Félix Auger-Aliassime ne s’est pas laissé parler d’amour, mardi soir. Au lieu de croquer dans une part de gâteau pour célébrer son 23anniversaire, il a plutôt dû digérer une autre défaite.

Auger-Aliassime n’a pas veillé tard sur le court central du stade Sobeys. Le Québécois a encaissé un revers en deux manches identiques de 6-4 face à l’Australien Max Purcell.

Le premier match prévu au programme de la soirée a été si sèchement disputé qu’il a pris fin alors que le ciel était encore clair.

Ce dénouement est à la fois surprenant et attendu.

D’un côté, Auger-Aliassime revenait à la maison. C’était le jour de son anniversaire et il affrontait un joueur classé 66 rangs plus bas que le sien. Son dernier match remontait à six jours auparavant, donc il avait eu le temps de reposer son corps déjà endolori.

De l’autre, il faisait face à un joueur ayant déjà joué deux parties en qualifications. Il avait le vent dans les voiles. Purcell avait également battu le Québécois lors de leur seul affrontement. C’était aux Jeux olympiques en 2021.

Purcell a visiblement pris goût à malmener Auger-Aliassime.

PHOTO JOHN E. SOKOLOWSKI, USA TODAY SPORTS

Max Purcell

De mal en pis

Il s’agit donc d’une quatrième défaite consécutive au premier tour pour Auger-Aliassime. Il était également tombé en lever de rideau à Washington, Wimbledon et Roland-Garros.

La rencontre avait bien mal commencé pour lui avec un bris d’entrée de la part de son adversaire. Impossible de dire ce qu’il se passait dans sa tête lorsque Purcell a planté le dernier point avant de changer de côté, mais il est facile d’imaginer ce que se disait Auger-Aliassime.

« Ce n’est pas idéal pour amorcer un match. Je pense que ça a très bien commencé pour lui, en fait. Ç’a été difficile, mais encore mieux pour lui de commencer le match comme ça », a-t-il souligné après la rencontre, vêtu tout de blanc et arborant sa casquette « FAA ».

Cette séquence d’entrée n’a cependant pas semblé l’affecter outre mesure, car il a livré une opposition honnête pour le reste de la manche, dans laquelle seul le bris aura fait une différence.

Auger-Aliassime a prouvé sa fragilité, cependant, au troisième jeu de la seconde manche.

Pour la première fois, la séquence au service du favori local nécessitait une égalité. Il a souvent pris l’avantage, mais Purcell, dans une forme splendide, faut-il souligner, lui clouait le bec.

Et à la première balle de bris, Auger-Aliassime a failli. Son opposant l’a fait monter en haut de terrain et le Québécois a raté une volée routinière du revers.

PHOTO COLE BURSTON, LA PRESSE CANADIENNE

Félix Auger-Aliassime

À 4-2, il a sauvé deux balles de bris, mais le mal était fait. Dans une rencontre où le service a fait toute la différence, le bris encaissé quatre jeux auparavant était en train de l’achever. Comme un poison ingéré et qui ne fait effet que longtemps plus tard.

Dans les derniers points de la rencontre, chaque fois que Purcell le terrassait de coups gagnants, Auger-Aliassime regardait longuement la ligne sur laquelle était tombée la balle. Par consternation, par stupéfaction, par impuissance ou simplement pour tenter de comprendre pourquoi le mauvais sort s’acharnait sur lui.

Un adversaire coriace

Purcell n’avait pas l’air de grand-chose à son arrivée sur le court central. Avec son t-shirt beige, sa casquette entièrement noire et sa démarche fainéante, il n’avait pas l’air de l’éventuel tombeur de la 10tête de série du tournoi.

Pourtant, Purcell a fait mentir tout le monde, puisque sa détente a été son plus grand avantage.

Dans la manière d’aborder chaque point, mais surtout de frapper la balle, la dégaine tranquille de l’Australien était quelque peu fascinante. Il était presque impossible de comprendre comment il pouvait décocher des missiles pareils avec si peu de détente et de relâchement. Ultimement, le 78joueur au classement n’avait rien à perdre. Et il a performé comme un joueur qui voulait gagner.

Le service de Purcell a été sa plus grande arme au cours de la rencontre. Habituellement, c’est Auger-Aliassime qui martèle ses adversaires au service. Mardi, il a subi le traitement inverse.

L’Australien n’est pas muni de la même puissance que le Québécois, mais son placement de balle est à s’y méprendre. Son service dépassait rarement les 200 km/h, mais il tombait toujours au bon endroit.

En première manche, Purcell a gagné 100 % des points lorsque son premier service était en jeu.

Au cours de la rencontre, Purcell n’a même pas donné une balle de bris à son rival. Il était dans une classe à part.

En retour, Auger-Aliassime a été incapable de suivre. Avec seulement 54 % de premiers services réussis, il s’est tiré dans le pied. « Il a très bien servi. Il a mené tout le match et de mon côté, je n’ai pas bien servi, surtout au premier service, ce qui est habituellement une grande force pour moi. »

Le goût de gagner

Pour Auger-Aliassime, il n’y a qu’un seul remède pour retrouver rythme et confiance : gagner un seul match. Ça ne prendrait qu’un déclencheur pour le relancer. « Il faut juste en gagner un. Et je n’ai pas réussi à le faire récemment. Je suis sûr que lorsque j’aurai cette première victoire, je pourrai faire plus de chemin dans le tableau. »

N’en doutez pas, même si les bottines ne suivent pas trop les babines par les temps qui courent, Auger-Aliassime a toujours ce même goût pour la victoire. Il refuse de se décourager.

« À chaque match, je suis convaincu que je vais gagner. Je ne vais jamais dans un match en me disant que je vais perdre. La réalité, c’est que tu as juste une chance sur deux de gagner », a-t-il conclu.

Une première victoire pour Gabriel Diallo

Pendant que Félix Auger-Aliassime évoluait sur le court central, son bon ami Gabriel Diallo disputait son match de premier tour sur le court secondaire.

Il avait fort à faire, car il affrontait Daniel Evans, 21joueur mondial et vainqueur il y a quelques jours à peine du tournoi de Washington.

Malgré cela, le Montréalais de 21 ans n’a montré aucun signe de nervosité. Il a remporté le duel en deux manches de 7-6 et 7-5.

« Je dirais que c’est ma plus grande réalisation jusqu’à présent », a-t-il précisé après le match

Dès le début du duel, toutes les cordes de son violon étaient bien accordées.

Son service fonctionnait bien et son coup droit était efficace. Mais son attitude a sans doute été l’élément le plus déterminant. À 2-2 en première manche, au service, Diallo a commis trois fautes directes. Il a même fait face à une balle de bris.

Comme un vétéran, même s’il avait perdu ses trois premières rencontres sur le circuit ATP, il a remonté la pente calmement pour gagner le jeu.

« La chose dont je suis le plus fier, c’est de toujours avoir rebondi. Chaque fois que j’ai été brisé, j’ai été en mesure de revenir et ainsi envoyer un message à l’adversaire. »

Évidemment, compte tenu du curriculum vitæ des deux individus, cette victoire était inattendue.

Evans a montré des signes de frustration en fin de match en voyant l’opposition qu’était en train de livrer le 140joueur mondial.

« En termes de style, je pense que mon équipe et moi étions au courant de ce qu’il allait essayer. Et on savait aussi ce qu’on voulait faire. Et, heureusement, j’ai été en mesure d’exécuter le plan de match pour gagner. »

Diallo affrontera Alex de Minaur, 18raquette mondiale, mercredi.