(Melbourne) Thriller à Melbourne : pour la troisième fois en cinq jours, Adrian Mannarino, nouveau venu dans le top 20 (19e) à 35 ans, est sorti victorieux en cinq manches aux Internationaux d’Australie. Le N.1 français va défier le N.1 mondial Novak Djokovic en huitièmes de finale.

Djokovic ? On n’aura pas son avis sur la question, puisqu’il est attaché à ne découvrir l’identité de ses adversaires qu’au dernier moment. Au point que sa ligne de conduite a été rappelée juste avant son arrivée en conférence de presse, ce qui a conduit les journalistes serbes à quitter la salle, interloqués et bredouilles.

Après Stan Wawrinka (56e) au premier tour, Jaume Munar (82e) au suivant, au tour de Ben Shelton (16e) de capituler face à Mannarino : en tête deux manches à une, l’énergique Américain a été renversé 7-6 (7/4), 1-6, 6-7 (2/7), 6-3, 6-4 au bout d’un spectaculaire bras de fer de 4 h 46 min.

En trois matchs, le gaucher au crâne chauve a passé près de douze heures sur les courts du Melbourne Park.

Avec sa quinzaine australienne aux accents de thriller, Mannarino, comme Arthur Cazaux, retentissant vainqueur du N.8 mondial Holger Rune la veille, participe activement à redonner des couleurs au tennis français aux Antipodes.

Contre Djokovic, il disputera dimanche le cinquième huitième de finale de sa carrière longue de vingt ans, le deuxième à Melbourne après celui de 2022. Au moment où il vient d’intégrer le club sélect du top 20 et est mieux classé que jamais, à 35 ans.

« Tequila »

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Novak Djokovic

Un « accomplissement » bâti sur une seconde moitié de saison 2023 fructueuse. Avec cinq temps forts, finale à Majorque et titre à Newport sur gazon, la surface sur laquelle il a obtenu ses meilleurs résultats, quart de finale en Masters 1000 à Cincinnati, et trophées automnaux à Astana et Sofia.

Quelle est la recette de sa réussite la trentaine bien entamée ? est-il interrogé à même le court. « J’ai commencé la tequila, ça aide à ne pas trop réfléchir », répond Mannarino, pince-sans-rire.

Vendredi soir, dans une ambiance électrique, deux grappes de supporters français se répondant d’un coin à l’autre du stade, quand les « É.-U., É.-U., É.-U. » dégringolant des tribunes grimpaient en intensité au fil du match, le N.1 français s’est montré impressionnant au retour – retournant avec une facilité déconcertante les services à 210 km/h de Shelton –, solide à l’échange, et économe de ses efforts entre les points.

« Au premier tour contre Stan, au bout de deux manches et demie, je me sentais vraiment cuit, et aujourd’hui, finalement j’avais les cannes, c’est majoritairement nerveux. Beaucoup dans la tête », estime Mannarino, au bilan très flatteur en cinq manches, avec treize matchs gagnés sur 17 joués en Grand Chelem.

Deux autres Français tenteront d’atteindre les huitièmes de finale samedi : Ugo Humbert (contre Hurkacz) et Cazaux (contre Griekspoor). Des huitièmes où l’on sait déjà qu’il y aura une Française, Clara Burel ou Océane Dodin, opposées au troisième tour.

Sinner avance masqué

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Jannik Sinner

Systématiquement programmé à la mi-journée, loin des projecteurs des prestigieuses sessions de soirée, Jannik Sinner fait son petit bonhomme de chemin à Melbourne. Trois matchs, trois victoires en trois manches, les deux dernières en moins de deux heures, 6-0, 6-1, 6-3 contre l’Argentin Sebastian Baez (29e) vendredi, et voilà le N.4 mondial en huitièmes de finale sans faire de bruit.

Pourtant le jeune Italien est bien un (le ?) des principaux négligés du Grand Chelem australien, lui qui est le seul joueur à avoir enrayé la robotique Djokovic après Wimbledon et jusqu’à la fin de la saison 2023. À deux reprises même, au Masters (en phase de poules) et en Coupe Davis. Entretemps, il s’était incliné face au Serbe en finale du Masters.

« Je suis en confiance. J’ai fait une bonne préparation à l’intersaison. Je me sens bien sur le court en ce moment, à la fois concentré et relâché, explique Sinner. Voyons comment je vais gérer la situation quand le score sera serré ou quand je serai même mené. »

Pour une place en quarts de finale, il affrontera le N.15 mondial Karen Khachanov.

Après avoir égaré une manche en route aux deux premiers tours, Stefanos Tsitsipas, N.7 mondial et finaliste sortant, a accéléré aux dépens du jeune Français Luca Van Assche (79e), dominé 6-3, 6-0, 6-4. Il sera opposé au N.12 mondial Taylor Fritz en huitièmes de finale.

Sans faire de bruit, Jannik Sinner, N.4 mondial et candidat sérieux au titre, est lui aussi passé en huitièmes sans faire de bruit ni avoir perdu la moindre manche après son succès 6-0, 6-1, 6-3 contre l’Argentin Sebastian Baez (29e).

« Je suis en confiance. Je me sens bien en ce moment, à la fois concentré et relâché », apprécie Sinner.

Andreeva, encore un exploit

PHOTO LILLIAN SUWANRUMPHA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Mirra Andreeva

Déjà dans le top 50 à 16 ans – et aux portes du top 30 au minimum après les Internationaux d’Australie –, Mirra Andreeva avait époustouflé en soufflant la N.6 mondiale Ons Jabeur 6-0, 6-2 au tour précédent.

Cette fois, l’ado russe aux longues boucles blondes a épaté en s’imposant au super bris d’égalité 1-6, 6-1, 7-6 (10/5) après avoir été menée 5 jeux à 1 par la Française Diane Parry (72e) dans la troisième manche et avoir écarté une balle de match (à 5-2 sur son service).

Voilà déjà la pépite russe, à la palette de jeu hyper variée, pour la deuxième fois de sa carrière naissante en huitièmes de finale en Grand Chelem. Rien d’extraordinaire à ses yeux.

« Franchement, je ne crois pas avoir fait quelque chose d’incroyable, estime Andreeva. J’ai juste essayé de gagner un match. De me battre. Un quatrième tour, c’est rien. Si je gagne un Grand Chelem, peut-être. »