« C’était mon match préféré ! » Ainsi a parlé Leylah Annie Fernandez devant une foule en liesse au stade IGA, après sa victoire spectaculaire mercredi. Le genre de phrase qu’on peut évidemment laisser tomber sous le coup de l’émotion, sachant très bien que les spectateurs n’attendent que ça pour rugir.

Une heure plus tard, elle retrouvait les médias dans la salle de conférence, un auditoire nettement moins réactif. Et moins nombreux, entendons-nous.

Mais vérification faite, c’était toujours son match préféré. « Parce que c’était un match difficile. L’an passé, elle m’avait battue à Toronto en deuxième ronde, donc je suis contente d’avoir pris ma revanche, a rappelé la jeune femme. Jouer devant une foule complète, c’est un privilège. Gagner à la maison, devant un stade rempli, ça me motive encore plus. Et ça faisait longtemps que je n’avais pas gagné deux matchs de suite, donc je suis contente de l’avoir fait à la maison. »

Fernandez se souviendra longtemps de cette victoire de 7-5, 5-7, 6-3 au deuxième tour de l’Omnium Banque Nationale, contre la Brésilienne Beatriz Haddad Maia, 11e tête de série. Les spectateurs aussi.

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La foule montréalaise, derrière Leylah Annie Fernandez, a eu droit a tout un spectacle au stade IGA.

Le match a duré 2 h 55 min. Aussi bien dire qu’ils en ont eu pour leur argent. Le match a été si long que cette séance de jour s’est conclue sur le coup de 20 h, au son des « Olé, olé, olé » qu’on entend moins souvent à Montréal par les temps qui courent.

Une foule qui a même charmé Haddad Maia elle-même, bien qu’elle ait paru parfois irritée sur le terrain. Après le match, elle s’est toutefois montrée bonne perdante. « C’est un moment très positif. Leylah est jeune et on jouait devant un stade presque plein, ce qui veut dire beaucoup pour le tennis féminin. C’est spécial de sentir cette énergie, même si c’était contre moi ce soir », a déclaré la Brésilienne.

Le tournant

La maîtrise des émotions est un défi pour tout joueur ou joueuse. Chaque tournoi, des dizaines de raquettes brisées peuvent en témoigner.

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Leylah Annie Fernandez

Fernandez aurait pu briser la sienne, quand elle a perdu une balle de match en deuxième manche, avec une avance de 5-4. Elle avait été parfaite jusque-là sur ses quatre balles de bris.

Du haut de la passerelle, on a pu apercevoir le père de Fernandez, Jorge, pointer en direction du muret derrière elle. C’est sa routine : regarder le mur afin de remettre le compteur à zéro, en quelque sorte.

« Beaucoup de choses se passent dans ma tête, beaucoup de mots d’encouragement et, des fois, des mots négatifs, a-t-elle décrit. Quand je me retourne vers le mur, j’essaie de penser à un seul mot, un mot clé. Des fois, c’est un mot d’une chanson. Des fois, c’est juste un mot drôle, comme “poisson”, juste pour que je puisse penser à quelque chose d’autre avant de retourner sur la ligne ! Je pense à une chose, et quand je me retourne vers mon adversaire, je sais que je suis prête à me battre. »

Haddad Maia a néanmoins terminé le travail et remporté la manche, donnant à Fernandez une nouvelle chance de se ressaisir.

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Leylah Annie Fernadez et Beatriz Haddad Maia se donnant la main à la fin de leur (très long) match

« Pendant la pause, j’ai pu me calmer un peu. Malheureusement, je ne pouvais pas aller à la toilette ! Mais la musique était bonne, je voulais rester positive. »

Je suis contente d’avoir pu m’amuser sur le terrain dans ce moment-là, d’avoir souri dans les moments difficiles, car dans ces moments-là, c’est très facile de lancer la raquette et d’abandonner.

Leylah Annie Fernandez

En troisième manche, Fernandez n’a pas laissé filer sa chance. Après avoir brisé le service de Haddad Maia au huitième jeu, elle s’est offert trois balles de match en réussissant un énième amorti. Cette fois, elle a confirmé sa victoire à la première occasion.

Un certain momemtum

Fernandez remporte deux matchs de suite, dans le tableau principal d’un tournoi de la WTA, pour la première fois depuis le tournoi d’Auckland, son tout premier de l’année, début janvier. Sinon, ses seuls gains collés de l’année ont été enregistrés dans les qualifications et au tournoi ITF de Madrid.

Au prochain tour, la gauchère a rendez-vous avec l’Américaine Danielle Collins. Il s’agira du premier match de la séance de soir, jeudi.

Collins est la tombeuse surprise de la Grecque María Sákkari (no 8), en début de soirée mercredi. Collins est une joueuse de 29 ans, classée 48e au monde, qui a atteint le 7e échelon mondial l’an dernier. Elle est passée par les qualifications pour participer au tournoi montréalais, mais a déjà fait tomber deux bonnes joueuses en Sákkari et Elena Svitolina cette semaine.

En anglais, Fernandez a décrit Collins comme un tough cookie. Une adversaire coriace ou un biscuit dur, comme vous préférez.