« J’ai l’impression que ça fait trop longtemps ! », a lancé Venus Williams dans un sourire, après avoir déposé son sac à dos près de sa chaise pour sa conférence de presse au stade IGA.

Personne n’avait jusque-là remarqué que ledit sac à dos cachait son petit chien, qui a rapidement trahi sa présence d’un subtil aboiement pendant que sa propriétaire répondait à une question. « C’est mon chien, désolée », a laissé tomber l’athlète de 43 ans, entraînant un éclat de rire dans la salle.

Voilà qui donne une idée de l’ambiance qui régnait à la conférence de presse d’une des joueuses les plus attendues de cette édition du tournoi montréalais. D’un calme légendaire, chandail à l’effigie de Janet Jackson sur le dos, l’Américaine a répondu à chaque question avec le sourire et une légèreté presque apaisante.

Ce tournoi est le cinquième de Williams cette année. La vétérane, dont c’est la première présence à Montréal depuis 2018, a eu à composer avec de nombreuses blessures au fil des dernières années ; elle n’a disputé que 11 matchs en 2022 et 2023 combinées, ne remportant que deux de ceux-ci.

Blessée à nouveau à Wimbledon il y a quelques semaines, elle a dû « beaucoup travailler » pour s’assurer d’être présente à Montréal. Mais elle tenait à sa participation à l’Omnium Banque Nationale.

« Pour être honnête, je suis fatiguée d’être blessée. Je suis tout le temps blessée. Je ne pouvais pas croire que c’était arrivé encore. Je n’ai jamais beaucoup joué ici dans ma carrière et je ne voulais pas le rater, alors j’ai tout donné pour être là. Je vais tout donner sur le court. »

La septuple championne en Grand Chelem a beau approcher la mi-quarantaine, elle est toujours passionnée par son sport. Ça se ressent par sa simple décision de continuer à jouer, et ça s’entend dans ses réponses. Chaque jour, elle fait le choix d’aller à l’entraînement, et c’est sans doute ce qu’elle trouve le plus dur à ce point-ci de sa carrière, a-t-elle reconnu dimanche.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

« Je n’ai jamais beaucoup joué ici dans ma carrière et je ne voulais pas le rater, alors j’ai tout donné pour être là. Je vais tout donner sur le court », a indiqué Venus Williams, à propos de sa présence à l’Omnium Banque Nationale.

« Je ne sais pas comment les autres s’entraînent, mais je m’entraîne jusqu’à l’échec. Quand la journée est terminée, c’est parce que je n’aurais pas pu en faire plus. La journée suivante commence et c’est la même chose jusqu’à l’échec. Ce genre d’intensité, c’est beaucoup, mais c’est ce qui est nécessaire. C’est tout ce que je sais. »

D’une compétitrice à l’autre

Quelques heures avant la conférence de Venus Williams, Leylah Fernandez nous disait être inspirée par sa collègue américaine, qu’elle a qualifiée de « grande légende ».

« C’est une inspiration aussi parce qu’elle a fait beaucoup de choses pour les femmes dans le monde du tennis, a noté Fernandez. […] Elle est très gentille ; on parle parfois et elle m’encourage, elle me donne quelques mots de motivation pour ma carrière. »

Williams, de son côté, ne se souvenait pas d’avoir prodigué des conseils à sa jeune homologue québécoise.

« Nous nous parlions beaucoup pendant la pandémie et les années après ça. Nous ne l’avons pas fait autant récemment, probablement parce que je ne suis jamais sur le circuit. Elle est tout le temps sur le circuit ! Moi, je suis à la maison en train de regarder la télé », a dit Williams en riant.

L’aînée des sœurs Williams a ensuite profité de l’évocation de Fernandez pour y aller d’une flopée de compliments à l’endroit de la jeune femme de 20 ans, vantant son attitude sur le court.

C’est une compétitrice incroyable. Quand tu la regardes, tu sens que tu fais partie de quelque chose. Elle te donne cette énergie, tu veux prendre pour elle.

Venus Williams à propos de Leylah Fernandez

« Je ne me souviens pas [du] conseil [que je lui ai donné], mais je suis heureuse de l’avoir aidée. J’aimerais beaucoup prendre le crédit pour tout son succès ! », a-t-elle ajouté à la blague.

Toujours est-il que Williams aime bien ce rôle de vétérane, qu’elle traîne depuis quelques années déjà. Après tout, 21 ans la séparent de la première raquette mondiale, Iga Świątek.

« Toutes les joueuses qui me demandent conseil, je suis toujours ouverte. J’aime voir les autres bien faire. Et j’aime voir les gens heureux. C’est la meilleure chose au monde de suivre ton rêve et d’être heureux pendant que tu le fais.

– Toi, l’es-tu, [heureuse] ? lui a alors demandé une collègue.

– Moi ? Bien sûr ! Oui. Merci de le demander », a simplement répondu l’athlète dans une zénitude qui ne laissait aucun doute sur la véracité de l’affirmation.

Iga au stade IGA

La première raquette mondiale, Iga Świątek, était la dernière à rencontrer les médias, dimanche après-midi. La Polonaise, qui a triomphé à Roland-Garros il y a deux mois, s’est montrée amusée à l’idée de jouer dans un stade qui, par pure coïncidence, porte son nom. « C’est un énorme privilège, a-t-elle lancé à la blague. Prétendons que c’est la vraie histoire. C’est juste une coïncidence, mais c’est amusant. Je me sens plus heureuse quand je vois que c’est le stade Iga. Ils devraient faire ça plus souvent. »