Pendant un moment, samedi, on se serait cru quelque part en 2019, lorsque Bianca Andreescu terrassait les meilleures joueuses au monde. Or, nous sommes bel et bien en 2023 et un long délai causé par la pluie aura suffi à contrecarrer les ambitions de la Canadienne contre Ons Jabeur, au troisième tour du tournoi de Wimbledon.

« Je dois remercier la pluie, qui m’a permis de parler avec mon entraîneur et d’obtenir une meilleure perspective du match. Je ne jouais pas mon meilleur tennis », a avoué Jabeur au terme de sa victoire en trois manches de 3-6, 6-3 et 6-4.

Évidemment, la défaite d’Andreescu ne s’explique pas uniquement par l’arrêt de 47 minutes, prononcé au milieu de la dernière manche. À ce moment, la Tunisienne venait de briser sa rivale pour resserrer son retard à 3-2.

Toutefois, Andreescu avait le vent dans les voiles avant la pause. Le temps que les officiels ferment le toit du court central et assèchent le terrain, Jabeur a pu se ressaisir, alors que ce match était en train de lui glisser entre les doigts.

Les deux joueuses s’étaient partagé les deux premières manches et la troisième était âprement disputée. Andreescu portait les premiers coups et Jabeur ne faisait que se défendre. Le résultat aura prouvé que la défense est encore, bien souvent, la meilleure attaque.

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Ons Jabeur savoure sa victoire.

Un départ canon

Avant le début de la rencontre, tout le monde était en droit de s’attendre à un match d’une extrême qualité. Jabeur, finaliste il y a un an, continue d’exceller sur gazon. Bien entendu, la sixième joueuse mondiale était la favorite dans ce duel.

Elle devait toutefois se méfier de la Canadienne. Andreescu avait été exquise au cours de ses deux premiers matchs. Même si elle a manqué de constance avant son arrivée à l’All England Club, la 50joueuse au classement mondial avait été épatante depuis le début de la quinzaine. Notamment parce qu’elle trouvait facilement des solutions lorsqu’elle était dans le pétrin. Elle a retrouvé la hargne, la ténacité et la grâce qui ont fait d’elle une championne de tournoi majeur.

On s’attendait donc à du beau de la part de l’Ontarienne. Mais jamais à ce qu’elle s’empare de la première manche aussi aisément en à peine 30 minutes. Tout fonctionnait. Son jeu dans le haut du terrain a complètement bluffé Jabeur, incapable de suivre la cadence.

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Bianca Andreescu après avoir remporté un point

Andreescu était impériale au filet. Sur gazon, la volée et les amorties sont des armes létales, et la Canadienne était chef de contrebande.

« C’était frustrant, a lancé Jabeur sur le fait de devoir affronter une joueuse qui, comme elle, maîtrise une palette de coups très variée. Ses amortis et ses balles à effet, c’était fatigant ! Maintenant, je sais comment les autres joueuses se sentent lorsqu’elles m’affrontent. »

Après le premier set, Andreescu avait réalisé sept coups gagnants et commis seulement trois fautes directes, en plus d’avoir gagné 16 de ses 19 points en premières balles.

Rendre service

Là où Andreescu a échoué, c’est quand il s’est agi de tirer profit des largesses de son adversaire au service. Au cours du match, Jabeur a fait passer seulement 51 % de ses premières balles en service. Un degré de médiocrité rare chez une joueuse de son calibre.

La joueuse de 28 ans était en plein contrôle lorsque son premier service était réussi. Elle a même conclu le match avec un as précis sur le « T ». Andreescu aurait cependant eu avantage à engranger les points lorsque ce n’était pas le cas. Elle a fait face à huit balles de bris, mais en a converti seulement deux. De son côté, Jabeur a transformé ses trois balles de bris en jeux.

Il y a quand même du positif à tirer des présences d’Andreescu au service. Cela avait été son principal défaut lors des deux premiers matchs, la raison pour laquelle elle avait mis autant de temps à se débarrasser de ses adversaires. Jabeur a pu profiter d’une première balle de bris seulement tard en deuxième manche.

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Bianca Andreescu et Ons Jabeur au filet après le match

Une semaine positive

Andreescu peut donc quitter Londres la tête haute. Elle a atteint le troisième tour à Wimbledon pour la première fois de sa carrière. Elle progressera également au classement d’environ sept places. En outre, elle est passée à un bris, en toute fin de match, d’éliminer une joueuse du top 10, à son premier match en carrière sur le court central de Wimbledon.

Cette saison, contre l’élite, la joueuse de 23 ans avait eu beaucoup de difficulté, avec une fiche de trois défaites en quatre matchs contre des joueuses du top 10.

Dans le match de samedi, Jabeur a pris les devants une seule fois lors de la manche ultime, lorsqu’elle a brisé Andreescu à 4-4. Pendant cette séquence, la Canadienne n’a été que l’ombre d’elle-même. Tous ses efforts ont été bousillés en l’espace de quelques échanges maladroits.

La Bianca Andreescu des beaux jours est de retour. Même si elle doit faire ses valises avant le début officiel de la deuxième semaine du tournoi, elle peut repartir avec le sentiment du devoir accompli.