La Torontoise Trish Stratus sera de passage au Comiccon de Montréal du 14 au 16 juillet, pour des séances payantes d’autographes et une séance de questions-réponses. À une semaine de l’évènement, La Presse s’entretient avec cette pionnière de la lutte à la WWE.

La veille de son entretien avec La Presse, le nom de Trish Stratus était viral sur les réseaux sociaux. La cause : un égoportrait qu’elle a publié. Ce que la photo a de spécial : on retrouve à peu près toutes les couleurs du spectre sur le nez de Stratus.

La légende sous la photo : voici le visage de la division féminine.

Et ce qui a causé cette ecchymose ? « Becky et l’échelle. »

« Becky », c’est Becky Lynch, un des piliers de la lutte féminine de la WWE, qui luttait avec Stratus samedi dernier, à l’évènement Money in the Bank, à Londres. Et l’échelle ? C’est que le combat en question était un match d’échelle, mettant en vedette six lutteuses.

Voyez les faits saillants du combat

« Mais ça fait partie du métier, c’est correct ! », assure-t-elle.

Aussi étrange que cela puisse paraître, Stratus était en partie heureuse d’avoir subi cet « accident ». La femme de 47 ans est arrivée à la WWE au tournant du millénaire, au moment où l’entreprise produisait ses histoires les plus irrévérencieuses.

« La lutte féminine, il fallait quasiment enlever le mot “ lutte ” de l’expression, illustre Pat Laprade, historien de la lutte. C’était plus le physique et le look des femmes que leurs capacités athlétiques. Trish arrive et on exploite ses attributs physiques. Dans un scénario, Vince McMahon avait demandé à Trish de se mettre à genoux et de japper. Ce n’était pas très glorieux, et Trish a énormément travaillé pour donner une crédibilité à celles qui avaient des capacités athlétiques. »

Du progrès depuis 2000

La division féminine a tout de même connu un certain progrès dans les années 2000, grâce notamment à Stratus, à Lita et à une poignée de lutteuses. Mais Stratus s’est éloignée de la lutte en 2006, et a fait quelques retours sporadiques depuis, le temps de quelques combats.

Dans l’intervalle, la WWE s’est mise à donner de l’amour à sa division féminine, au point où des combats plus spectaculaires comme ceux impliquant une échelle sont de plus en plus fréquents. Selon le site spécialisé Cagematch, il s’agissait du 18combat féminin d’échelle de la WWE. Mais du premier de Trish Stratus !

Les gens n’en revenaient pas que c’était mon premier. Dans le temps, les femmes n’avaient pas le droit d’avoir de match d’échelle. On ne pouvait pas non plus faire de cascade sur la table des commentateurs, c’était pour les gars.

Trish Stratus

« On se le faisait dire. Par exemple, on voulait planifier un coup de chaise, et on se faisait dire : “ Non, non, non, c’est pour les gars, ça. ” Aujourd’hui, c’est nettement plus égalitaire, on peut explorer. Les gens ne réalisent pas à quel point c’était difficile dans le temps. Même les noms ont changé. À l’époque, les femmes étaient les divas, et les gars, les superstars. Maintenant, on est tous des superstars. »

La récente évolution de la lutte féminine n’est pas non plus tombée du ciel. La WWE forme désormais ses lutteuses, comme ses lutteurs, à son centre d’entraînement en Floride. Là aussi, la présente génération de lutteuses a droit à une chance que Stratus n’a pas eue, elle qui avait d’abord débarqué à la WWE en tant que grande fan de lutte, mais sans grande expérience entre les câbles.

« Le centre de performance est crucial, les filles en ressortent prêtes, estime-t-elle. Moi, j’ai appris sur le tas, je n’avais jamais lutté devant public, et là, je devais le faire en direct à la télévision. Ça n’a pas toujours été très beau ! »

J’imagine que c’est pour ça que les fans restent derrière moi, ils ont vu mon parcours, l’évolution de mes habiletés. Je pense avoir une des bonnes histoires de négligée !

Trish Stratus

« Aujourd’hui, la plus grande différence, c’est qu’on favorise l’athlétisme par rapport au look, ajoute Pat Laprade. Et on leur permet d’avoir les mêmes occasions dans le ring. Maintenant, il y a un Royal Rumble féminin, elles font des finales à WrestleMania et elles ont droit à de bonnes minutes pour leurs combats. Trish a dû se battre pour ça, mais pour la génération d’aujourd’hui, c’est un acquis. »

Souvenirs de Montréal

Stratus en sera à sa deuxième présence au Comiccon de Montréal. Elle a aussi participé à quelques spectacles de la WWE au Centre Bell. Son meilleur souvenir en ville ? Un soir de mai 2004, au moment où elle venait de passer dans le camp des vilains.

« Dans les coulisses, je m’étais fait dire : “ On est au Canada, les gens vont t’applaudir. ” Donc j’ai opté pour la facilité, j’ai fait des blagues de grenouilles et au sujet du français. Ça a fonctionné, la foule m’a huée ! »

Les amateurs qui la rencontreront pourront assurément jaser hockey avec elle. Ses neveux, les jumeaux Paul et Alex Christopoulos, ont joué les trois dernières saisons dans l’OHL. Et elle est une partisane assumée des Maple Leafs. « Mats Sundin était mon joueur préféré quand j’étais plus jeune, c’était notre capitaine pendant une belle période. Et je ne sais pas si c’est la combattante en moi, mais j’ai toujours aimé Tie Domi. »

Stratus pourra aussi surprendre les amateurs avec quelques mots de français, qu’elle laisse d’ailleurs tomber ici et là pendant l’entrevue. On retrouve actuellement trois Québécois à la WWE, soit Kevin Owens, Sami Zayn et Maryse Ouellet. « Kevin dit toujours à la blague que mon accent est moins pire que celui de Sami ! »