Un vent de renouveau souffle sur le tennis féminin et, par ricochet, sur l’Omnium Banque Nationale du Canada. Il souffle aussi dans les bureaux montréalais de Tennis Canada, avec l’entrée en scène d’une nouvelle directrice qui veut assurer la continuité de l’un des évènements les plus courus à Montréal.

Dans la mi-trentaine, après avoir passé environ 10 ans au sein de l’équipe des communications du tournoi, incluant dans le rôle de directrice de ce service à compter de 2018, Valérie Tétreault se prépare fébrilement pour sa première édition de l’Omnium Banque Nationale à titre de directrice, en relève à Eugène Lapierre qui a occupé le poste pendant quelque 20 ans.

Ce n’est pas un rôle auquel elle s’est mise à rêver aussitôt qu’elle a annoncé sa retraite comme joueuse, à la fin de 2010. En fait, l’idée a commencé à germer dans son esprit un peu beaucoup grâce à Lapierre qui, habilement et subtilement, jusqu’à un certain point, lui a fait réaliser qu’elle avait un avenir prometteur dans les bureaux de Tennis Canada.

Tout s’est concrétisé le 6 octobre dernier, lors d’une conférence de presse où elle s’est présentée aux côtés de Lapierre avec aplomb, même si elle assure qu’elle ressentait « un gros stress comparable au stress avant un gros match dans ma vie de joueuse », précise-t-elle.

« Ç’a m’a beaucoup touchée qu’on me fasse confiance, quand même à un jeune âge aussi, et qu’on me laisse prendre les rênes du tournoi », a déclaré Tétreault dans une entrevue accordée à La Presse Canadienne, à environ un mois des premiers matchs du volet principal du tournoi féminin, qui s’échelonnera du 7 au 13 août au stade IGA.

« Je me trouve vraiment privilégiée, parce que ma grande passion dans la vie, c’est le tennis. J’ai eu la chance d’être joueuse et, à peu près, de vivre mon rêve. J’ai eu la chance de commenter des matchs de tennis à la télévision, ce que peu de gens, évidemment, ont la chance de faire. J’ai eu la chance d’œuvrer aux communications, ce qui était mon désir une fois que j’ai arrêté de jouer. Et là, c’est un peu le summum de prendre la direction d’un tournoi que j’aime », ajoute-t-elle.

Tétreault se considère d’autant plus privilégiée qu’elle estime œuvrer au sein d’une organisation dont la culture est propice au succès. Et selon elle, Lapierre y a été pour beaucoup dans l’instauration de cette culture par sa créativité, son grand calme et sa générosité.

« Sa générosité avec les gens m’a beaucoup marquée, confie-t-elle. Je me suis souvent promenée avec lui sur le site (du tournoi) et il prend toujours le temps. Pourtant, il a mille et une choses dans son agenda, mais il prend le temps pour chaque personne.

« C’est pour ça qu’à Montréal, on est vraiment une grande équipe, une grande famille, renchérit-elle. Il n’y a pas un sentiment de hiérarchie. Et si, dans 10 ans, le’feeling’de l’équipe, c’est qu’on a réussi à préserver ça, alors ce sera probablement ma plus grande victoire. »

Jugement et leadership

Dans l’esprit de Lapierre, ce changement à la tête du tournoi à Montréal était destiné à se réaliser. En 2010, Lapierre avait noté chez Tétreault des qualités de communicatrice lors d’une importante conférence de presse à laquelle il l’avait invitée à titre de porte-parole des joueuses pour dire quelques mots devant de nombreux dignitaires, dont des représentants des paliers de gouvernements.

« C’est elle qui a volé le “show”. Je ne lui avais pas écrit de texte. C’était parfait. Je me suis dit, il y a d’autres choses après (sa carrière de joueuse) », relate Lapierre.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Eugène Lapierre

Puis, quand Tétreault a été embauchée pour se joindre à l’équipe des communications du tournoi en 2011, Lapierre a noté d’autres points forts chez elle, au fil du temps.

« Plus ça allait, plus je voyais la qualité de son jugement. Ce n’est pas qu’on a des situations bien compliquées en tennis, mais il arrive des situations et il faut voir comment tu vas répondre à ça. Valérie, elle met le doigt dessus. Je fais confiance à son jugement, et assez rapidement, elle m’a démontré qu’elle l’avait “pas pire” », illustre-t-il.

« L’autre chose que je voyais, c’est la façon dont les autres réagissaient à Valérie. Elle avait un leadership naturel dans les réunions. Pas un leadership flamboyant. Ce n’est pas elle qui va sauter sur la table », poursuit-il.

Cette maîtrise de soi chez Tétreault, Sylvain Bruneau l’avait aussi notée lorsqu’il l’a accompagnée dans divers tournois dans le cadre de ses fonctions d’entraîneur à Tennis Canada.

« Valérie a toujours été très calme. Je me souviens d’elle toute jeune. J’ai voyagé avec elle. J’ai fait plusieurs tournois avec elle. Elle devait avoir 15 ou 16 ans quand j’ai voyagé avec elle. Elle a toujours été une fille très douce, “low profile”, qui fait son truc. C’est l’incarnation du calme », décrit-il.

Par ailleurs, selon sa bonne amie Marie-Ève Pelletier, qui l’a côtoyée sur les courts, dans les studios de TVA Sports et dans les bureaux de Tennis Canada, Tétreault fait l’unanimité autour d’elle.

« Tous les gens qui croisent Valérie aiment Valérie. Ils l’adorent. Jamais tu ne vas entendre quelque chose de négatif sur Valérie. Elle est gentille, facile d’approche, compétente. C’est une professionnelle », dit Pelletier.

Les six premiers mois de 2023 ont permis à Tétreault de s’installer graduellement dans son nouveau rôle.

« C’est vraiment dans les dernières semaines, les derniers mois où là, ça devient réel parce que mon quotidien a changé, mes tâches ne sont plus du tout pareilles. Je prends beaucoup de plaisir à faire ce que je fais et à continuer à me développer », avoue-t-elle.

« Évidemment, je veux trouver ma signature dans tout ça, laisser un peu ma marque sur le tournoi. Mon but, c’est quand même de pouvoir assurer une continuité parce que, au final, les choses ont été très bien faites dans le passé. On ne change pas une formule gagnante juste pour le plaisir de changer. C’est un peu ce que je vois dans la continuité des choses », résume-t-elle.