(Toronto) Alexis Galarneau était à trois jeux de créer la surprise. Avec une avance de 3-0 dans la manche ultime, il avait son adversaire Francisco Cerundolo dans les câbles. L’Argentin a cependant repoussé toutes les attaques du Québécois avant de le mettre au tapis. Avoir perdu une telle avance aura été le seul regret de Galarneau dans cette rencontre.

Galarneau avait plusieurs raisons d’être fier de lui après son revers au premier tour de l’Omnium Banque Nationale de Toronto, lundi après-midi, en trois manches de 2-6, 6-4 et 4-6.

PHOTO COLE BURSTON, LA PRESSE CANADIENNE

Alexis Galarneau

Il avait obtenu un laissez-passer pour être du tableau principal. Il a donné le coup d’envoi au tournoi sur le central. Il a pris une manche à un joueur mieux classé de 170 rangs. Il est revenu de l’arrière après avoir perdu le premier acte. Puis, il a même failli remporter sa première victoire sur le circuit de l’ATP.

À 3-0 en troisième manche, « je crois qu’il y avait un peu de projection, a avoué le Québécois après son match. Cependant, j’ai essayé de rester dans le présent le mieux que je pouvais, mais ce n’est pas évident quand tu as de l’adrénaline. Je ne pense pas que ça m’a trop affecté dans mon jeu ».

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Alexis Galarneau, lors de son match lundi contre Francisco Cerundolo

Galarneau n’avait pas encore assez de recul pour mesurer à quel point il avait peu de choses à se reprocher. Le moment était grand, mais son adversaire en imposait.

« Pour le moment, je ne le réalise pas trop, a-t-il concédé. C’est la défaite qui fait plus mal. »

Avec du recul, je vais réaliser que mon jeu appartient à ce niveau-là. Je vais prendre confiance à jouer plus souvent de cette façon. Je pense que j’ai joué assez agressivement aujourd’hui et j’ai été récompensé pour ça.

Alexis Galarneau

Cerundolo, 22raquette mondiale, et lui aussi âgé de 24 ans, avait remporté le tournoi d’Eastbourne, il y a un peu plus d’un mois.

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L’Argentin Francisco Cerundolo

Galarneau n’a pas semblé intimidé outre mesure en début de match, remportant son premier jeu au service de manière convaincante grâce à un revers gagnant en parallèle, un coup l’ayant bien servi tout au long du match, par ailleurs. Mais ça prend beaucoup plus qu’un revers qui fonctionne pour battre un joueur cognant à la porte du top 20.

Livrer au bon moment

À ce niveau, le talent entre les joueurs diffère très peu. Le calibre est tellement relevé. Ce qui fait la différence, en revanche, est la faculté de s’élever dans les grands moments.

Ce facteur a fait défaut chez Galarneau au cours du match. Le Québécois a été excellent et efficace en retour de service. De nature plus défensive, le 192joueur au monde a bien cerné son adversaire dans cette phase du jeu.

Il a cependant été incapable de profiter des largesses de son rival au service. Galarneau a brisé Cerundolo seulement trois fois en 13 occasions, tandis que l’Argentin a converti cinq de ses six balles de bris.

Il faut apprendre à gérer les moments. Justement, comprendre ce qui fait de moi un joueur de ce niveau-là, en termes de schémas à exécuter. Ça vient avec l’expérience aussi.

Alexis Galarneau

Ce qui est plutôt regrettable pour lui, puisque Galarneau a obtenu un bon rendement au service, avec 64 % de premières balles en jeu et 65 % de points gagnés en premier service.

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Alexis Galarneau

« Je pense que c’est surtout physique. Je commençais à avoir une petite baisse de régime et je pense que c’est un peu ça qui lui a permis de revenir dans le match », a-t-il expliqué.

Dans la manière, Cerundolo a été simplement plus opportun, même si le favori local a certainement dû lui donner la frousse.

Apprendre encore et toujours

La foule a été peu animée, doit-on le souligner, alors l’avantage de jouer à la maison a été peu déterminant.

Galarneau a donc dû se battre seul au centre de l’arène et il a fièrement rendu les armes.

La défaite fait mal et elle fera mal certainement encore quelques jours. Cependant, s’il veut un jour percer le top 100, il devra jouer ce genre de match. Se retrouver dans ce genre de situation. Affronter ce genre d’adversaire.

« Ça fait plus mal de perdre avec une avance d’un bris », a-t-il affirmé à propos de s’être tout de même rendu à trois jeux de la victoire.

C’est la réalité du tennis professionnel. Ça ne suffit pas d’avoir un bris. Si j’avais eu le deuxième bris pour faire 4-0, ça aurait été autre chose.

Alexis Galarneau

Le Québécois peut tout de même bâtir sur la façon dont il s’est amélioré au cours de la rencontre. À bout de souffle en première manche, il devenait plus en confiance plus le match progressait. Ses frappes étaient plus nettes, plus franches, et ses attaques, plus appuyées. Il a même pris davantage de risques.

Un match de Masters 1000 se joue au meilleur de trois manches, mais il s’agissait du type de match où, dans un duel trois de cinq, il aurait peut-être fini par avoir l’ascendant.

« Possible, on ne le saura jamais », a-t-il répondu à propos de cette hypothèse.

La seule certitude, selon lui, c’est qu’il doit passer encore plus de temps à l’entraînement, même s’il a tenu bon pendant 2 h 38 min de jeu : « Les déplacements sont une grosse partie de mon jeu. Je dois être capable de tenir des heures et des heures. »

Il est cependant convaincu d’appartenir à la même catégorie que son rival, bien installé dans le top 30. Aucune victoire morale ne fait avancer la carrière d’un athlète professionnel, mais celle-ci pourra permettre à Galarneau de retourner chez lui plus léger.