On savait le boxeur canadien Steve Claggett déterminé. Mais peut-être pas à ce point.

Le pugiliste d’Eye of the Tiger Management (EOTTM) venait de remporter sa huitième victoire consécutive avec sa nouvelle écurie, mardi soir au Casino de Montréal, lorsque les larmes lui sont montées aux yeux devant les journalistes.

« Il y a toujours des hauts et des bas, mais c’est mon rêve », a expliqué le boxeur, la voix tremblante et le visage tuméfié après une rixe intense et spectaculaire face au Mexicain Miguel Madueno. Il venait d’unifier le titre NABF des super-légers et l’international de la WBO des super-légers par décision unanime.

Sa performance a été impressionnante, et elle pourrait lui ouvrir les portes des grands réseaux américains, selon son promoteur Camille Estephan.

« Je ne m’arrêterai pas tant que je ne serai pas [au sommet], a continué le charismatique Claggett. Je suis juste content d’être ici, de tout donner lors de mes combats, de travailler le plus fort possible. C’est pour ça que je suis émotif présentement. Je consacre ma vie à la boxe. C’est vraiment important pour moi. »

Estephan le regarde avec admiration lorsqu’il se joint au point de presse. Il compare le combattant de 34 ans, un autodidacte de Calgary, à un « samouraï », voué corps et âme au perfectionnement de son art.

« Il investit son temps à lire [sur la boxe], à apprendre la philosophie, l’art de la guerre. La façon dont il mange. La façon dont il respire. Il fait de la méditation. »

Vous aurez compris qu’EOTTM croit énormément en Steve Claggett.

« Honnêtement, c’est un autre potentiel combat de l’année, a observé Estephan. C’était tout un spectacle. C’est un boxeur avec des aptitudes qu’il n’a même pas démontrées encore. […] Il a de la finesse dans sa boxe, dans son jeu de pieds. Il a beaucoup de potentiel pour qu’on aille lui chercher un combat de championnat du monde. »

Mardi soir, Claggett (37-7-2, 25 K.-O.) a dominé son adversaire du début à la fin. Il l’a roué de coups précis, dévastateurs et surtout nombreux. Mais le pugnace Madueno (30-2, 28 K.-O.) a tout enduré sans flancher. Ce combat entre deux spécialistes du K.-O. est allé à la limite des 10 rounds, malgré l’histoire que racontent leurs fiches respectives.

« Je savais qu’il avait faim, a lancé le Canadien. On ne peut sous-estimer un combattant avec un tel ratio de K.-O. »

« Je suis content de ma performance, mais je n’ai pas fini de grandir encore », a-t-il ajouté.

« Avec mon équipe et Eye of the Tiger derrière moi, il n’y a pas de limite [the sky is the limit]. Vous n’avez pas encore vu le meilleur de ce que je peux offrir. »

Butler gagne une bataille de ruelle

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Steven Butler et Ivan Alvarez

Du suspense. Des péripéties. Des hauts, des bas, des frappes spectaculaires et des coups salauds. On a eu tout ça et même plus dans le combat de ruelle que se sont livré le Montréalais Steven Butler et le Mexicain Ivan Alvarez, mardi soir.

Butler l’a emporté par K.-O. technique au neuvième round de ce combat de demi-finale. Alvarez était en grande difficulté à ce moment. Butler (33-4-1, 27 K.-O.) venait de lui asséner un barrage de coups, de l’envoyer au tapis non pas une, mais deux fois, lorsque l’officiel Yvon Goulet a arrêté le combat. Un peu tardivement, par ailleurs.

Mais jusque-là, cette rixe aurait pu aller des deux côtés. Malgré sa fiche peu reluisante, le Mexicain (32-15-4, 21 K.-O.) a offert toute une opposition à l’ancien prétendant aux titres mondiaux WBA et WBO des poids moyens. Butler avait bien mené son premier round, mais il a semblé baisser sa garde à partir du deuxième. Alvarez a dangereusement touché la cible à plusieurs reprises. Cet échange de coups féroces de part et d’autre s’est poursuivi jusqu’à la fin.

