Caroline Veyre ne s’en cache pas : elle « avait besoin de sortir de l’environnement » de Boxe Canada.

La boxeuse de 31 ans, qui a connu une belle carrière de 15 ans chez les amateurs, portera ses tout premiers coups en boxe professionnelle, vendredi. Elle affrontera la Mexicaine Wendy Cruz Castro (0-2).

Parce qu’elle « avait besoin de vivre de nouveaux défis », oui. Mais aussi parce que ce qui s’est passé dans la fédération, « ça a eu un impact ».

Rappelons les faits, qui remontent à mai dernier. Une pluie de témoignages, à commencer par une lettre signée par plus de 120 personnes, reprochaient au directeur technique de Boxe Canada Daniel Trépanier d’avoir notamment fait régner un « climat toxique » dans la fédération.

Dans la tourmente, il avait ensuite remis sa démission.

Veyre a remporté l’or aux Jeux panaméricains de 2015. Elle a fait partie de l’équipe canadienne aux Jeux olympiques de Tokyo. Comment a-t-elle vécu cette période trouble au sein de l’organisme qui chapeautait son parcours depuis tant d’années ?

« Je n’apprenais rien, a-t-elle expliqué aux médias rassemblés au Casino de Montréal pour la conférence de presse précédant le gala du 29 juillet. J’étais au courant de tout ça. J’ai voulu rester dans le silence, mais ça a été difficile par la suite. »

Veyre parle aussi de « soulagement ». « Ça me faisait du bien de sortir de cet environnement-là. »

« Extrêmement disciplinée »

Sa décision de faire le saut chez les pros en a surpris plus d’un. À commencer par Yvon Michel.

« À ce moment-là, on se disait que Caroline était une candidate potentielle pour une médaille à Paris » en 2024, lance-t-il.

Le promoteur dit être parvenu assez facilement à une entente avec la pugiliste. Il raconte.

« Je reçois un message texte. Caroline Veyre veut me rencontrer. Sincèrement, parce que je suis au conseil d’administration de Boxe Canada, je ne faisais pas de sollicitation. […] Elle est venue au bureau. La première question que je lui ai posée, c’est : “Pourquoi tu viens me rencontrer ?” Elle me dit : “Je veux boxer pour GYM.” Ça m’a tellement rendu fier. Ça n’a pas été très difficile. »

Le seul critère de Michel, c’était qu’elle soit bien encadrée. Après quelques visites dans différents gymnases, elle affirme que le meilleur endroit pour elle était avec Danielle Bouchard et Stéphan Larouche.

« Évidemment, j’étais très heureux de ça, se rappelle le promoteur. Elle est revenue me voir. Je lui ai proposé un contrat et on s’est entendus. »

Veyre parle justement d’une « équipe incroyable ».

Je sens que j’ai progressé en trois mois. J’ai appris énormément. Je sens que je vais réussir avec eux.

Caroline Veyre

Larouche note que sa nouvelle athlète est « extrêmement disciplinée ».

« Elle veut avoir un nouveau départ, illustre l’entraîneur. Elle fait un trait sur son passé. On apprend à se connaître. Moi, j’avais décrit ses combats à la télévision dans différents Jeux olympiques. Mais je ne lui avais jamais adressé la parole avant. »

« Briser la glace »

Veyre estime qu’elle « avait fait le tour, quand même, chez les amateurs ».

« J’ai vécu deux cycles olympiques qui m’ont permis de voyager, de rencontrer de grands athlètes, plein de styles. Là, je me sens prête pour mes débuts professionnels. »

Déjà, elle vit du nouveau avec l’exercice des conférences de presse et des pesées la semaine précédant le combat. Un contexte bien différent des tournois en boxe amateur.

« Je trouve ça plus le fun. Les tournois, je devais être prête pour chaque combat. Le lendemain, je devais être prête mentalement. »

PHOTO STEPHEN HOSIER, FOURNIE PAR LE COMITÉ OLYMPIQUE CANADIEN

Caroline Veyre aux Jeux olympiques de Tokyo

Larouche prévient que « c’est difficile, les débuts professionnels, surtout quand tu as eu une grosse carrière amateur ».

« Recevoir ton premier coup de poing pas de casque… Les gants sont plus petits… C’est une sensation complètement différente. Mais elle a tellement d’expérience amateur qu’elle va faire les ajustements en cours de route. »

Michel parle de « briser la glace » lors de cet affrontement de quatre rounds.

« Je ne vous cache pas que c’est probablement la moins bonne des adversaires qu’elle a eues dans les dernières années lorsqu’elle était en qualification olympique, ou aux Jeux olympiques.

« Mais on va y aller rapidement avec elle par après. »