« J’ai eu peur de ne pas redevenir l’athlète que j’étais. » Foudroyée par la COVID-19 en avril dernier, Kim Clavel a momentanément cru que c’en était fait de sa carrière.

« Ça m’a vraiment jetée à terre, raconte-t-elle à La Presse lors d’un entretien au Centre Claude-Robillard, à Montréal. Ça m’a mise K.-O. complètement.

« Quand j’ai repris l’entraînement, les premières fois que j’ai poussé un peu, j’étais essoufflée. J’en parlais aux entraîneurs, je disais : “Ce n’est plus comme avant.” Je pleurais. […] Quatre jours avant mon combat, j’étais prête pour un championnat du monde. Et maintenant, j’ai de la misère à courir 10 minutes sans être essoufflée. »

La boxeuse se rappelle ces moments difficiles assise sur un banc devant le représentant de votre quotidien. Nous sommes aux abords des installations de boxe temporaires du complexe, dans un couloir au-dessus de la piste d’athlétisme. Elles seront établies ici pendant encore quelques années, en attendant la fin des rénovations au sous-sol où le gymnase est habituellement situé.

« On a surnommé ça “le couloir de boxe” », nous avait dit un peu plus tôt l’entraîneur Stéphan Larouche en nous accueillant, avant d’enfourcher un vélo et de zigzaguer autour des nombreux sacs de frappe.

On garde nos distances et on porte le masque, par respect mais surtout par précaution. C’est que son infection à la COVID-19 en avril avait forcé, pour la troisième fois depuis décembre, un report de son combat de championnat du monde contre la Mexicaine Yesenia Gómez.

À 10 jours de l’affrontement chez les mi-mouches sanctionné par le WBC, on ne court aucun risque.

« Très, très inquiète »

« J’ai eu un gros stress de ne plus pouvoir faire le travail que j’aime tant, qui est de boxer », souligne Clavel.

Son entraîneuse Danielle Bouchard tentait tant bien que mal de la réconforter. Même si elle « n’avait pas les réponses ».

« On ne savait pas si ça allait être une COVID longue, explique-t-elle. Ou une COVID qui allait prendre une, deux semaines. Est-ce qu’il allait y avoir des conséquences à plus long terme ? […] Ce qu’on savait, c’est que ça prenait du repos. Un recul. De prendre le temps de guérir d’abord, et ensuite de réévaluer où on en est.

« Il fallait que Kim soit prête mentalement à se dire : “Je recommence à mettre mes gants de boxe.” Parce qu’il y avait comme une blessure mentale issue du fait que non, tu ne l’as pas eu, ton combat. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Kim Clavel

Larouche renchérit. Et donne l’exemple d’un autre de ses boxeurs qui a eu de la difficulté à combattre après avoir contracté la maladie.

« [Kim] était très, très inquiète, parce qu’on a eu Mathieu Germain ici qui a eu la COVID en décembre. Il avait de la misère à boxer au mois de mars ! Son combat a été très douloureux pour lui. Trois mois plus tard, il n’y avait rien de pareil. Et il n’avait pratiquement pas eu de symptômes. »

Tandis que Clavel a été « extrêmement hypothéquée physiquement ».

Plus prête que jamais

Après un « retour progressif », dixit Bouchard, la pugiliste originaire de Joliette a graduellement retrouvé ses sensations.

« À un moment donné, à force de persévérer, de bien manger, de m’entraîner, et avec la communication des entraîneurs, on a commencé à moins pousser la machine, expose Clavel. On a été plus constants. On a laissé le corps réagir par lui-même. »

Elle a même dépassé ses anciennes limites.

Je me suis mise à battre mes records. C’est là que j’ai vu que j’allais être encore mieux que la Kim d’avant. Parce que maintenant, j’ai passé des épreuves. Et parfois, des épreuves, ça nous rend plus forts.

Kim Clavel

« On a eu les résultats escomptés pendant les entraînements et les sparrings, souligne Bouchard. […] Kim a encore acquis des outils qui lui permettent de performer davantage. Encore plus que la dernière fois. »

La boxeuse assure elle-même que « la Kim qui va se présenter dans le ring le 29 juillet, ça va être la plus polyvalente que vous n’aurez jamais vue ».

« Peu importe ce que [Yesenia Gómez] va faire, on a les outils, garantit Clavel. […] On a tout fait dans le sparring. Les filles m’ont foncé dedans, elles se sont promenées, elles se sont planté les pieds, elles ont garroché des coups de poing. Tout, tout, tout.

« La boxe, c’est un sport de répétition. Plus tu répètes, plus ça devient naturel. Et là, ça fait six mois que je répète. Je peux dire que mes devoirs sont faits. L’examen devrait bien aller. »

Lisez « Je carbure à ces défis-là »