(New York) La percée de Frances Tiafoe jusqu’aux demi-finales à Flushing Meadows témoigne d’abord de ce que lui-même a accompli.

Athlète de 24 ans du Maryland, il a commencé à jouer au tennis parce que son père était le concierge dans un centre d’entraînement junior.

Avant le tournoi en cours, Tiafoe n’avait jamais gagné un match au-delà du quatrième tour en Grand Chelem.

Il a obtenu un seul titre de l’ATP et ces deux dernières saisons, son classement a varié de 24e à 74e au monde.

« C’est une histoire digne de Cendrillon », pour reprendre les mots du principal intéressé.

Au quatrième tour, Tiafoe a battu Rafael Nadal, 22 fois champion lors de tournois majeurs.

Vendredi, il affrontera l’Espagnol Carlos Alcaraz, troisième tête de série, avec à l’enjeu une place en finale.

C’est un pas en avant significatif pour le tennis masculin américain ; ça pourrait aussi aider à mousser le tennis dans le futur.

Tiafoe est le premier Américain à atteindre les demi-finales à Flushing Meadows depuis Andy Roddick, il y a 16 ans.

Il pourrait donner au pays son premier champion masculin dans n’importe quel tournoi majeur depuis Roddick à New York, il y a 19 ans.

S’il peut vaincre Alcaraz — l’autre demi-finale oppose Casper Ruud à Karen Khachanov — Tiafoe deviendrait le premier Noir américain dans une finale de prestige depuis MaliVai Washington, finaliste à Wimbledon en 1996.

« Le tennis masculin américain est en difficulté depuis une vingtaine d’années, a déclaré Washington lors d’un entretien téléphonique, jeudi.

« Ça vient des (très hauts) standards qui ont été établis : des champions en Grand Chelem et des finales en Grand Chelem. »

La barre a été fixée par Pete Sampras, Andre Agassi, John McEnroe, Jimmy Connors et Arthur Ashe — le dernier Afro-américain en demi-finale new-yorkaise, en 1972. Mentionnons aussi Don Budge et Bill Tilden.

Du côté des femmes, grâce aux sœurs Williams et à d’autres joueuses championnes ou finalistes de grands tournois comme Sloane Stephens, Madison Keys, Sofia Kenin et Danielle Collins, le jeu est resté de haut niveau bien au-delà des Chris Evert et Billie Jean King.

« Absolument, ça aide notre tournoi d’avoir des champions masculins et féminins venant des États-Unis », a reconnu Stacey Allaster, qui dirige l’étape américaine du Grand chelem.

Alors que Serena Williams se préparait à se retirer, des athlètes tels que Tiafoe et Coco Gauff, qui n’a que 18 ans, ont parlé de l’influence qu’elle et sa sœur, Venus, ont eu dans leur carrière.

Gauff a dit jouer à ce qu’elle a décrit comme « un sport à prédominance blanche » parce qu’elle a « vu quelqu’un qui me ressemblait dominer. »

L’importance de la représentation ne peut pas être surestimée.

« Le parcours de Frances m’inspire moi, a dit Washington, qui propose des programmes parascolaires et estivaux via une fondation pour les jeunes, à Jacksonville.

« Et j’espère aussi que ça va inspirer les jeunes joueurs-pas seulement noirs, mais blancs, hispaniques, asiatiques.

« Certainement, ça va avoir un certain impact sur les jeunes Noirs. Et j’espère que ça leur fera se dire, » OK, je joue au tennis depuis plusieurs années. Voilà qui m’inspire à continuer ». Ou, » je n’ai jamais joué, mais ce que je vois maintenant m’inspire à essayer le tennis ». »

Martin Blackman, responsable du programme de développement de la USTA, pense que Tiafoe « résonne et est pertinent au niveau culturel. Il représente une énorme opportunité de rendre le tennis “plus cool”. »

Tiafoe lui-même croit qu’il peut montrer la voie aux autres.

« Il veut être un modèle, a déclaré son entraîneur, Wayne Ferreira. Je lui dis toujours, » si tu veux être un modèle, tu dois gagner des matchs de tennis.. S’il peut gagner ce tournoi, il peut être une source d’inspiration pour beaucoup de jeunes. »