance du public dans l'intégrité des sports de combat», indique la lettre d'InterBox.

Décision renversée?

Samedi soir au Centre Bell, Jean Pascal a frappé illégalement Bolonti au deuxième round. Le coup est parti après que l'arbitre Michael Griffin eut ordonné le bris aux deux boxeurs qui étaient dans une étreinte.

Selon les règlements, si un boxeur est mis K.-O. par un coup fautif intentionnel, il doit gagner par disqualification de son adversaire. Le clan Bolonti espérait donc peut-être l'emporter de cette manière. L'arbitre Michael Griffin a plutôt tranché pour un non-lieu, ce qui signifie que le combat ne comptera pas sur la fiche des boxeurs.

La séquence des événements, tout de suite après le combat, semble démontrer que l'arbitre voulait d'abord faire gagner Bolonti. On entend notamment l'entraîneur de Pascal, Russ Anber, dire: «Au début, il voulait le disqualifier. J'ai dit fu**, vous ne pouvez pas le disqualifier!»

Dans les secondes après le K.-O. - ou sa simulation -, Griffin a indiqué aux représentants de la Régie, sur le bord du ring, qu'il disqualifiait Pascal. Sa décision respectait en tous points le livre des règlements. Mais après une longue attente durant laquelle le coin de Pascal a fait valoir son point de vue, Griffin a ensuite décidé de faire volte-face et de trancher pour un non-lieu.

Une disqualification aurait ajouté une défaite à la fiche de Pascal, en plus de mettre en péril son combat du mois de mars contre Sergei Kovalev. Ce duel vient avec plusieurs millions à la clé.

Après avoir été transporté hors du ring sur une civière, Bolonti a été conduit à l'hôpital, où il a été suivi par un représentant d'InterBox. C'est ce dernier qui aurait vu le boxeur refuser de passer le test.