(Toronto) Pourquoi changer une formule gagnante ? Comme au premier tour, Milos Raonic a conclu son deuxième match du tournoi, mercredi après-midi, à l’aide d’un as sortant en deuxième balle. Décidément, certaines choses ne changeront jamais.

Même s’il n’a réussi que 15 as – dans son cas, c’est très peu –, Raonic a trouvé le moyen de prolonger son séjour dans la Ville Reine en se défaisant de Taro Daniel en deux manches de 6-4 et 6-3, en à peine 90 minutes.

Le Canadien voulait sans doute s’économiser. Il faisait chaud comme dans une fournaise de taille moyenne sur le central du stade Sobeys. La chaleur ressentie excédait les 30 degrés sur le ciment. Le chandail blanc du favori local était devenu transparent au moment de serrer la main de son rival.

Sans être spectaculaire ou particulièrement exceptionnel, le tombeur de Frances Tiafoe a fait le nécessaire pour terminer avec le poing en l’air lorsque son dernier service a frappé avec éclat le mur publicitaire derrière Daniel.

Chercher les failles

Raonic a toutefois dû être patient et tenace pour arracher la victoire au 115joueur mondial.

La première manche s’est déroulée sans histoire. D’aucuns la qualifieraient même d’ennuyante. Les deux joueurs étaient réguliers au service, chacun laissait peu de marge de manœuvre à son vis-à-vis et jouait de manière plutôt hermétique.

L’avantage de Raonic est d’avoir commencé la rencontre au service. Ainsi, il pouvait toujours s’assurer de détenir l’avance.

Il a cependant eu de la difficulté à saisir les rares occasions offertes par Daniel pour le briser.

Il y a eu des points frustrants aujourd’hui. Des balles de bris où je n’ai pas bien joué et j’ai laissé des occasions filer. Des occasions que je saisissais dans mon premier match.

Milos Raonic, en conférence de presse

Il aura converti seulement deux des sept balles de bris qu’il a obtenues. L’une des deux lui a toutefois permis de filer avec la première manche, au bout d’une séquence de trois balles de bris.

PHOTO DAN HAMILTON, USA TODAY SPORTS

Taro Daniel

Avec une telle avance en poche, Raonic est sorti de sa coquille. Même s’il n’a pas été nécessairement plus extravagant, il a fait courir davantage Daniel et le jeu s’est ouvert. Il a été capable de briser son adversaire dès le deuxième jeu de la seconde manche, et cette séquence aura été le point de bascule du match.

Plus la rencontre progressait, plus Raonic semblait déterminé à en finir. Daniel, en revanche, s’est tiré dans le pied en s’entêtant à suivre son plan de match. Au service, par exemple, il ciblait constamment le coup droit du Canadien du côté avantage. Raonic, comme un adulte dans un cours pour enfant, lui renvoyait des flèches en parallèle qui mettaient fin à chaque échange de manière assez prompte.

« Pour être franc, après avoir bien joué au premier tour, et ne pas avoir joué beaucoup de matchs consécutifs dans les derniers temps, je ne pensais pas jouer aussi bien aujourd’hui. »

Ça continue

Au-delà du fait que Raonic a bien su lire les cartes de Taro Daniel, qui, hélas, n’a pas été l’opposition la plus redoutable à laquelle il aura fait face, le gentil géant est en train de réaliser ce que personne n’aurait osé prédire.

Raonic n’avait disputé que quatre rencontres, sur gazon qui plus est, avant de s’amener à Toronto. Pourtant, ça ne paraît d’aucune façon.

Il n’est ni le plus rapide, ni le plus agile, ni le plus explosif, mais ça n’a jamais fait partie de son ADN de joueur de tennis de toute façon. Même lorsqu’il était dans la vingtaine et qu’il talonnait le Big Four.

Sans s’emporter de manière démesurée, il faut reconnaître à quel point la version 2,0 de Milos Raonic a des airs du finaliste de Wimbledon en 2016.

Dans ce sport, il faut savoir tirer profit de ses forces et de ses qualités. Pour Raonic, elles résident dans son service et son coup droit offensif.

Dans son match contre Daniel, il a gagné 90 % de ses points en première balle et réalisé 42 coups gagnants, soit près de cinq fois plus que son opposant.

L’aventure continuera donc pour le Canadien. Avant son match, Mackenzie McDonald a eu raison de la sixième tête de série du tournoi, Andrey Rublev, et il évitera donc à Raonic de se mesurer à un deuxième joueur du top 10 en quatre jours.

« Je devrai bien me reposer, a-t-il rappelé, bien manger et faire mes traitements. Je dois offrir la meilleure chance possible à mon corps de répondre pour avoir plus de chances d’être compétitif demain. »

Les deux joueurs s’étaient affrontés deux fois en 2018 et ils s’étaient partagé un match chacun.