(New York) Plus de cinq heures d’un combat de titans, des renversements de situations à la pelle, un niveau de jeu stratosphérique et à la fin, c’est Carlos Alcaraz qui est venu à bout de Jannik Sinner, pour se qualifier en demi-finale des Internationaux des États-Unis

Le choc entre l’Espagnol de 19 ans (4e mondial) et l’Italien de 21 ans (13e), les deux plus brillants représentants de la « Next Gen », a plus que tenu ses promesses sur le Arthur Ashe dans la nuit de mercredi à jeudi, le premier s’imposant  6-3, 6-7 (7/9), 6-7 (0/7), 7-5, 6-3 au bout d’exactement 5 h 15 d’un extraordinaire bras de fer.  

Après le 8e de finale remporté à Wimbledon par Sinner, au terme d’un duel de haute volée, la revanche prise par Alcaraz, vient rétablir l’équilibre à 2-2 dans leur rivalité naissante, qui constitue la meilleure nouvelle qui soit pour le tennis, quand viendra l’heure de véritablement changer d’ère après les retraites de Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic.

PHOTO COREY SIPKIN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Carlos Alcaraz

Surtout elle offre au prodige espagnol, qui a dû sauver une balle de match dans le 4e set, une première qualification en demi-finale d’un Grand Chelem, là même où il s’était révélé l’an passé en atteignant les quarts, avant de confirmer son explosion cette saison avec quatre titres déjà en poche dont les Masters 1000 de Miami et de Madrid.

« J’ai cru en moi »

« Je ne sais pas comment j’ai fait, le niveau de jeu, le niveau du match était… », a confié Alcaraz qui n’avait plus de mots après une longue et respectueuse étreinte avec Sinner. Il était 2 h 50 du matin à Flushing Meadows où jamais dans l’histoire du tournoi, un match ne s’était terminé au-delà de 2 h 26.

Sur la balle de match à 5-4 pour Sinner dans l’avant-dernière manche, « j’ai cru en moi. Il y a toujours un espoir tant qu’on n’a pas perdu. J’ai cru en mon jeu », a-t-il ajouté.

« J’ai concédé de rudes défaites, mais celle-ci fait partie des plus difficiles. Elle va me faire mal pendant un certain temps », a soufflé après-coup Sinner.

Alcaraz affrontera vendredi l’Américain Frances Tiafoe (26e), euphorique depuis qu’il a barré la route de Nadal en 8e et intraitable ensuite face à Andrey Rublev, pour tenter de se hisser en finale et espérer devenir le plus jeune N.1 mondial de l’histoire lundi.  

« Frances est en grande confiance, ça sera vraiment dur. Mais je veux profiter de ce moment, de ma première qualification en demie », a commenté l’Espagnol, qui devra aussi penser à récupérer.

Car dans la nuit new-yorkaise, malgré la fatigue, la durée du combat et l’heure très avancée, les deux joueurs ont inlassablement continué de frapper, de courir, de remettre des balles qui paraissaient intouchables, de prendre le filet d’assaut, de distiller quelques coups bien touchés au milieu de salves de lourdes frappes…  

Ambiance folle et « high five »

Un récital qui a tenu en haleine le public dans un Arthur Ashe encore rempli de moitié, les spectateurs des gradins les plus élevés se précipitant au plus près du court, dans une ambiance folle. Au point que même Alcaraz s’est pris au jeu de « high five », ces tapes dans les mains comme on en voit lors de matchs de basket NBA entre joueurs et fans.   

Le phénomène de Murcie a dominé la première manche en prenant trois fois le service de Sinner qui n’a récupéré qu’un service de l’Espagnol. Il a ensuite manqué beaucoup d’occasions : 5 balles de sets ratées dans la 2e manche, puis il a servi pour le set dans la troisième à 6-5. Mais Sinner est revenu et a remporté facilement le tie break.

Guerrier intarissable comme son idole Rafael Nadal, dont il est appelé à devenir le digne successeur, Alcaraz a eu le mérite de ne jamais baisser les bras.  

Même breaké dans la manche décisive (3-2 pour Sinner), il est immédiatement revenu et a réussi à son tour à prendre deux fois le service adverse pour mener 5-3. Et d’un ace, il n’a cette fois pas laissé passer l’occasion de s’adjuger le deuxième match le plus long de l’histoire à Flushing Meadows, après le Edberg-Chang de 1992 qui avait duré 5 h 26.