« Il est bon, a admis Butler après sa victoire. Il m’a eu un peu émotionnellement. Il m’a lancé beaucoup de coups derrière la tête, et je me suis laissé avoir. […] J’ai commencé à baisser mes mains et essayé de le narguer un peu. Je ne suis pas fier de ça, mais je vais apprendre de ce combat-là. »

Camille Estephan dit vouloir « vivre ou mourir » avec ce trait de personnalité du boxeur qu’est Butler.

« Si c’est ta nature, c’est ta nature. »

Ces « émotions » ont atteint leur paroxysme au quatrième round. Ça se battait aux limites des règles. Quelques coups ont même été lancés entre les sons de la cloche. Au cinquième, après avoir placé un jab au corps d’Alvarez particulièrement satisfaisant, Butler a lancé un très audible « Wouh ! » sur le ring. C’était pour le « spectacle », a-t-il dit.

« [Je voulais] lui montrer qu’on est là, let’s go, on est en train de se battre, c’est pour le show un petit peu. Les fans ont apprécié. »

Estephan s’est dit heureux de revoir le boxeur « très instinctif » qui était la marque de Butler « à ses débuts ». Il en attribue le mérite à son nouvel entraîneur John Scully, qui l’a « vraiment bien préparé ».

« Il était en super shape, a souligné le promoteur. C’était un dur combat. Auparavant, on voyait Steven manquer d’énergie. [Mardi], il a gardé sa position jusqu’à la fin. Le coach Scully a fait un bon travail en le laissant exprimer son talent. »

C’était le premier combat du Montréalais depuis sa dure défaite en championnat du monde, en mai dernier. Cette victoire lui aura-t-elle donné la confiance nécessaire pour continuer ?

« Je suis de retour sur le droit chemin [back on track], a estimé Butler. On va avoir un bon combat à annoncer sous peu. »

Khataev confirme

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Imam Khataev et Fernando Galvan

Plus tôt dans la soirée, le nouveau joyau d’EOTTM, Imam Khataev (5-0, 5 K.-O.), n’a fait qu’une bouchée de son adversaire Fernando Galvan (8-9-1, 2 K.-O.). L’Australien l’a emporté par K.-O. technique au deuxième round. En fait, dès le début du combat, on a bien vu que chaque seconde qui passait ne faisait que repousser l’inévitable.

Khataev a montré ce pour quoi Camille Estephan fonde tant d’espoir en lui. Le combattant des mi-lourds a été entreprenant, maintenant la pression sur son adversaire sans arrêt. Un combat d’envergure l’attend le 13 janvier prochain.

En sous-carte, Wilkens Mathieu (5-0, 3 K.-O.), de Québec, a remporté un combat divertissant face au Polonais Grzegorz Mardyla (1-1-1, 0 K.-O.). Déjà parce que le détonnant pugiliste de Cracovie est arrivé sur le ring en espadrilles de kick-boxing et vêtu de longs bas blancs. Mais aussi parce que la rixe a été bien partagée du début à la fin. Mardyla a surpris autant par sa carrure que par sa détermination.

« Je savais que j’avais un adversaire solide, même s’il n’avait pas beaucoup de combats pros », a dit Mathieu après coup.

« Avec les rounds, je trouve que je ne me suis pas bien adapté, a-t-il convenu. J’ai essayé quelques trucs […], mais ça n’a pas vraiment marché. J’ai manqué un peu d’énergie à la fin, et c’est quelque chose sur quoi je vais devoir travailler. »

Quelques instants plus tard, le Montréalais Mehmet Unal (7-0, 5 K.-O.) l’a emporté devant le Mexicain Jaime Lopez (10-11, 4 K.-O.). Ce dernier a abandonné au deuxième round, blessé à l’épaule.

En lever de rideau, le Français Moreno Fendero (2-0, 1 K.-O.) a battu le Mexicain Cristian Lozano (2-3) par K.-O. technique en deux rounds.