(Rome) Jannik Sinner porte sur ses épaules le poids des espoirs du tennis italien : à Rome, où il est poussé par son public, il espère reprendre son élan vers Roland-Garros (28 mai-11 juin) après une coupure pour cause de maladie.

« Il y a de la pression, mais c’est toujours positif, avec des gens qui me veulent du bien et me poussent dans les moments difficiles », a admis jeudi le N.8 mondial, âgé de 21 ans, à la veille de son entrée en lice au 2e tour contre l’Australien Thanasi Kokkinakis (104e).

« Le public est une carte à jouer, il faut être malin et savoir l’utiliser. J’ai joué dans le monde entier et le public italien est vraiment différent ! Quand j’entre ici, sur le central ou le court Pietrangeli, c’est vraiment unique », décrit l’Italien aux cheveux roux et à la bouille enfantine, quart de finaliste l’an dernier sur les bords du Tibre.

Preuve de son changement de statut en Italie : sa conférence de presse de présentation n’a pas eu lieu dans la salle habituelle, sans fenêtre, jouxtant le court central, mais dans le cadre plus raffiné du salon fédéral surplombant le Foro Italico, le stade accueillant le tournoi.

Malgré son âge, Sinner sait qu’on attend déjà beaucoup de lui après un joli début de saison qui l’a emmené au moins en quarts de finale dans sept des huit tournois qu’il a disputés. En Masters 1000, la catégorie la plus élevée après les Grands chelems, il s’est hissé en finale à Miami et en demi-finales à Indian Wells et Monte-Carlo, outre le septième titre de sa carrière à Montpellier (ATP 250).

Rome attend un vainqueur italien depuis près d’un demi-siècle et Adriano Panatta en 1976. Certains se plaisent à voir dans Sinner celui qui pourrait clore cette longue parenthèse.

Pas inquiet pour Djokovic

« Il représente une chance immense, comme notre tennis n’en a peut-être pas connu dans son histoire, aussi fort et aussi jeune », dit à l’AFP le président de la Fédération italienne, Angelo Binaghi, conscient de l’importance sportive de Sinner, mais aussi de sa faculté à « attirer le public et les commanditaires » autour de la balle jaune en Italie.

« On verra… Je n’aime pas trop me comparer, beaucoup d’autres ont fait de grandes choses avant moi, il y a du travail à faire pour atteindre ce type d’objectifs », répond prudemment Sinner aux questions évoquant ses chances de victoire à Rome.

« Je me suis bien entraîné, je me sens bien », ajoute-t-il, alors qu’il retrouve le circuit après avoir déclaré forfait (malade) en quarts à Barcelone fin avril puis renoncé au tournoi de Madrid.

Celui qui « ne redoute » plus de « dire qu’il peut gagner de gros matchs » a repris ses marques sur la terre battue en s’entraînant cette semaine avec Novak Djokovic, tenant du titre et grand favori pour un septième sacre romain malgré l’incertitude concernant l’état de son coude droit.

Sinner ne s’inquiète toutefois pas trop pour le Serbe : « Il était bien, sur le terrain. Un entraînement, c’est toujours différent d’un match, mais “Nole” a une expérience unique. Quand il a eu des difficultés par le passé, il a toujours retrouvé ses repères à Rome. Cette année encore, il sera prêt pour Roland-Garros (28 mai-11 juin) », affirme l’Italien.

Avec Djokovic, Sinner partage une autre passion commune : l’AC Milan. Et s’il est un peu « déçu » de la défaite des Rossoneri mercredi en demi-finale aller de Ligue des champions contre l’Inter (2-0), l’Italien y « croit encore » : « On peut gagner en étant mené de deux manches… »