L’une était fraîche et dispose. L’autre disputait son deuxième match en trois heures. Le résultat : une finale à sens unique de 49 minutes au terme de laquelle Jessica Pegula a triomphé de Liudmila Samsonova pour être couronnée championne de l’Omnium Banque Nationale.

La troisième joueuse mondiale a eu le dessus en deux manches expéditives de 6-1 et 6-0 par une frisquette soirée d’été sur le court central du stade IGA, dimanche. À titre indicatif, il s’agit de la plus courte finale sur le circuit de la WTA depuis la victoire d’Iga Świątek contre Karolína Plíšková à Rome en mai 2021. Celle-là avait duré 46 minutes.

Ce fut donc une finale tout sauf enlevante. Et la raison est bien simple : Samsonova était éteinte. Pour la deuxième fois en trois jours en raison de la météo, la Russe disputait un deuxième match en quelques heures à peine. Elle était, avec raison, à court d’énergie.

Et Pegula en avait bien conscience. Même s’il ne s’agit que de son premier sacre en 2023, son troisième en carrière, l’Américaine a célébré sobrement après l’ultime point. En entrevue sur le terrain, elle a avoué qu’elle aurait aimé gagner dans de « meilleures conditions ».

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Jessica Pegula

« Je sais que l’horaire n’était pas en sa faveur. C’est nul quand tu sens que tu ne joues pas dans des conditions équitables, surtout pour quelqu’un comme elle, qui est tellement une bonne joueuse. »

Toujours est-il que Pegula est championne. Et ce triomphe, elle ne l’a pas volé. Pour y arriver, l’athlète de 29 ans a notamment dû vaincre la numéro un mondiale, Iga Świątek, en demi-finale samedi. C’est sans doute cette victoire-là qu’il faut retenir de son parcours.

Dimanche, elle n’a pas nécessairement été flamboyante, mais elle a joué avec assurance et constance. Elle n’était ni trop agressive ni trop défensive. Son jeu était à point.

« J’ai pratiquement joué un match parfait », a-t-elle résumé.

J’en ai fait assez pour jouer librement, j’essayais continuellement d’aller chercher le bris et de maintenir la cadence aussi longtemps que possible pour gagner.

Jessica Pegula

Sur le terrain après le match, la chanson Cotton Eye Joe jouait dans les haut-parleurs. Un clin d’œil à sa demi-finale de samedi, alors que la même chanson s’était mise à jouer pendant un échange important lors du bris d’égalité de la deuxième manche. Pegula avait alors perdu le point, puis les cinq suivants. Elle avait toutefois arraché le troisième set.

« Je suis heureuse d’avoir surmonté la guigne [jinx], ou peu importe comment vous voulez l’appeler, de Cotton Eye Joe », a lancé la championne en riant.

« C’était étrange »

Liudmila Samsonova n’a jamais été dans le match, mais ce n’est pas faute d’avoir essayé. Les deux heures et quelques minutes dont elle a disposé entre ses deux matchs n’étaient tout simplement pas suffisantes.

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Liudmila Samsonova

La 18joueuse mondiale semblait éreintée devant les médias après la défaite.

« Je n’ai pas eu le temps de me régénérer parce que j’étais dans la salle de physio à essayer de mettre des bandages sur tout mon corps, a-t-elle expliqué. Ça prend une heure pour faire ça. Je ne sais pas quoi dire. Je suis sortie du terrain, puis tout à coup, j’y étais de nouveau. C’était étrange. »

Entre les deux manches, Samsonova a quitté le terrain le temps d’une courte pause avant de revenir. De retour au service, elle a pris les devants 40-0 avant de voir Pegula remporter les cinq points suivants pour briser une nouvelle fois. C’est à 3-0 en deuxième manche qu’elle a commencé à cesser d’y croire.

« J’essayais [jusque-là] de faire quelque chose, de rester positive. Puis, j’ai commencé à penser : ce sera très difficile aujourd’hui. »

J’ai fait de mon mieux, mais ce n’était pas suffisant.

Liudmila Samsonova

L’athlète de 24 ans, prudente dans ses propos, a déploré que le match de la veille ait été reporté. « C’est étrange que les gens ne se soucient pas tant de nous. Si tu sais qu’il va pleuvoir à 18 h, tu dois, selon moi, faire un horaire où c’est possible de jouer parce que j’avais déjà eu deux matchs en une journée [vendredi]. »

Quand tout vaut la peine

Jessica Pegula, 4tête de série du tournoi, fait preuve d’une belle constance en cette année 2023, même si elle n’a atteint la finale d’un tournoi qu’une seule fois. La native de Buffalo, fille du milliardaire Terry Pegula, a atteint les quarts de finale à six des huit derniers tournois majeurs.

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Soulever ce trophée au bout de ses bras, dimanche, lui a évidemment fait du bien.

« Nous parcourons le monde pour gagner des tournois et gagner des titres chaque semaine, mais le tennis peut être un sport vraiment difficile, où tu perds souvent. Même quand tu gagnes beaucoup de matchs, tu ne gagnes tout de même pas de tournois, alors ça peut devenir difficile. »

« Gagner dans une semaine comme celle-ci fait en sorte que tout ça en vaut la peine, a-t-elle continué. Ça te donne le goût d’aller en chercher encore plus. Je serai de retour au travail dès demain, à Cincinnati. »

Comme on écrit les dernières lignes de ce texte, quelques goutelettes de pluie tombent sur le stade IGA. Évidemment…