Eleider Álvarez « a vécu une sorte de dépression sportive » dans les dernières années.

Son dernier combat date du mois d’août 2020, une défaite par K.-O. technique contre Joe Smith à Las Vegas. Sa deuxième en trois combats, ainsi que depuis le début de sa carrière.

« Il faut se mettre un peu à sa place », a estimé son entraîneur Stéphan Larouche en visioconférence, mardi.

« Tu passes de héros à perdre ta ceinture [contre Sergey Kovalev, en 2019], à perdre contre Joe Smith, après plusieurs années dans la boxe, avec des Jeux olympiques à travers tout ça. C’était une longue carrière, il était fatigué. Il avait probablement besoin de cette pause-là. »

Álvarez (25-2-0, 13 K.-O.) se battra donc pour la première fois en deux ans, le 5 mai prochain, au Casino de Montréal. Un affrontement chez les lourds-légers.

Une nouvelle catégorie de poids qui « motive » le pugiliste d’origine colombienne, tout en étant un impératif pour le Groupe Yvon Michel.

« Je me sens très bien, a indiqué Álvarez. Je voulais retourner sur le ring le plus rapidement possible. »

Il a passé toute sa carrière chez les mi-lourds, avec des aiguilles oscillant autour des 174 lb. Chez les lourds-légers (poids maximal de 200 lb), le boxeur établi à Montréal sera aux prises avec des combattants devant souvent abaisser leur poids pour atteindre la limite lors de la pesée. Un enjeu de taille – excusez-la – qui n’effraie pas Álvarez.

J’ai de bonnes chances. Si je ne l’essaie pas, je ne le saurai pas.

Eleider Álvarez

Ce changement « était une condition pour ramener Eleider », a déclaré Yvon Michel. « On accepte si tu veux aller chez les lourds-légers, mais on n’acceptera plus chez les mi-lourds. »

Dans son ancienne catégorie, « le danger était beaucoup plus grand », ajoute le promoteur.

« Je l’ai presque vu avoir de la difficulté à marcher, à se rendre sur la balance dans des combats majeurs. Malgré cela, il livrait une performance quand même bonne après. Pour Eleider, ça sera moins dangereux. Il pourra se préparer de façon optimale pour se battre contre des gros gars, plutôt que de tout tenter pour baisser son poids. »

Álvarez pourra donc se concentrer à travailler sur ses « habiletés, répéter ses mouvements de boxe », selon Stéphan Larouche.

Il était un « mi-lourd format géant », ajoute l’entraîneur.

« Il est très, très grand. Il va déjà avoir à peu près la même forme physique que les lourds-légers actuels, ou peut-être un peu plus petit. Mais il compense par beaucoup de vitesse, d’habiletés et d’agilité. S’il se ramasse avec un gars qui va peser 215, 220, 225 lb, on va le battre en vitesse et en finesse. Ça, j’en suis convaincu. »

On parle ici d’un adversaire en termes hypothétiques, car le nom de l’opposant d’Álvarez n’a pas encore été annoncé, à un mois du combat.

« Ce qu’on sait présentement, c’est qu’il doit bouger dans un ring, souligne Larouche. Il doit avoir de l’énergie, il doit avoir du gaz contre quelqu’un qui va vouloir le battre dans un petit ring du Casino de Montréal. »

Des boxeurs ambitieux en sous-carte

Deux autres combats sont pour l’instant prévus en sous-carte du combat d’Álvarez. Les Québécois Mathieu Germain et Mazlum Akdeniz en seront à leur deuxième combat respectif en 2022.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Mathieu Germain (à gauche)

Germain (20-2-1, 9 K.-O.), notamment, n’aura eu que deux mois de repos depuis sa victoire contre Erick Inzunza Angulo, le 11 mars dernier. Il avait alors subi une dure coupure à l’arcade sourcilière droite.

« Ça va beaucoup mieux, a-t-il affirmé mardi. Le fait d’avoir pu me reposer après le combat, de m’entraîner de façon plus relaxe, ça m’a fait du bien. »

Le boxeur de Mascouche le dit lui-même : il veut en donner aux spectateurs pour leur argent… parfois un peu trop, selon son entraîneur.

« Il a beaucoup d’imagination dans un ring, souligne Larouche. Il a tendance à vouloir donner un spectacle au-delà de ce que son corps est capable de faire. C’est agréable pour les fans, mais stressant pour un coin. »

Pour Maz Akdeniz (16-0-0, 8 K.-O.), ce sera non seulement un deuxième combat en 2022, mais un troisième depuis le 17 décembre 2021.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Mazlum Akdeniz

« La première fois qu’Yvon et moi, on s’est assis ensemble, je lui ai dit que j’étais prêt à boxer souvent, avec un bon rythme », a raconté Akdeniz mardi.

« Je n’ai jamais vu Maz aussi heureux, a stipulé Moe Latif, son entraîneur. Avant qu’il ne signe avec GYM, il manquait de stabilité, il voulait être actif. »

Akdeniz, 24 ans, vise notamment « une ceinture mineure avant la fin de l’année », lui qui « veut être prêt à boxer pour un titre mondial » sous peu.