Mary Spencer a perdu son pari. Elle s’est inclinée par décision partagée devant la Belge Femke Hermans, qui est repartie avec les titres de championne du monde IBF et IBO des super-mi-moyens.

La décision aurait pu aller des deux côtés. Spencer avait très bien entamé le combat. Hermans a trouvé son erre d’aller à partir du quatrième round. La rixe a été partagée du début à la fin, même si Hermans a semblé plus constante. Les juges ont remis des cartes de 95-95, 96-94 et 97-93, mercredi soir, en finale de ce gala qui s'est tenu au Cabaret du casino de Montréal.

« Pour être honnête, je me sens déprimée, a lancé une Spencer souriante malgré tout devant les journalistes. Mais en même temps, je suis reconnaissante d’avoir eu cette chance. »

Aucune des deux boxeuses n’a réellement ébranlé son adversaire. Hermans a résisté aux puissants assauts de Spencer sans broncher. Mais elle a riposté avec des frappes plus nombreuses. C’est là que le combat s’est joué, selon son entraîneur Samuel Décarie-Drolet.

Les coups d’impact, c’est Mary qui les donnait. On s’est fait battre sur un volume de coups.

Samuel Décarie-Drolet, entraîneur de Mary Spencer

Le promoteur d’Eye of the Tiger Management (EOTTM), Camille Estephan, a été étonné de voir sa protégée si « hésitante ».

« Ce n’est pas sa nature, estime Estephan. Je suis surpris de voir ça, pour être franc. Je pense que le fait qu’elle n’a pas boxé pendant neuf mois a peut-être quelque chose à voir là-dedans. Le fait qu’elle n’a pas eu de combat entre la défaite et le combat revanche. »

Il l’a vue « reculer » chaque fois qu’elle donnait un bon coup. « Elle n’a pas pris avantage des occasions qu’elle s’est créées. J’ai vu une hésitation claire. »

Mais « pas d’excuse », dit-il, même s’il mentionne être « déçu ». « Femke a fait le travail. Elle est très sérieuse. Elle a une bonne équipe. On a perdu le combat. »

Femke Hermans remporte donc une deuxième victoire en autant d’affrontements contre Spencer. Et elle a vu la différence entre la Canadienne qu’elle a battue en décembre 2022 et celle qu’elle a vaincue mercredi soir.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Femke Hermans

« Elle a beaucoup amélioré ses mouvements, a souligné la Belge, les deux ceintures sur ses épaules. Mais je savais que la deuxième fois n’allait pas être comme la première. Elle a changé d’entraîneur, elle a fait son travail. Avec son âge, elle était obligée de gagner. »

Spencer a 38 ans et vient de subir deux défaites consécutives. Quelle est la suite pour elle ?

La principale intéressée estime qu’elle a encore du plaisir à se rendre au gym. Et surtout, qu’elle n’a pas été déclassée contre Hermans.

« On va s’asseoir en équipe, répond quant à lui Estephan. On va voir ce qu’on fait pour aller de l’avant. Mais ce n’était pas assez. Je m’attendais à beaucoup mieux, pour être franc. On va analyser pourquoi. »

Un crochet salvateur pour Bazinyan

« Cette shot-là, c’est ma shot préférée. » Et Erik Bazinyan s’en est servi à bon escient. Son crochet droit a eu raison d’un Ronald Ellis coriace, mercredi, envoyant l’Américain au tapis lors du 6round. Bazinyan a ainsi conservé ses titres NABA et NABF des super-mi-moyens.

Son K.-O., il en avait bien besoin. Parce qu’Ellis (18-4-2, 12 K.-O.) commençait à prendre de la puissance dans ce combat. Et peut-être même l’ascendant. Mais peu importe. Cette victoire, obtenue de façon spectaculaire, a permis au Lavallois d’origine arménienne de passer un message aux concurrents de sa division, en l’occurrence David Benavidez et Canelo Alvarez.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Erik Bazinyan et Ronald Ellis

« C’est ce que je voulais vraiment voir, a commenté Camille Estephan. Il a sorti un lapin de son chapeau. Et c’était un bon timing ! Parfois, la magie, c’est bon. »

Bazinyan (31-0, 22 K.-O.) a estimé que son dernier combat « ne s’était pas très bien passé », malgré sa victoire en juin dernier. « Je voulais faire un bon combat, un bon K.-O., pour que tout le monde voie ce qu’Erik Bazinyan peut faire. »

Estephan parle d’une « déclaration » de la part de son poulain.

« Il a démontré qu’il fait partie de l’élite. »

Victoire pour Leïla Beaudoin

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, LA PRESSE CANADIENNE

Estrella Valverde et Leïla Beaudoin

Leïla Beaudoin « aurait aimé » mettre son adversaire K.-O., mais elle a dû se contenter d’une victoire convaincante en huit rounds. La boxeuse du Témiscouata (9-1, 1 K.-O.) l’a emporté par décision unanime face à la Mexicaine Estrella Valverde (19-12-2, 4 K.-O.).

« J’ai l’habitude de commencer comme une lionne et de m’éteindre un petit peu à la fin, a-t-elle expliqué. Mais là, j’ai fait totalement l’inverse. […] C’est une boxeuse expérimentée, et les Mexicaines sont connues pour être des toughs. J’en ai déjà vargé en tabarouette, et elles ne tombaient pas ! »

Juste après la victoire de Beaudoin, le Montréalais Christopher Guerreiro (9-0, 5 K.-O.) a très bien paru dans sa victoire par K.-O. face au Mexicain Jose Lopez (30-9-2, 16 K.-O.). Guerreiro a été fougueux et puissant, envoyant son adversaire au tapis au quatrième round. Exactement comme il l’avait prédit.

« J’avais écrit ça !, lance-t-il en entrevue.

– Tu veux dire que tu avais littéralement écrit, sur papier, que tu allais gagner par K.-O. ?

– Oui, j’ai écrit que ça allait finir au 4round, dit-il en souriant. J’ai un plan pour tous mes combats. »