On la traite, on la voit et on l’analyse comme si elle était une vétérane, mais Coco Gauff a seulement 19 ans. Et c’est pourquoi elle est la joueuse la plus captivante à l’amorce des Internationaux des États-Unis.

Elle avait à peine 15 ans lorsqu’elle a éclaboussé le monde du tennis féminin avec sa joie, sa naïveté et son sens aigu du spectacle. Depuis ses débuts fracassants sur le gazon londonien, comme un lys au début de l’été, Gauff n’a jamais cessé de nous en faire voir de toutes les couleurs chaque nouvelle saison.

Il y a un peu plus d’un an, la native d’Atlanta terminait l’école secondaire. Quelques mois plus tard, elle atteignait le quatrième rang mondial, et juste avant de participer pour la cinquième fois de sa vie aux Internationaux des États-Unis, elle vient de gagner ses quatrième et cinquième titres en carrière, à Washington et à Cincinnati.

Nul doute, la sixième joueuse au monde a toutes les chances d’envisager un premier titre majeur sous les réflecteurs new-yorkais.

Dans le vent

La séquence de tournois incluant Washington, Montréal et Cincinnati constitue une préparation en vue du dernier tournoi du Grand Chelem de la saison. Ce n’est plus un secret, certains joueurs utilisent ces évènements pour garder la forme et s’habituer aux terrains et aux balles nord-américaines.

Ces tournois sont cependant très relevés. Et rarement une gagnante des Internationaux des États-Unis y avait fait mauvaise figure, précédemment, dans la série nord-américaine.

Or, Gauff a été splendide depuis son retour à l’ouest de l’Atlantique. Deux titres et un quart de finale en trois tournois. Le plus impressionnant, au-delà du résultat et de ses bénéfices au classement, est la manière dont elle est parvenue à s’élever.

Avant de vaincre Iga Świątek en demi-finale du tournoi de Cincinnati, Gauff avait perdu ses sept affrontements face à la meilleure joueuse au monde.

Avant de battre María Sákkari en finale du tournoi de Washington, elle avait gagné seulement un des cinq affrontements face à la Grecque.

PHOTO KATIE STRATMAN, USA TODAY SPORTS

Coco Gauff, après sa victoire à Cincinnati

On savait déjà Gauff extrêmement talentueuse et déterminée. Mais si elle a en plus trouvé le moyen d’avoir le dessus sur certaines de ses bêtes noires, elle pourrait devenir inarrêtable.

Une nouvelle équipe

Les récents exploits de l’Américaine ne sont pas étrangers à sa nouvelle association avec l’un des entraîneurs les plus réputés, son compatriote américain Brad Gilbert.

Le Californien de 62 ans est un érudit. Un génie du tennis. Mais surtout un mentor pour certains des plus grands joueurs de l’histoire. Il a été l’architecte des succès d’Andre Agassi, Andy Roddick et Andy Murray, entre autres.

PHOTO ALEX BRANDON, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Brad Gilbert, lors de la finale du tournoi de Washington opposant Coco Gauff à María Sákkari, le 6 août dernier

Sa recette ne semble pas être périmée, car Gauff a gagné deux tournois depuis l’arrivée de Gilbert dans son entourage.

En vérité, l’identité de Gauff est restée la même. Elle a toujours été puissante, explosive et coriace. C’est plutôt son approche, ses choix tactiques et sa manière d’aborder les matchs qui semblent faire la plus grande différence.

Le plus fascinant à propos de Gauff, c’est qu’elle mesure seulement 5 pi 9 po, ce qui n’a rien d’extraordinaire. Elle est loin de faire l’envie des géantes comme Elena Rybakina, Aryna Sabalenka ou Petra Kvitová.

Cependant, Gauff en impose. Elle est si confiante, si solide, si fière qu’on jurerait qu’elle est immense. Son positionnement, sa stature et sa manière de planter ses pieds dans le sol avant chaque frappe la rendent intimidante au possible.

Sur un court, elle prend la place qui lui revient. Elle est sans compromis, et grâce à ses plus récents résultats, elle sera comme un taureau en liberté à Pampelune.

Le double

En plus d’être classée sixième au monde en simple, Gauff est aussi la sixième raquette mondiale en double. Avec sa partenaire Jessica Pegula, elle forme l’une des meilleures équipes de double depuis deux ans. Elles ont remporté ensemble cinq titres et accédé à deux finales.

La bonne nouvelle pour Gauff, c’est que Pegula, maintenant installée dans le top 3 mondial, est aussi l’une des joueuses de l’heure sur le circuit. L’Américaine de 29 ans vient de remporter les grands honneurs à Montréal.

Ainsi, si jamais la route de l’une ou de l’autre devait s’arrêter avant la finale, elles pourraient au moins avoir la chance de jouer pour le titre, mais en double. Cela dit, pourquoi ne pas batailler pour les deux couronnes ?

Deux fois au cours de la dernière décennie, une joueuse a réussi à gagner un tournoi majeur en simple et en double. Serena Williams à Wimbledon en 2016. Puis Barbora Krejčíková à Roland-Garros en 2021.

Si une joueuse peut allonger la liste, c’est Coco Gauff. Et il ne faudrait pas être surpris si ça arrive.