(Toronto) Milos Raonic aura été le meilleur joueur canadien de l’édition 2023 de l’Omnium Banque Nationale de Toronto. Il aura été également le plus surprenant.

Pour comprendre pourquoi personne ne devrait considérer sa défaite en deux manches identiques de 6-3 au troisième tour contre Mackenzie McDonald comme un échec, il faut remettre les choses dans leur contexte.

Avant de revenir au Canada, Raonic avait disputé seulement quatre matchs depuis le début de la saison. Tous sur gazon. Avant de reprendre le tennis, il avait pris une pause de deux ans. Puis, question de ruiner tout espoir de progresser dans le tableau torontois, le tirage lui avait donné Frances Tiafoe, 10e joueur mondial, en entame de tournoi.

Malgré un contexte le défavorisant grandement, le joueur de 32 ans a été en mesure de se rendre au troisième tour d’un Masters 1000 en jouant tous ses matchs sur le court central, en journée.

Malheureusement pour lui, son parcours s’est terminé comme la cérémonie des Oscars de 2017 : de manière assez chaotique.

Fin en queue de poisson

Ni Damien Chazelle ni Barry Jenkins, deux réalisateurs de renom, n’auraient pu imaginer pire scénario pour mettre fin au parcours jusque-là sans tache de Raonic.

Déjà, le ciel s’est couvert et le vent s’est mis à souffler dès l’échauffement des deux joueurs. Quelques minutes auparavant, le soleil et la chaleur faisaient leur vedette. Les gens en manches longues regrettaient leur choix. En début de match, les gens en pantalon court étaient jaloux.

Ce changement de condition a sans doute influencé quelque peu les sensations de Raonic au service, car il a été brisé d’entrée de jeu.

En fait, le Canadien a été démuni au service tout au long du match. Il a tout de même réalisé 18 as et a terminé avec des statistiques relativement acceptables dans cette phase du jeu, mais dans les moments déterminants, il n’a pas été que l’ombre de lui-même. Lors du dernier jeu de la première manche, il a commis une double faute. Idem sur son premier jeu de la seconde. Deux bris consécutifs sur une paire de doubles fautes. Il a aussi réalisé trois fois plus de doubles fautes que son rival.

« J’ai commis des erreurs stupides. […] Je n’avais juste pas la vitesse nécessaire sur mon service », a-t-il résumé après le match.

Au-delà de ses impairs au service, le coup droit de Raonic était également irrégulier. Certains coups, comme des smashs de routine, ont été sabotés.

Le Canadien était à court de solutions et de possibilités. De l’autre côté, son adversaire ne faisait que profiter de ses erreurs.

Même qu’à certains moments, Raonic s’est laissé emporter par les émotions, manifestant son mécontentement en criant en direction de son équipe. Chose plutôt rare dans le cas du Canadien, d’un naturel assez calme, voire stoïque.

On était loin de l’incident où il a brisé sa raquette lors du premier match, frustré par une décision de l’officiel qu’il estimait injuste. Cependant, les écarts se sont accumulés cette semaine. En même temps, qui ne serait pas à cran dans ce contexte ? Raonic voit poindre la fin de sa carrière et il voulait gagner. Il le veut toujours. Et il voulait saisir cette occasion.

Heureux et fier

Pour le reste, même s’il a encore peu de recul sur sa semaine, Raonic est fier de ce qu’il a accompli.

Il y a eu beaucoup de bonnes choses. Beaucoup de choses amusantes. Quand je regarde en arrière, je peux être fier d’un tas de choses et je peux partir avec le sourire.

Milos Raonic

Il n’y a pas de doute, il a encore le niveau pour évoluer sur le circuit mondial. Toutefois, s’il veut étirer la sauce, son corps devra coopérer.

« J’ai fait tout ce que j’ai pu, dès que Wimbledon s’est terminé. J’ai suivi chacune des étapes à la lettre pour prendre soin de moi le plus possible. Il y a encore des aspects que j’espère peaufiner », a-t-il ajouté.

La route a été longue depuis deux ans, et même si cet arrêt a été globalement positif, il n’est pas encore arrivé à destination.

À ce stade de sa carrière, la question à se poser n’est pas « quand », mais « combien ».

Combien de tournois lui reste-t-il ?

Combien de semaines veut-il jouer par saison ?

Combien de temps veut-il laisser s’écouler entre chaque tournoi ?

Combien de temps avant de se retirer pour de bon ?

« J’essaie de profiter du moment présent autant que possible. Je ne sais pas. […] J’ai vu à quel point les choses peuvent changer en deux ans. Je n’aurai probablement même pas la réponse dans 12 mois. Je dois juste continuer d’entrevoir l’avenir à court terme », a conclu Raonic.