(Québec) « Ce n’est pas un monstre invincible comme les gens le pensent. Il a des failles. »

Ces mots sont ceux de Callum Smith (29-1, 21 K.-O.). Le boxeur britannique va affronter le 19 août prochain au Centre Vidéotron le Québécois d’adoption Artur Beterbiev, triple champion du monde des mi-lourds, invaincu et pathologiquement incapable de se rendre à la fin d’un combat pour la simple et bonne raison qu’il a mis chacun de ses 19 adversaires K.-O.

Dire que Beterbiev (19-0, 19 K.-O.) est craint, c’est peu dire. « Même s’il a toujours gagné, il n’est pas invincible, comme certains le croient », a répété Smith.

Le ton posé, la carrure sèche, l’athlète de 6 pi 3 po était de passage à Québec jeudi pour la promotion de ce gala qui promet d’être le plus important de la boxe québécoise depuis de nombreuses années. Beterbiev, triple champion du monde des mi-lourds, va mettre en jeu ses ceintures WBC, WBO et IBF.

PHOTO ERICK LABBÉ, LE SOLEIL

Artur Beterbiev et Callum Smith ont procédé à leur premier face à face, jeudi, au Centre Vidéotron.

Callum Smith a promis un bon combat « entre les deux meilleurs cogneurs de la division ». « Its a grrrrreat fight », a lancé le boxeur de Liverpool avec son accent scouse.

Déjà les billets s’envolent, s’est réjoui le promoteur Camille Estephan. Le patron d’Eye of the Tiger avait annoncé une configuration à 5000 places dans l’amphithéâtre des Remparts. Jeudi à midi, 4968 billets étaient vendus.

« Je ne m’attendais pas à cette réponse du public. Vraiment, je m’attendais à 5000 ou 6000 billets », a-t-il dit.

On est déjà à 5000. Là, on peut espérer aller chercher un 8000 ou un 10 000. C’est très, très important, parce qu’on pourra ramener d’autres évènements comme ça.

Camille Estephan, patron d’Eye of the Tiger

Ces chiffres rappellent les belles années récentes de la boxe québécoise. Rappelons que Jean Pascal et Bernard Hopkins avaient attiré plus de 16 000 amateurs au vieux Colisée en décembre 2010. Ils étaient 9500 à s’être déplacés au Centre Vidéotron pour voir Lucian Bute contre James DeGale en novembre 2015, et 7800 en février 2017 pour Lucian Bute contre Eleider Álvarez.

« Un combat 50-50 »

Artur Beterbiev revient tout juste du Caucase, de l’Elbrouz plus précisément. C’est sur cette montagne de 5643 mètres, la plus haute d’Europe, que le Russe a l’habitude de tenir ses camps d’entraînement.

PHOTO ERICK LABBÉ, LE SOLEIL

Artur Beterbiev

« Bon adversaire, c’est bon boulot pour nous et je veux faire ce travail le 19 août », a lancé Beterbiev dans un anglais saccadé mais efficace.

Son entraîneur, Marc Ramsay, a avancé que Smith représentait son plus dur adversaire en carrière. Beterbiev n’en était pas certain.

« On va voir. On a regardé des vidéos. Mais on ne sait pas quel plan il aura, a dit Beterbiev. On devra préparer trois stratégies différentes. On doit être prêts à tout. »

Le cutman Russ Anber travaille dans le coin des deux boxeurs depuis des années. Déchiré, il a choisi de se tenir loin du ring le 19 août par « respect » pour les deux hommes qu’il considère presque comme des amis.

« Je suis presque plus content d’être à la télé que dans un vestiaire, parce que c’est un combat très dangereux pour les deux, », dit-il.

C’est un combat 50-50. Personne ne peut faire une prédiction et en être sûr. Tu peux essayer de deviner, mais…

Russ Anber

« Marc Ramsay a dit que ce serait leur plus difficile adversaire, ajoute-t-il. Il a raison. Ça ne veut pas dire que le combat ne peut pas se terminer tôt. Oui, ça se peut. Mais ça reste le plus dangereux. »

Selon Russ Anber, l’aspirant obligatoire anglais « a les atouts et la confiance ». « Il n’y a pas beaucoup de gars qui crient le nom d’Artur Beterbiev. Mais lui l’a fait, rappelle-t-il. Il accepte ce combat pour beaucoup moins d’argent que ce qu’il aurait dû avoir. Donc il est confiant dans ses moyens. »

À 33 ans, Callum Smith est de cinq ans le cadet de Beterbiev. Mais l’Anglais a choisi de monter de catégorie après son unique défaite, subie aux mains de Canelo Álvarez à 168 lb. Le combat du 19 août sera son troisième à 175 lb. Des questions restent donc en suspens.

Fait inusité : le frère de Smith, Paul, s’est battu en 2002 en finale des Jeux du Commonwealth contre… Jean Pascal. Le Québécois de Laval a remporté la médaille d’or.

Le maire de Québec s’était déplacé jeudi pour faire mousser l’évènement. Bruno Marchand se réjouit de la vitrine d’exception qu’offrira ce gala diffusé sur les ondes d’ESPN.

« Il y a du monde encore en Angleterre qui ne comprend pas comment ils ont perdu ce combat-là ! »