Aryna Sabalenka a envoyé un message sans équivoque à Iga Świątek, samedi après-midi, en finale du tournoi de Madrid : rien n’est acquis en vue de Roland-Garros. La Biélorusse a été immense devant la meilleure joueuse au monde sur terre battue, l’emportant en trois manches de 6-3, 3-6 et 6-3.

À l’image du tigre tatoué sur son avant-bras gauche, Sabalenka est sauvage et combative sur un terrain de tennis. De loin la joueuse la plus puissante du circuit, la deuxième raquette au classement accumule ses victimes à coups de frappes lourdes et létales.

C’est ce qui caractérise son jeu. C’est ce qui fait d’elle la meilleure joueuse au monde depuis le début de l’année.

Toutefois, elle a montré de nouvelles facettes de son jeu sur le central, face à celle qui l’avait battue il y a deux semaines à peine en finale du tournoi de Stuttgart.

Comme Tony Stark dévoilant à la face du monde entier une nouvelle version d’Iron Man, Sabalenka était non seulement toujours aussi puissante, mais surtout plus rapide, plus légère, plus agile et plus intelligente dans ses lectures et son anticipation.

Pour battre la meilleure joueuse au monde, il faut jouer comme la meilleure au monde, et c’est bien ce que Sabalenka a fait.

Elle remporte le tournoi de Madrid pour la deuxième fois de sa carrière. Świątek devrait être la favorite dans quelques jours à la porte d’Auteuil, mais elle n’aura d’autre choix que de se méfier de sa plus récente tombeuse.

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Aryna Sabalenka

En fait, Sabalenka est en train de devenir la joueuse la plus complète du circuit. Elle est un véritable monstre à trois têtes, capable de s’illustrer sur terrain dur, sur gazon et sur terre battue. Celle dont c’était l’anniversaire vendredi ne montre aucune lacune dans son jeu.

Une bataille de tranchées

L’athlète de 25 ans a été fidèle à elle-même en début de match. Offensive et impatiente, mais puissante et précise. Elle cherchait ses repères. Idem pour Świątek, visiblement plus calme et davantage sur la défensive.

Sabalenka s’est emparée de la première manche grâce à un bris à 4-3. Les membres du clan polonais semblaient découragés au terme de la manche. Il est rare qu’on voie la numéro un mondiale à ce point débordée et à bout de ressources.

Sa réponse a toutefois été sans appel en deuxième manche. Elle avait pris les devants 3 à 0 en devenant l’agresseuse. Sabalenka a créé l’égalité en remportant trois points d’affilée grâce à un rendement impressionnant en fond de terrain et au filet, notamment.

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Iga Świątek

Świątek a cependant refusé de s’en laisser imposer. Elle a remporté les trois points suivants.

Comme les choses changent rapidement au tennis, Sabalenka a à son tour amorcé la manche sur les chapeaux de roues. Cette manche, un copier-coller de la précédente, s’est également retrouvée à 3-3, après que Świątek eut comblé un écart de trois points.

La grande Biélorusse a gagné les trois points suivants, non sans peine. Il aura fallu quatre balles de match pour venir à bout de sa rivale. Elle aura utilisé toutes ses munitions. Son service, son coup droit en parallèle, son revers croisé et des montées au filet. Comme le jeu de Sabalenka est rarement propre, mais souvent efficace, elle est parvenue à arracher son troisième titre de la saison et son 13e en carrière.

Une rivalité est née

Depuis bon nombre d’années, la WTA est à la recherche de sa grande vedette, mais surtout, d’une grande rivalité capable d’attirer les foules et de créer de l’engouement autour de chaque tournoi.

Plus besoin de chercher. Celle entre Świątek et Sabalenka est là pour de bon.

Les deux joueuses sont à l’amorce de la vingtaine, elles ont chacune 13 titres en carrière et elles s’échangeront assurément le premier rang mondial pendant plusieurs années. Le fait qu’elles pratiquent deux styles diamétralement opposés est d’autant plus intéressant.

Cette finale était le huitième affrontement entre les deux assaillantes. Il s’agissait déjà d’une troisième finale.

Świątek a remporté cinq de leurs huit rendez-vous. La suite est prometteuse, puisque Sabalenka ne cesse de prendre du galon et qu’elle est plus polyvalente, en plus de s’améliorer sur terre battue.

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Aryna Sabalenka après sa victoire à Madrid

« J’espère qu’on rejouera souvent l’une contre l’autre, parce que ça donne de bons matchs », a lancé Sabalenka en direction de Świątek lors de la cérémonie des trophées.

Difficile de ne pas lui donner raison.

Si Elena Rybakina peut continuer d’assurer comme elle l’a fait en début d’année, peut-être sommes-nous à l’aube de la naissance du prochain big three… féminin cette fois.