Internationaux des États-Unis Coco Gauff commence à croire en son talent

(New York) Depuis que Coco Gauff a fait ses débuts fracassants en tournoi du Grand Chelem à l’âge de 15 ans, elle s’est retrouvée sous les feux de la rampe. À peu près tout le monde reconnaît son talent, son intelligence, son désir de vaincre, ainsi que sa capacité à élever son jeu d’un cran lorsque les enjeux sont grands.

Pratiquement tout le monde, semble-t-il, était convaincu qu’elle avait sa place au sommet du tennis mondial. Tout le monde, sauf peut-être Gauff elle-même. Même pendant que les victoires s’accumulaient, dont les deux plus gros titres de sa carrière le mois dernier en route vers les Internationaux des États-Unis, elle se demandait si elle n’avait pas simplement profité d’une mauvaise journée de ses adversaires.

Voyez où elle se trouve maintenant. Même Gauff commence vraiment à y croire. Comment ne le pourrait-elle pas ? La Floridienne de 19 ans n’est plus qu’à une victoire de son premier titre majeur et elle pourra compter sur quelque 23 000 personnes pour l’encourager dans le stade Arthur-Ashe, ce samedi, quand elle affrontera Aryna Sabalenka.

« C’est encore d’actualité, mais j’admets me donner plus de mérite maintenant, a dit Gauff jeudi soir, après avoir triomphé de Karolína Muchová 6-4, 7-5. Et nommer les choses aide à les rendre réelles. »

Ce samedi, elle s’amènera avec une séquence de 11 victoires, sa meilleure série de succès en carrière. Tant Gauff, n^o 6, que Sabalenka, une Biélorusse classée deuxième, disputeront une deuxième finale en tournoi du Grand Chelem.

Ce qui ne fait pas de doute, cependant, c’est le côté où ira l’appui de la majorité des partisans. Les foules bruyantes ont été derrière Gauff depuis le début du tournoi. Leur traitement dur envers l’Allemande Laura Siegemund, son adversaire du premier tour, a fait pleurer celle-ci après le match. Sabalenka a aussi parlé, après sa victoire en demi-finale contre Madison Keys, de la difficulté à affronter une Américaine aux États-Unis.

« J’espère toujours que certains d’entre eux m’appuieront. Juste un petit peu, a dit Sabalenka en riant. Juste en quelques occasions, s’il vous plaît ! »

Apprendre du passé

Gauff avait été la finaliste malheureuse des Internationaux de France l’été dernier, s’inclinant devant Iga Świątek. Sabalenka a remporté les Internationaux d’Australie en janvier et elle a une fiche de 23-2 en tournoi majeur cette saison. Elle remplacera Świątek au sommet du classement mondial lundi, quel que soit le résultat de la finale.

Avoir pu jouer pour le titre à Melbourne Park « va m’aider », a indiqué la Biélorusse de 25 ans, « parce que je sais quelles émotions je vivrai : je sais comment les gérer ».

Gauff a de son côté admis que sa présence en finale à Paris l’avait surprise.

« Je crois que j’étais […] soulagée d’avoir atteint la finale, puisque plusieurs personnes s’attendent à de grandes choses de ma part. Je ne croyais pas avoir ça en moi, surtout à ce moment-là, contre Iga, qui était au cœur d’une série de victoires. »

Il y a quatre ans, elle est devenue la plus jeune joueuse à se qualifier pour Wimbledon et elle avait battu Venus Williams en route vers une participation au quatrième tour.

C’est à ce moment que l’engouement à son endroit a commencé. D’autres résultats impressionnants ont suivi et l’attention s’est accrue.

Mais elle a également connu une grande déception à l’All England Club en juillet : Gauff a été éliminée dès le premier tour, par Sofia Kenin.

Gauff s’est enfermée deux jours durant dans sa chambre d’hôtel, utilisant exclusivement le service aux chambres tout en ruminant sa défaite. Ses pensées étaient déjà tournées vers la saison morte et 2024. Elle était déjà prête à tirer un trait sur la portion sur surface dure du calendrier, même sur Flushing Meadows.

C’eût été dommage.

Gauff a remporté 17 de ses 18 matchs depuis. Son jeu continue de s’améliorer, bien sûr. Sa confiance en elle aussi.

« Atteindre la finale est une grande réalisation, a-t-elle dit jeudi. Mais je n’en suis pas entièrement satisfaite. »