Tennis Canada ne s’est pas seulement assuré les services d’une bonne tête de tennis pour remplacer Sylvain Bruneau comme chef du volet féminin. Noëlle Van Lottum est également une femme, une mère, une ancienne joueuse professionnelle et une entraîneuse expérimentée. C’est suffisant, croit-elle, pour prouver qu’elle a sa place.

La Hollandaise de 51 ans est débarquée à Montréal le 18 août dernier. Au volant de sa voiture, vendredi dernier, elle continuait d’arpenter la ville, son nouveau chez-soi, lorsqu’elle a répondu à l’appel de La Presse.

« Ça ressemble beaucoup au style européen. C’est multiculturel », a-t-elle observé depuis son arrivée.

L’amorce de la conversation s’est faite en anglais, jusqu’à ce qu’elle précise être « à moitié française et à moitié hollandaise ».

Comme elle est née d’une mère francophone, le fait français est l’une des raisons qui a convaincu Noëlle Van Lottum de répondre positivement à la proposition de Tennis Canada, lorsqu’est venu le temps de trouver quelqu’un pour assurer la relève de Sylvain Bruneau.

Guillaume Marx, chef de la performance chez Tennis Canada, lui a lâché un coup de fil au mois de mai. « On m’a demandé si j’étais intéressée. Je travaillais alors pour la fédération de Grande-Bretagne. J’étais responsable du centre national des 14-18 ans pour garçons et filles », raconte-t-elle.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

L’ancien chef du tennis féminin professionnel et de transition, Sylvain Bruneau, et le chef de la performance chez Tennis Canada, Guillaume Marx

Après le tournoi de Roland-Garros, elle est venue à Montréal pour visiter les installations du stade IGA. L’échantillon a été assez convaincant. À la fin du mois de juin, elle savait qu’une nouvelle aventure commençait.

Si Marx a pensé à Van Lottum, c’est évidemment parce qu’elle avait une valeur. Quelque chose à offrir au développement du tennis féminin. « Je pense que je peux m’identifier à plusieurs personnes et à plusieurs situations, estime la principale intéressée. Premièrement, je suis une femme. Deuxièmement, je suis maman. Troisièmement, j’ai été joueuse de haut niveau. J’ai entraîné des filles qui ont été top 20 mondial et j’ai travaillé dans plusieurs fédérations. J’ai aussi géré une académie avec mon ex-mari en Hollande. »

Ancienne joueuse du circuit WTA, Noëlle Van Lottum a déjà atteint le 57e rang mondial, en plus d’avoir remporté un titre en simple et un en double.

« Je suis restée dans le tennis toute ma vie. Je ne suis jamais sortie du tennis. Quand j’ai mis fin à ma carrière, j’ai commencé à entraîner. J’ai une bonne vision des choses et j’ai vu comment les choses avaient évolué après ma carrière. Je suis passionnée et ambitieuse. »

Faire le saut

Van Lottum traverse donc l’Atlantique pour continuer à vivre sa passion. Confortablement installée en Grande-Bretagne, elle a été séduite par l’accueil des gens de la fédération canadienne.

Mais elle sait aussi à quel point le tennis canadien, surtout du côté féminin, est prometteur. « La manière dont ils ont réussi à former des jeunes de ce niveau-là… Ça veut dire que les gens étaient vachement impliqués et ambitieux. Et ça me plaît. »

Deux joueuses de l’unifolié figurent dans le top 100 mondial : Bianca Andreescu, 51e, et Leylah Annie Fernandez, 72e. Rebecca Marino cogne à la porte, en 101e position.

Ce serait bien d’en ajouter quelques-unes. Ça, c’est un objectif. Il y a aussi l’objectif d’aller chercher des médailles aux Jeux olympiques.

Noëlle Van Lottum

Avant de s’attarder trop spécifiquement aux données fournies par le classement, elle veut d’abord assurer une continuité, pour que les succès deviennent perpétuels. « Il y a toujours une vague. On peut avoir de super athlètes avec de très bonnes performances, mais derrière, il faut aussi continuer de générer le succès chez d’autres joueuses. »

La pression

Sylvain Bruneau est devenu une référence avec les années. Une personne respectée et un entraîneur adulé. Van Lottum ressent-elle, alors, une pression à l’idée de s’asseoir dans le siège laissé vacant par l’ancien entraîneur de Bianca Andreescu ?

« Je ne trouve pas », répond-elle.

« C’est magnifique, ce qu’a fait Sylvain. Il a un CV incroyable. Les gens l’apprécient », jure-t-elle.

Elle en a même été témoin. « Quand je suis venue en juin, il avait beaucoup de classe. Il m’a félicitée pour mon poste. Il était très sympathique. »

Sans pour autant réformer ce qui a été instauré au cours des dix dernières années, elle veut pouvoir y mettre sa propre couleur. Elle n’arrive pas au-dessus d’une feuille blanche sur laquelle tous les contours sont à définir. Elle doit plutôt changer les teintes d’un dessin déjà abouti, mais qui a assurément besoin de quelques retouches.

« Je vais essayer d’avoir mes valeurs à moi. Moi, c’est moi. Lui, c’est lui. Je vais essayer de faire de mon mieux en apportant de la fraîcheur pour essayer d’aider Tennis Canada à continuer de produire de bons joueurs. C’est notre rôle d’essayer de faire ça au mieux. »