(Toronto) On aurait tort de prétendre, à voir le pointage tout à son avantage, qu’Alex de Minaur est passé sans peine en finale de l’Omnium Banque Nationale. Il a battu Alejandro Davidovich Fokina en demi-finale, certes, mais sa prestation aurait pu être plus convaincante.

De Minaur s’est montré vulnérable, même s’il est parvenu à vaincre l’Espagnol, samedi, en deux manches de 6-1 et 6-3.

Il n’y a presque rien à dire du premier volet de ce match. De Minaur a conclu la manche en 30 petites minutes, principalement parce que son adversaire est arrivé à plat.

« Pour être franc, j’étais vraiment très nerveux avant le match », a lancé sans détour Davidovich Fokina, déçu, après le match.

Dans tous ses matchs depuis le début du tournoi, notamment contre Alexander Zverev et Casper Ruud, la 37raquette mondiale avait commencé ses matchs en lion, avec la crinière attachée. Il n’avait jamais concédé la première manche à son adversaire cette semaine.

Sauf que dans le match le plus important de sa saison, voire de sa carrière, Davidovich Fokina s’est écroulé. Petit à petit.

PHOTO FRANK GUNN, LA PRESSE CANADIENNE

Alejandro Davidovich Fokina

J’ai vraiment mal joué aujourd’hui. […] Mes pieds ne bougeaient pas. C’est comme si j’étais une planche de bois.

Alejandro Davidovich Fokina

Aucun as, 4 doubles fautes, 41 % de points gagnés en première balle et 56 % de ses points gagnés au filet. Toutes ces statistiques peu reluisantes sont toutefois encore moins révélatrices que les deux suivantes…

Vingt-deux fautes directes et seulement deux balles de bris sauvées sur neuf.

« Je ne me sentais pas bien. J’étais en retard sur toutes les balles. Je n’ai pas abandonné, mais ç’a été une journée difficile au bureau », a-t-il précisé.

Alex de Minaur retourne tout depuis le début de la semaine. Tous les joueurs qui ont croisé son chemin ont souffert dans ces deux catégories. Toutefois, pour espérer passer en finale d’un Masters 1000, il faut savoir limiter les dégâts. Chose que Davidovich Fokina a été incapable de faire, offrant au public torontois le spectacle d’une longue agonie.

Du travail à faire

Le plus consternant dans ce match a été de constater combien de Minaur n’a pas su profiter sérieusement des lacunes de son rival. Le match a duré 77 minutes, mais si l’Australien avait joué comme il l’avait fait jusque-là tout au long de la semaine, ce duel aurait pu se conclure en moins d’une heure.

De Minaur s’est compliqué la vie notamment au service. Avec seulement 47 % de premiers services, il faut s’attendre à en payer le prix en demi-finale de Masters 1000.

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Alex de Minaur

Le 18joueur au monde a été brisé à deux reprises, alors qu’il était à seulement deux jeux de la victoire, à 4-1.

Davidovich Fokina s’est tenu debout, mais ses efforts ont été vains. Contre tout autre adversaire, de Minaur aurait pu se faire jouer un vilain tour. Il a tenu bon, mais non sans peine.

Une fois la balle en jeu, il a souvent été nonchalant et à bout de force, notamment sur le revers.

« Je crois que dans un match comme celui-là, on ne veut pas trop suranalyser. Les conditions étaient vraiment compliquées. Ce n’était pas l’idéal pour jouer un tennis parfait et je le savais dès le moment où j’ai mis le pied sur le terrain. Je savais que ça n’allait pas être de toute beauté », a déclaré le gagnant en conférence de presse.

De Minaur devra trouver le moyen de s’ajuster, parce qu’il est impossible de gagner une finale de Masters 1000 avec autant de lacunes dans son jeu.

« Je pense que ma force est ma polyvalence. Et je suis capable de m’ajuster, parce que j’ai différents plans de match contre chaque joueur. »

S’il remporte le titre, toutefois, personne ne se souviendra de cette demi-finale un peu chambranlante. En ce moment, la manière importe peu. De Minaur doit se convaincre qu’il a sa place en finale, et à son entrée sur le court central, ce dimanche à 16 h, il devra faire comme si rien de ce qui précède ne compte. Parce que c’est le cas.

Un grand moment

Même s’il semble s’être fait une place dans le top 20 pour de bon, de Minaur en sera à sa première présence en finale d’un Masters 1000.

« C’est comme si tout le travail, sur le terrain et à l’extérieur, rapportait enfin. Ça arrive souvent de travailler fort et de ne pas obtenir les résultats souhaités. Alors c’est toujours une énorme dose de confiance lorsque tu es capable d’enfiler les matchs. Mais en ce moment, le travail n’est pas terminé. »

Il revient tout juste d’une finale perdue à Los Cabos, et il a l’intention de l’emporter, cette fois. Même s’il ne veut pas trop se projeter, il insiste sur le fait qu’un titre à Toronto pourrait avoir un impact considérable sur le reste de sa saison et de sa carrière.

« Ce serait une étape importante, a-t-il révélé. […] Je veux prouver à beaucoup de gens qu’ils avaient tort. C’est probablement ce qui me motive le plus. Je suis fier de ce que je fais. Mais je ressens beaucoup de satisfaction lorsque je parviens à prouver aux gens qu’ils n’avaient pas raison. »