(Granby) Rebecca Marino a accédé au tableau principal des huit derniers tournois majeurs. Elle a consolidé sa place à l’intérieur du top 100 et elle était la première tête de série au tournoi de Granby la semaine dernière. Dix ans après avoir annoncé sa retraite du tennis, elle connaît enfin son heure de gloire.

« Je ne savais pas que c’était lors des huit derniers », s’exclame Marino lorsqu’on lui a rappelé sa séquence en tournois du Grand Chelem.

« Je suis très fière d’être revenue aussi forte de la retraite et de nombreuses blessures. Il y a eu beaucoup de hauts et de bas. C’est chouette d’être de retour dans les tournois majeurs, parce que c’est là qu’on veut être », a-t-elle poursuivi en milieu de journée, la veille de son premier match en Estrie.

Dans sept de ses huit tournois, elle est repartie au terme de son premier match. Néanmoins, il faut comprendre que pour une joueuse à l’extérieur du top 50, chaque percée dans le tableau principal est névralgique sur le plan financier. Contrairement à la croyance populaire ou à l’idéal mis de l’avant par les plus grandes étoiles du sport, ce ne sont pas toutes les joueuses professionnelles qui ont des vies de duchesses.

PHOTO DARRYL DYCK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Avec Leylah Annie Fernandez, Rebecca Marino encourage sa coéquipière Katherine Sebov lors d’un match de la Coupe Billie Jean King, en avril dernier.

Depuis le début de sa carrière professionnelle, il y a une quinzaine d’années, Marino a empoché un peu plus de 1 600 000 $ en gains. Grâce à ses plus récents résultats, elle a gagné un peu plus de 360 000 $ en 2023. Une somme considérable pour une joueuse malgré une fiche négative sur le circuit de la WTA.

Au-delà de l’aspect financier, ces matchs de premier tour en tournoi majeur lui procurent la confiance nécessaire pour avancer. Elle se nourrit de ses courtes expériences pour bâtir l’avenir. Surtout qu’à une certaine époque, elle n’en entrevoyait aucun.

« Tu parviens à acquérir du momentum. En fait, tous les premiers matchs sont super importants, que ce soit dans les Grands Chelems ou dans les tournois challengers comme ici, parce que c’est là que tu trouves ton rythme », précise la joueuse de six pieds.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Rebecca Marino à l’Omnium Banque Nationale en 2021

De retour à Montréal

Grâce à son rendement, Marino a obtenu un laissez-passer de la part de Tennis Canada en vue du prochain Omnium Banque Nationale de Montréal.

« Je suis super excitée », lance-t-elle avant même que le point d’interrogation ne soit arrivé en riant de manière sentie, mais timide.

Elle avait été au cœur d’une folle épopée au parc Jarry en 2021 lorsqu’elle avait battu coup sur coup les vedettes Madison Keys et Paula Badosa, avant de s’incliner devant la tenace Aryna Sabalenka.

Ça m’a propulsée et ça m’a donné beaucoup de confiance. J’adore jouer là. En plus, recevoir un laissez-passer est un réel honneur.

Rebecca Marino

Ce laissez-passer « prouve que Tennis Canada respecte énormément ce que j’ai fait dans les dernières années et j’apprécie ce qu’ils font pour moi ».

Elle a d’ailleurs appris la nouvelle quelques jours avant le grand public. « Valérie [Tétreault] m’a fait savoir avant l’annonce officielle que tout était réglé. Sylvain [Bruneau] aussi me l’avait fait savoir. On le sait quelques jours avant le public, mais j’ai gardé le secret même à mon entourage. »

Plus polyvalente

Serveuse talentueuse et efficace, Marino a « fait son pain et son beurre » sur la surface dure. C’est ce qui la réjouit de revenir à la maison, là où elle peut s’exprimer dans la pleine mesure de ses moyens. Cependant, son passage et ses performances sur terre battue et sur gazon l’ont un peu surprise et même confortée dans l’idée qu’elle pouvait toujours s’améliorer là où elle ne le croyait pas.

L’an dernier, j’étais hésitante, car c’était mon retour après 11 ans d’absence sur gazon. Cette année, j’étais plus en contrôle, surtout avec mon jeu de jambes, parce qu’on bouge un peu différemment.

Rebecca Marino

Les défis seront nombreux pour la suite. Le premier étant de demeurer dans le top 100, pour les privilèges et les occasions qui viennent avec ce statut.

Pour l’instant, elle y est à l’aise. Et c’est là qu’elle veut passer le plus clair de son temps. « Je suis heureuse de la façon dont je joue. Cette année, j’ai dû m’habituer à être de retour à un haut niveau. J’ai joué des matchs difficiles, contre des joueuses établies. Mais ça vient avec le fait d’être dans le top 100. »

À son retour à Montréal, elle espère avoir la chance de s’adresser à la foule en français sur le court central. Si c’est le cas, ça voudra aussi dire qu’elle aura également serré la main de l’arbitre en dernier à quelques reprises.