(Toronto) Dès son arrivée jusqu’à son départ de Toronto, Daniil Medvedev a martelé la même chose : il n’aime pas les balles utilisées cette saison.

Lors de sa conférence de presse pendant la journée des médias, dimanche dernier, cette remarque du troisième joueur mondial a semblé plutôt anodine : « Les balles sont rapides, habituellement, mais cette année, je ne sais pas si c’est moi, si ça a quelque chose à voir avec les changements climatiques, toutes les balles sur le circuit sont devenues plus lentes. C’est mon impression. Même ici, en pratique, on fait deux ou trois jeux et elles deviennent très lentes. »

La semaine a suivi son cours et Medvedev, champion de deux titres en Masters 1000, cette saison, a gagné contre Matteo Arnaldi et Lorenzo Musetti sans perdre une manche.

Puis il a frappé un mur face à Alex de Minaur, en quarts de finale, s’inclinant en deux manches de 7-6 et 7-5.

Après sa défaite, il est revenu sur l’enjeu des balles de marque Wilson et de série US Open utilisées cette semaine à Toronto.

Il ne l’a pas fait pour se trouver une excuse ou pour expliquer sa défaite. Ce n’est pas le genre du Russe.

Cependant, il croit qu’en raison de la qualité des balles, il a dû réajuster sa manière de jouer et que c’est ce qui a bousculé sa préparation.

« Je l’ai dit au début du tournoi, les balles… ouf ! », a-t-il lancé après son match contre de Minaur, quelque peu consterné et en quête de réponses.

PHOTO FRANK GUNN, LA PRESSE CANADIENNE

Daniil Medvedev

Elles deviennent tellement molles. Je le vois à tous les matchs et nos sensations changent constamment. La balle ralentit et meurt après deux jeux. Surtout dans de longs jeux comme en deuxième manche. Même si ce sont de nouvelles balles, les balles sont terminées.

Daniil Medvedev

À son avis, puisque les balles rebondissent moins, les balles plus molles peuvent avantager certains joueurs plus puissants. Or, lorsque les balles demeurent dures, tous les joueurs sont au même niveau, car ils ont l’habitude d’évoluer dans ces conditions.

« Il y a quelques joueurs qui peuvent [bien frapper], parce qu’ils sont vraiment forts et ils pénètrent dans la balle, comme Carlos [Alcaraz], [Alejandro] Davidovich Fokina et Casper [Ruud] aussi, et d’autres joueurs sont comme moi. Je n’ai pas la puissance nécessaire pour générer assez de vitesse rapidement sur des balles lentes. »

De nouvelles conditions

L’état des balles avait aussi fait jaser en début de saison aux Internationaux d’Australie.

Ensuite, le débat s’est apaisé. Puis Medvedev l’a relancé à quelques semaines du dernier tournoi majeur de la saison.

« Dans les pratiques avec mes entraîneurs, on frappe, disons 20 coups en plein centre, et après, on prend la balle et elle est morte. […] C’est la tendance. Et ça coûte de longs échanges et c’est dommage parce que j’aime les longs échanges, parce que ce n’est pas tout le monde qui peut résister, mais avec des balles molles, tout le monde peut. Mais là, je dois m’adapter. »

Medvedev, même s’il croit avoir été désavantagé, refuse de s’arrêter à ce détail. Les choses ont été dites. Son avis a été donné. Maintenant, il doit tout faire pour tenter de retrouver ses sensations. Comme doivent le faire les grands champions.

« Je dois m’adapter. Je suis sûr que lorsque Novak [Djokovic] a commencé à gagner, tout était différent, comme les balles, les terrains, l’équipement, et il s’est adapté. J’aime les balles rapides, mais si elles ralentissent, je dois m’ajuster. »

Autre vision

Alex de Minaur, questionné également à ce sujet à la suite des commentaires du Russe, a lui aussi souligné combien la qualité d’une balle pouvait changer et transformer les sensations et l’aisance des joueurs sur le circuit.

À vrai dire, lui aussi a noté une différence.

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Alex de Minaur

« Les premiers jours de mon arrivée, j’ai vraiment eu de la difficulté à bien sentir les balles. Je trouvais qu’elles voyageaient beaucoup et j’avais du mal à m’ajuster, surtout au retour de Los Cabos. C’était dur de les contrôler. À Los Cabos, elles paraissaient plus grosses, et ici, elles paraissent plus petites. Lorsqu’elles deviennent plus vieilles, elles arrêtent de voyager. »

Toutefois, contrairement à Medvedev, de Minaur a été capable de faire fi de ces conditions et de se rendre en finale.

« Je sens que la vitesse de la surface est assez rapide, mais j’ai été en mesure de rester dans le tournoi suffisamment longtemps pour m’ajuster. »

Pour les joueurs de l’ATP, même les éléments les plus banals pour les amateurs du dimanche peuvent chambouler leur préparation et leurs performances.

Ça peut être la tension du cordage, la surface du jeu, l’enrubannage du manche de la raquette ou, comme ici, les balles.

Medvedev devra s’y faire toutefois, s’il veut gagner un deuxième titre aux Internationaux des États-Unis.