L’objectif de Tennis Canada pour l’année 2024 est aussi simple qu’ambitieux : retourner au sommet. Mais pour voir flotter son drapeau sur ledit sommet, la fédération aura besoin d’un nouveau souffle.

Il y a deux manières d’évaluer la saison 2023. On peut avancer sans se tromper que ça aurait pu être mieux. On peut aussi soumettre l’idée, sans non plus être dans le tort, que ça aurait pu être pire.

Les neuf premiers mois de l’année ont été éprouvants pour les joueurs canadiens. L’automne aura toutefois été salvateur. Pendant que les topinambours et les rutabagas arrivaient à maturité, Leylah Annie Fernandez et Félix Auger-Aliassime sauvaient leur saison. Avec des titres à Hong Kong et Bâle, ils ont assuré au tennis canadien une sorte de rédemption. En décembre, Fernandez s’est élevée une fois de plus pour aider l’équipe nationale à remporter la Coupe Billie Jean King (BJK), presque un an jour pour jour après la victoire des hommes en Coupe Davis.

Interrogés sur les objectifs de Tennis Canada pour la nouvelle saison, Guillaume Marx, chef de la haute performance, et Noëlle van Lottum, nouvelle cheffe du tennis féminin professionnel, évoquent en priorité les réussites en compétitions internationales par équipes.

« On veut retenir notre titre en Coupe BJK pour faire un doublé. On veut que l’équipe de Coupe Davis performe bien cette année et qu’elle se rende en finale. C’est aussi une année olympique, donc c’est important pour nous. Évidemment, on a un objectif de médailles », répond Marx.

Le discours a donc évolué au cours des dernières années. Auparavant, avec l’ascension des Auger-Aliassime, Fernandez et compagnie, les critères de réussite de l’organisation étaient surtout axés autour du rendement de ses joueurs en tournois du Grand Chelem.

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Félix Auger-Aliassime

Cependant, les orientations ont radicalement changé dans les derniers mois.

La progression individuelle des joueurs s’est engourdie. Le Canada amorce la saison sans joueurs dans le top 20 mondial, tant chez les hommes que chez les femmes. Il serait surprenant de voir un joueur de l’unifolié remporter un titre majeur en simple d’ici le prochain Bye bye.

Néanmoins, l’équipe nationale est en forte progression. Le passé a prouvé l’excellence du pays lors des compétitions internationales.

Pour les dirigeants, miser davantage sur le collectif est donc sans doute le meilleur moyen d’éviter d’être déçus.

Avec de jeunes joueurs comme Gabriel Diallo et Marina Stakusic pouvant à tout moment sauter dans l’arène et compétitionner dignement, le Canada est dans une position plutôt enviable.

« On a beaucoup travaillé là-dessus dans les dernières années : avoir plus de joueurs qui se rapprochent du top 100 pour aider nos leaders, chez les hommes et chez les femmes », évoque d’ailleurs Marx.

L’année de Fernandez ?

Les dirigeants de Tennis Canada misent gros sur Fernandez pour l’année à venir. L’idée n’étant pas de lui placer une cible dans le dos ni de nier le potentiel de ses compatriotes. Toutefois, en se basant simplement sur les résultats de fin de saison, la joueuse de 21 ans est probablement la mieux placée pour rebondir.

Vingt et unième au classement mondial, la gauchère a passé une partie de l’entre-saison à s’entraîner à Montréal, au stade IGA, avec son père Jorge et sa sœur Bianca.

« Avec un peu de recul, elle s’est reconcentrée sur les choses qu’elle doit travailler, et je pense que maintenant, elle est dans une bonne dynamique », explique van Lottum, qui remplace maintenant Sylvain Bruneau.

La Néerlandaise croit Fernandez « stable » et surtout « partie pour plusieurs années ».

Les attentes sont considérables, mais non moins réalistes. Fernandez a joué comme une véritable championne en Espagne pour assurer le titre mondial au Canada.

« Elle est vraiment bien partie pour remonter au meilleur niveau. En espérant la voir performer dans les Grands Chelems et gagner une médaille, en simple ou en double », lance van Lottum, comme si c’était une évidence.

Le retour d’Andreescu

Bianca Andreescu n’a pas joué depuis le 7 août, lorsqu’elle s’est fait éliminer d’entrée de jeu par Camila Giorgi à l’Omnium Banque Nationale.

Embêtée par une énième blessure en fin de saison, la joueuse de 23 ans a recommencé à s’entraîner, tranquillement.

« Bianca ne va pas tarder. Elle devrait reprendre au plus vite, assure van Lottum. On espère qu’elle fera une année solide. »

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Bianca Andreescu

À son retour, l’objectif principal sera de se tenir loin de l’infirmerie. Depuis deux ans, elle n’a jamais été en mesure de surfer sur ses bonnes séquences en raison d’ennuis physiques récurrents.

La Canadienne n’a rien perdu de sa touche, mais dès qu’elle la retrouve, son corps cède. Elle a disputé de bons matchs en 2023, notamment des victoires contre Marie Bouzková en Australie, María Sákkari à Miami et Victoria Azarenka à Roland-Garros.

« C’est donc important de remettre les objectifs en place et de continuer à travailler. Sur ce côté-là, la maturité, ça aide. C’est important de garder un équilibre entre les entraînements, les médias et les éléments externes qui viennent avec ses responsabilités », souligne van Lottum, qui avoue ne pas encore avoir suffisamment appris à connaître la jeune athlète.

« Mais comme le vin, tout ça vient avec l’âge », ajoute-t-elle.