L’entraîneur de Mary Spencer lui avait promis de lui « faire vivre l’enfer » pendant son camp d’entraînement. Samuel Décarie-Drolet illustrait son plan ainsi : « Le soir du combat, quand Femke va essayer de t’amener en enfer, tu vas te sentir comme à la maison. Tu vas t’asseoir dans ton salon, tu vas lui offrir une tasse de thé, et si elle veut que tu danses, eh bien, tu vas mener la danse. »

Décarie-Drolet s’est assuré d’amener sa boxeuse « dans des situations où c’était vraiment difficile, pénible », a-t-il expliqué, mardi midi. Son intervention devant les médias avait lieu quelques minutes après la pesée des pugilistes prenant part au gala Le moment de vérité, présenté mercredi soir au Cabaret du Casino de Montréal.

« Des fois, elle terminait l’entraînement couchée à terre, elle ne voulait plus bouger, a-t-il poursuivi. Elle n’avait jamais vécu quelque chose comme ça. C’est arrivé que Mary avait des larmes qui coulaient. Parce qu’elle avait mal, mais elle ne voulait pas arrêter. On s’est assurés de faire tout ce qu’on pouvait. »

C’est que Mary Spencer (7-1-0, 5 K.-O.) se devait de hausser son jeu de quelques crans. Il s’agira d’un combat revanche contre la Belge Femke Hermans (16-4-0, 7 K.-O.), mercredi. Celle-ci l’avait surprise en l’emportant en décembre 2022, à Shawinigan, lui infligeant sa seule défaite en carrière. Hermans avait alors décroché le titre mondial IBO des 154 lb.

Cette semaine, la ceinture vacante de l’IBF sera aussi à l’enjeu. Cet affrontement en championnat du monde est majeur et sera déterminant pour la carrière professionnelle de Spencer, âgée de 38 ans.

« J’ai déjà des papillons, admet le promoteur d’Eye Of The Tiger Management (EOTTM), Camille Estephan. Je suis nerveux. On n’a pas de champion ou de championne québécoise présentement. Il y a beaucoup de poids sur les épaules de Mary d’aller chercher ces deux ceintures-là. »

Estephan parle d’un « camp d’entraînement de très, très haut niveau », et « espère un K.-O. » de la part de Spencer, reconnue pour sa force de frappe.

La Canadienne a fait osciller l’aiguille à 153,4 lb. Hermans, à 152,9 lb.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Mary Spencer a fait osciller l’aiguille à 153,4 livres lors de la pesée officielle, mardi.

« Rien n’est laissé au hasard »

Native de Wiarton, dans la péninsule de Bruce, en Ontario, Mary Spencer réside aujourd’hui à Montréal. En vue de ce combat, elle a pris la décision de changer d’entraîneur et de poser ses pénates dans le gymnase de Marc Ramsay.

« C’est elle qui avait vu certaines lacunes dans son camp d’entraînement [précédent] », révèle Estephan.

« Ce n’était pas seulement une question de coaching, explique le promoteur. C’était l’environnement, c’était le sérieux, avec tous les athlètes qui sont dans ce gym-là. Et aussi, le facteur Marc Ramsay. »

L’entraîneur émérite a-t-il effectivement vu une différence depuis son arrivée permanente dans son giron ?

« C’est dur à dire pour moi, puisque je n’étais pas présent dans l’ancien gymnase. S’il y a quelque chose qui est sûr, c’est que j’ai vu ce que Sam Décarie a fait avec elle tous les jours. Ils ont fait un camp d’entraînement très serré. J’ai même libéré Sam un peu plus […] pour qu’il puisse être en mesure de se concentrer sur ce combat-là. »

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Marc Ramsay

Décarie-Drolet l’avoue lui-même : en préparation d’un combat de boxe, il a des « tocs ».

« Rien n’est laissé au hasard, indique-t-il. Tout est calculé, tout est préparé. On est capables de s’adapter. C’est une préparation qui doit être souple et flexible, mais tout est fait dans le but d’optimiser les performances de l’athlète. »

L’entraîneur remercie ses prédécesseurs qui ont marqué le parcours de Mary Spencer avant son arrivée.

« C’est une vraie professionnelle, dit-il. Quand je lui ai demandé quelque chose, elle le faisait, sans jamais hésiter. »

Marc Ramsay compare un camp d’entraînement de boxe à une période d’études avant un examen.

« Vous avez tous fait des études, lance-t-il aux journalistes rassemblés. Tu sais, quand tu avais fait ce que tu avais à faire pour bien étudier, tu étais confiant de passer l’examen. Quand tu en as fait, mais que tu n’es pas sûr, t’es nerveux sur ta chaise d’école. C’est un peu le même principe en boxe. »

Alors, Mary Spencer, elle a bien étudié ?

« Une fille talentueuse comme Mary Spencer pourrait gagner dans pas mal n’importe quelle circonstance, estime Décarie-Drolet. On s’est assurés de mettre toutes les petites choses, les petits ingrédients qu’on pouvait ajouter. C’est ce qui fait en sorte qu’elle a eu un entraînement sans faille. Elle va être prête pour mercredi. »