Le Canada compte cinq joueuses dans le top 50 mondial junior. « Je pense que c’est la première fois », réfléchit Sylvain Bruneau, entraîneur national en chef du programme féminin.

En 2012, Eugenie Bouchard, Françoise Abanda et Carol Zhao s’étaient toutes trois retrouvées dans les sommets. Mais cinq dans le top 50, il semble en effet que ce soit du jamais vu au pays. À tout le moins depuis 2004, l’année la plus lointaine archivée sur le site de l’International Tennis Federation (ITF).

En août dernier, Annabelle Xu, Victoria Mboko, Kayla Cross et Mia Kupres – les quatre espoirs qui s’entraînent de façon permanente au Centre national de tennis du parc Jarry – se situaient entre le 61e et le 106e échelon. Actuellement, Mboko, 15 ans, occupe le 11e rang – une seule des 10 premières est plus jeune qu’elle –, Cross, le 15e, la Québécoise Xu, le 30e, et Kupres, le 41e. Une ascension pour le moins rapide en quelques mois à peine.

« Tous les espoirs sont permis pour les quatre filles. Dans ce groupe, je serais très, très déçu s’il n’y en a pas quelques-unes qui prennent le chemin, par exemple, de Leylah [Fernandez] », admet Bruneau en rappelant l’importance des modèles que représentent les Canadiennes établies sur le circuit professionnel.

Marina Stakusic, 40e, complète le quintette féminin canadien dans le top 50 junior. Chez les garçons, le seul junior canadien membre du top 100 est le Québécois Jaden Weekes, 43e.

Meilleur classement junior en simple de quelques Canadiennes

  • Leylah Fernandez, 1re (septembre 2019)
  • Eugenie Bouchard, 2e (juillet 2012)
  • Aleksandra Wozniak, 3e (janvier 2005)
  • Bianca Andreescu, 3e (février 2016)
  • Françoise Abanda, 4e (avril 2013)
  • Gabriela Dabrowski, 5e (janvier 2010)

Le classement ne fait pas foi de tout chez les juniors, cela dit. Il doit être relativisé, notamment, en raison des choix de tournois déterminés par le personnel d’entraîneurs.

« Tu peux te concentrer chez les juniors, ce n’est pas nécessairement mauvais, et vraiment monter ton classement très haut », indique l’ex-coach de Bianca Andreescu.

Mais parfois, on décide plutôt de se tourner vers les tournois professionnels avant d’en arriver là. Une tangente que prennent en ce moment même Bruneau et son groupe avec leurs joueuses.

« On passe à autre chose », résume-t-il.

Virage vers les pros

Pour le reste de l’année, chez les juniors, Victoria Mboko, Kayla Cross, Annabelle Xu – dont la jeune sœur Naomi est 94e junior mondiale – et Mia Kupres se concentreront essentiellement sur les rendez-vous incontournables, dont les tournois de Grand Chelem.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Sylvain Bruneau, entraîneur national en chef du programme féminin

Donc, on n’oublie pas les juniors, je souhaiterais des résultats en Grand Chelem de leur part. Mais on fait un virage, on entame vraiment une lancée vers plus de tournois professionnels.

Sylvain Bruneau, entraîneur national en chef du programme féminin

Les quatre joueuses – deux en Turquie, deux en Tunisie – joueront donc bientôt quelques tournois ITF 15K, que l’on appelle les entry, le niveau professionnel le plus bas, mais qui attribue des points WTA.

« Pour prendre de l’expérience et entrer au classement. Je pense qu’elles sont rendues à cette étape », a analysé Sylvain Bruneau.

Elles ont déjà touché quelque peu à ce niveau, mais le personnel d’entraîneurs compte passer à 60, 70 % de tournois pros pour son quatuor élite.

Après la Turquie et la Tunisie, les joueuses jouiront d’une petite pause avant le segment central dont Roland-Garros constitue le coup d’envoi.

Puis il y aura l’Omnium Banque Nationale de Montréal, début août, suivi peu après des Championnats Banque Nationale de Granby, qui demeurent un Challenger chez les hommes, mais qui viennent d’acquérir le statut de tournoi de catégorie 250 sur le circuit WTA. Un bond majeur.

Comme il le fait toujours pour l’épreuve montréalaise, il est possible que Bruneau organise une préqualification en vue de Granby, « pour impliquer plus de joueuses », explique-t-il.

Pour l’instant, les quatre jeunes sont dans une période intensive de quatre semaines d’entraînement, revenues du Brésil la semaine dernière.

Annabelle Xu s’y est notamment inclinée à Criciúma en finale d’un tournoi sur terre battue de catégorie A, la plus relevée chez les juniors. La semaine précédente, à Porto Alegre, en catégorie 1, Victoria Mboko avait vaincu sa compatriote et amie Mia Kupres en finale.

Au chapitre des relations interpersonnelles, ce n’est pas toujours simple au tennis féminin, reconnaît Sylvain Bruneau. Mais, avec ces quatre jeunes, on parle vraiment d’un groupe uni, affirme-t-il.

« Je suis très fier de ça. Ce sont quatre super bonnes amies qui se poussent mutuellement. »

LISEZ « Sylvain Bruneau content, mais insatisfait », publié en août dernier

En bref

Des nouvelles d’Eugenie Bouchard

Eugenie Bouchard, qui n’a pas joué depuis un an, opérée à une épaule, est près d’un retour au jeu. Le week-end dernier, la Québécoise, qui a dégringolé au 1461e rang mondial en raison de sa longue inactivité, a affronté l’Américaine Sofia Kenin – 4e mondiale il y a deux ans, maintenant 130– lors d’un match hors-concours. Bouchard l’a emporté aisément 6-1 dans ce duel d’une manche. « Ça ne veut rien dire, mais elle va reprendre prochainement la compétition officielle », a fait savoir Sylvain Bruneau, entraîneur national en chef du programme féminin. Jeudi, Eugenie Bouchard s’est entraînée avec les jeunes espoirs du Centre national de tennis au parc Jarry. Bruneau avait déjà passé du temps sur le terrain avec elle durant le temps des Fêtes.

De bon augure pour Fernandez, selon Bruneau

Il est courant en sport professionnel que l’année suivant la grande éclosion soit plus difficile. « Tu fais ton breakthrough, ensuite il y a des attentes, résume Sylvain Bruneau. Lorsqu’elles jouaient contre Leylah l’an passé, la plupart des filles ressentaient probablement qu’elles devaient l’emporter. Maintenant, il y a moins de pression quand tu l’affrontes. » En ce sens, la victoire de Leylah Fernandez à Monterrey le week-end dernier, titre qu’elle avait également enlevé en 2021, est une bonne nouvelle, selon lui. « C’est très positif et révélateur de son état d’esprit », dit-il. La Québécoise occupe actuellement le 21e échelon mondial.