Enfin, dira probablement le principal intéressé. Félix Auger-Aliassime a mis la main sur son premier titre en carrière sur le circuit de l’ATP, dimanche, en disposant de Stéfanos Tsitsipás en deux manches de 6-4 et 6-2 au tournoi de Rotterdam, aux Pays-Bas.

Le Québécois avait fort à faire pour avoir le dessus sur le Grec. D’une part, parce que Tsitsipás pointe au quatrième rang mondial. D’autre part, car Auger-Aliassime s’était incliné lors de leurs cinq derniers affrontements. Puis, parce que le joueur de 21 ans avait perdu les huit finales auxquelles il avait participé dans sa carrière. C’était sans compter qu’Auger-Aliassime semblait marcher sur l’eau à Rotterdam.

Je n’aurai plus à entendre que je n’ai jamais gagné de tournoi, c’est un très grand soulagement. On parle souvent de la pression extérieure, mais pour moi aussi, c’est quelque chose que je voulais réaliser depuis longtemps.

Félix Auger-Aliassime, en conférence de presse après le match

Auger-Aliassime a commencé le match avec aplomb en brisant son adversaire dès le premier jeu. Le Québécois a été fumant et efficace tout au long de la manche, offrant du tennis de très haute qualité. Il a fini par remporter la première manche au compte de 6-4 en gagnant 100 % de ses points au premier service. Avec notamment quatre as, contrairement à zéro pour Tsitsipás, et c’est cette facette du jeu qui a donné du rythme au Québécois.

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Félix Auger-Aliassime et Stéfanos Tsitsipás

La deuxième manche a commencé de manière identique à la première. Auger-Aliassime a brisé son opposant, qui n’a même pas été en mesure de faire un seul point. Même s’il était visiblement affecté par la tournure des évènements et en manque de solutions, Tsitsipás a tout de même résisté à deux balles de bris lors du troisième jeu de la manche. Auger-Aliassime s’est repris deux jeux plus tard en brisant le service du quatrième joueur mondial.

À 1-5, Tsitsipás était au pied du mur, mais il a bien servi, avec des balles neuves, pour retarder l’inévitable.

Néanmoins, Auger-Aliassime a profité de son excellente journée au service pour finalement gagner la manche 6-2. Il a réussi à remporter la finale en un peu plus d’une heure de jeu pour se procurer son premier titre en carrière.

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Félix Auger-Aliassime avait une bonne raison de sauter de joie à la fin du match.

Un joueur soulagé et fier

Il était devenu difficile de faire abstraction des huit défaites consécutives en finale inscrites au dossier de Félix Auger-Aliassime avant la rencontre de dimanche. Sans dire que c’était devenu trop lourd à porter, le nouveau champion a quand même senti qu’un poids s’envolait.

« C’est un grand soulagement, a-t-il reconnu. J’ai vécu de très beaux moments jusqu’à présent dans ma carrière, chaque victoire me procure un bon sentiment, mais celle-là m’enlève un poids important. »

Remporter ce premier titre était au sommet de sa liste de priorités en commençant la saison. Il est heureux d’avoir pu réaliser cet objectif dès son troisième tournoi de l’année. Cela dit, Félix Auger-Aliassime connaît un début de saison fracassant. En janvier, il a aidé le Canada à remporter le premier titre de son histoire à la Coupe de l’ATP.

Quelques jours plus tard, il s’est incliné en quarts de finale aux Internationaux d’Australie devant Daniil Medvedev, deuxième joueur mondial, dans un match d’anthologie qui aurait bien pu tourner en sa faveur.

Il est aussi grimpé au neuvième rang mondial, un sommet personnel.

Voilà que cette semaine, il triomphe à Rotterdam pour mettre fin à une vilaine séquence en finale. Pour y parvenir, il a battu Egor Gerasimov, le champion en Grand Chelem Andy Murray, Cameron Norrie (6), Andrey Rublev (2) et Tsitsipás (1). Il n’a contourné aucun défi en route vers le trophée.

Je n’ai plus de raison de sentir que je suis inférieur à qui que ce soit. C’est ça, mon but, par rapport à mes objectifs et vers où je veux aller, tout en gardant du respect et de l’humilité face à mes compétiteurs.

Félix Auger-Aliassime

Avec son début de saison, la possibilité qu’Auger-Aliassime remporte son premier titre devenait de plus en plus probable. Le Québécois ne s’en cache pas, il savait que ce jour viendrait avant longtemps : « Je ne savais pas combien d’occasions j’allais avoir, mais je prenais de plus en plus confiance en mes capacités. Je sentais depuis le début de l’année que je devenais un meilleur joueur. Dorénavant, j’arrive dans les tournois sachant que je peux gagner et que j’ai le niveau pour le faire. »

Une inspiration pour les jeunes d’ici

En devenant le premier athlète masculin du Québec à remporter un titre en simple sur le circuit de l’ATP, Auger-Aliassime a certainement inspiré de nombreux jeunes joueurs et joueuses de tennis.

Au cours des dernières années, il est devenu l’un des visages les plus importants du tennis au Québec et au Canada. Il est heureux de penser que sa performance de dimanche en finale a pu inspirer des jeunes à croire en leur rêve ou, tout simplement, à prendre une raquette de tennis pour la première fois.

« C’est l’une des plus belles parties de ce que je fais. Ce n’est pas tout le monde qui a la chance de faire un travail qui les passionne profondément. Je fais un métier magnifique, c’est ce que j’aime par-dessus tout et tant mieux si je peux inspirer d’autres personnes. Les plus jeunes comme les plus âgées.

« Il y a des jeunes, comme dans l’académie de mon père ou dans les autres à travers le Québec et le Canada, qui aimeraient réaliser leur rêve. J’aimerais leur dire que c’est possible et j’espère que cette victoire prouve aussi qu’il faut croire en nos rêves et qu’un jour, avec du travail, de la patience et de la résilience, on peut y arriver », a-t-il conclu avec un sourire qui n’a pas quitté son visage du début à la fin de la conférence de presse.