Félix Auger-Aliassime a été incapable de vaincre ses démons, samedi, sur la terre battue de Madrid. En fait, il a été son propre ennemi. À son retour au jeu, le Québécois s’est incliné en trois manches de 6-2, 3-6 et 7-6 (5) devant Dušan Lajović.

Auger-Aliassime renouait avec l’action, plus d’un mois après son dernier match à Miami. Embêté par des ennuis au genou, le neuvième joueur mondial avait rendez-vous avec Lajović pour son premier duel.

Un match piège pour le droitier, et ce, pour trois raisons. D’abord, il avait perdu ses deux affrontements précédents face au Serbe. Ce dernier venait d’ailleurs de remporter le tournoi de Banja Luka en battant au passage Novak Djokovic et Andrey Rublev.

Ensuite, Auger-Aliassime en arrache en entame de tournoi cette saison. Peu convaincant depuis janvier, l’athlète de 22 ans peine à se mettre en marche rapidement. Enfin, la terre battue représentait un défi intéressant pour un retour au jeu, eu égard à sa complexité, son adaptation et les difficultés que pose cette surface pour des articulations déjà endolories.

Un acte en trois temps

Pour résumer la rencontre, il faut se projeter au dernier jeu décisif du match. Il illustre à lui seul l’ensemble de la rencontre et sa tournure.

Les deux assaillants se sont divisé les deux premières manches. Ils ont provoqué une bataille ultime en se rendant à 6-6 sans être brisés.

Lajović avait la priorité au service. Il a bombardé son opposant, débordé et dépassé par les claques létales du Serbe. C’était 5-0. Auger-Aliassime était dans les câbles. Son adversaire le terrassait. En même temps, le Québécois ne s’est pas aidé, paraissant fragile et ébranlé.

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Félix Auger-Aliassime

Reste qu’il a su repousser son adversaire grâce à deux points nécessaires à sa survie, notamment grâce à deux délices au service. Lajović est revenu plus fort, mais par la suite, en raison d’une démonstration de caractère époustouflante, Auger-Aliassime a sauvé ses troisième, quatrième et cinquième balles de match de la rencontre. Le dernier coup droit en parallèle de Lajović aura toutefois été fatal.

Le match s’est aussi déroulé ainsi.

Le départ d’Auger-Aliassime a été tout simplement atroce. Il avait certes besoin d’une période d’adaptation, mais contre un joueur aussi fumant que Lajović, il ne fallait pas s’éterniser.

Le Québécois a été brisé dès le premier jeu. C’était à se demander, à ce moment, si les ennuis qu’il avait connus au service pendant le Sunshine Double (Indian Wells et Miami) allaient revenir le hanter sur terre battue. Deux jeux plus tard, il a à nouveau été brisé.

C’était 3-0 et le corps de Lajović n’avait pas encore versé une seule goutte de sueur. En 35 petites minutes, la manche était pliée. Il faut toutefois rendre à Lajović ce qui revient à Lajović. Son jeu d’anticipation a limité Auger-Aliassime et ses puissantes frappes l’ont désarmé.

En revanche, Auger-Aliassime n’était que l’ombre de lui-même. Son genou a semblé tenir le coup, mais sa précision et son application sur les frappes ont été défaillantes.

Il s’est superbement repris, toutefois, lors de la manche suivante. La septième tête de série du tournoi a été entière. Même si le Serbe le faisait travailler de gauche à droite, Auger-Aliassime avait réponse à tout. Les frappes étaient lourdes de chaque côté et le fait que FAA a pu résister, malgré la douleur, demeure une bonne nouvelle à court terme.

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Dušan Lajović

Trop d’irrégularité

Malgré toute sa détermination, et un appel douteux de l’officiel concernant son temps au service tard au troisième set qui a semblé déconcentrer Auger-Aliassime, ce dernier a été inégal du début à la fin.

Le Québécois a dominé son adversaire au chapitre des coups gagnants, soit 37, mais il a aussi commis plus de fautes directes, soit 40.

Il est difficile de gagner des matchs à ce niveau quand les chiffres dans ces deux colonnes déterminantes sont quasi égaux.

À force de trop vouloir provoquer le jeu parfait, ce que le 40joueur mondial a obligé son opposant à faire, Auger-Aliassime a fini par se brûler.

Il faut également faire mention du service, l’arme de prédilection du grand gaillard de 1,93 m. À ce chapitre, il aussi a été trop inégal, avec 12 as, mais 11 doubles fautes.

Ce genre de rendement surviendra inévitablement lorsque seulement 57 % des premiers services sont réussis. Surtout lorsque le ratio de points gagnés en deuxième balle tombe à 37 %.

La bonne nouvelle pour Auger-Aliassime, c’est qu’il aura du temps pour apporter les correctifs nécessaires en vue du tournoi de Roland-Garros. On peut sans doute parler d’une erreur de parcours, mais il aurait été intéressant de le voir avancer dans le tournoi pour arriver à point, rodé et confiant à la porte d’Auteuil.