Les athlètes tiennent parfois un discours galvaudé sur ce que signifie représenter son pays sur la scène internationale. Ce n’est pas le cas pour Bianca Andreescu. Pour elle, ce n’est pas seulement un honneur, c’est une manière de renvoyer l’ascenseur.

C’est la première fois en trois ans que la championne des Internationaux des États-Unis en 2019 s’alignera avec l’équipe canadienne pour la Coupe Billie Jean King. À l’enjeu, le titre de meilleur pays de tennis au monde.

Porter le rouge et défendre les couleurs de sa nation n’a rien de banal pour l’Ontarienne.

Jointe à Glasgow, en Écosse, seulement deux heures après avoir atterri, elle a avoué être toujours secouée par le décalage horaire. Elle avait toutefois les idées claires lorsqu’elle a expliqué pourquoi c’était un devoir pour elle de représenter le Canada.

« Le Canada nous a tellement offert, à ma famille et moi, au cours de notre vie. Mes parents ont immigré de la Roumanie pendant une période très difficile. Ils se sont refait une vie ici à partir de rien. »

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Bianca Andreescu

Le Canada nous a tout donné. Donc de faire partie de l’équipe, après ce que mes parents ont dû endurer, ça fait que le Canada mérite que je me batte pour lui.

Bianca Andreescu

En quittant leur terre natale au début des années 1990, Nicu et Maria Andreescu ont permis à leur fille de s’épanouir. D’atteindre les plus hauts sommets d’un sport qui était loin d’être aussi populaire qu’il ne l’est aujourd’hui lorsque Tennis Canada a pris la jeune joueuse rêveuse sous son aile.

« Il n’y a aucune autre fédération comme Tennis Canada et je ne suis pas la seule à le dire. Je l’ai dit et je vais le redire : sans son soutien, je ne pense pas que je serais où j’en suis aujourd’hui. »

Une équipe cinq étoiles

La formation que présentera le Canada à Glasgow est possiblement, sur papier, la meilleure de tout le tournoi : trois joueuses parmi les 100 meilleures au monde avec Leylah Fernandez (40e), Andreescu (46e) et Rebecca Marino (67e), l’une des meilleures joueuses de double de la planète en Gabriela Dabrowski (6e), ainsi que la jeune Carol Zhao (169e).

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Leylah Fernandez

« Cette équipe est vachement exceptionnelle », s’est exclamé Andreescu lorsqu’il a été question de la qualité de la troupe canadienne.

Elle parle même d’une équipe « qui peut gagner le tournoi ». Elle estime cependant que ses coéquipières et elle devront se méfier de la Suisse, de la République tchèque et des États-Unis, qui sont aussi des équipes dangereuses. « Sur ce circuit, il n’y a pas de matchs faciles, résumons-le ainsi ! »

Une année qui fait du bien

À pareille date l’année dernière, Andreescu était à l’arrêt depuis un mois. Elle est revenue au jeu seulement cinq mois plus tard.

Son retour s’est bien passé, même mieux qu’espéré, et elle a renoué avec le sport qu’il l’a fait connaître de la meilleure des façons. Elle affirme être présentement plus heureuse que jamais sur le terrain et à l’extérieur. Selon elle, il n’y a aucune comparaison possible entre la version 2021 et 2022 d’elle-même.

Il peut se passer tellement de choses en une année et je pense que les gens sous-estiment tout le bien que le temps peut faire.

Bianca Andreescu

Marino veut poursuivre sur sa lancée

Une autre qui a déjà profité d’une pause salvatrice par le passé est Rebecca Marino. La Britanno-Colombienne de 31 ans est revenue au sommet de son art cette saison. Elle a fait un bond de 77 places au classement mondial depuis janvier. Elle a d’ailleurs battu sa compatriote Leylah Fernandez en deux manches en quarts de finale du tournoi de Tampico il y a deux semaines.

« On s’est excusé l’une à l’autre après le match. C’était très amical comme rencontre. J’espère qu’on pourra s’affronter encore, parce que je la respecte énormément », a raconté Marino à la sortie d’un entraînement au stade IGA.

Elle sent que son jeu est plus dynamique, qu’elle a plus d’outils et qu’elle frappe avec plus d’assurance.

Ce qui pourrait être bénéfique pour le Canada surtout si elle joue en double avec Dabrowski, ce qui pourrait être le tournant de la compétition.

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Rebecca Marino

Tout le monde devrait avoir peur de notre double. Peu importe qui joue avec Gaby [Dabrowski], ce sera intéressant à regarder.

Rebecca Marino

Aucune joueuse ne sait encore comment elle sera utilisée, mais Marino est prête à toute éventualité. « Je vais soutenir mes coéquipières, que je joue ou non. Je me vois un peu comme la grande sœur de cette équipe qui est déjà très unie. »

Après une année pendant laquelle Marino a enfin été épargnée par les blessures, elle aimerait bien conclure 2022 avec un titre mondial : « Nous arrivons avec le sentiment que nous avons une chance de gagner. Je pense que c’est la meilleure équipe que nous ayons jamais eue. »