Ah, le tennis, ce sport où tout peut basculer en un échange !

Jannik Sinner n’était pas lui-même jusqu’en troisième manche. Puis, soudainement, il a retrouvé ses esprits et sa confiance. L’Italien a remporté une manche, puis deux, puis trois, pour s’emparer, du haut de ses 22 ans, de son premier titre de Grand Chelem en carrière, dimanche à Melbourne. C’est tout un pays qui célèbre.

Sinner a fait à Daniil Medvedev le même coup que ce dernier avait fait à Alexander Zverev en demi-finale. Celui de revenir de chez les morts pour l’emporter en cinq manches de 3-6, 3-6, 6-4, 6-4 et 6-3. Un grand duel qui a duré 3 h 44 min.

Après son ultime coup, au terme d’une longue et spectaculaire remontée contre un adversaire redoutable, Sinner s’est laissé choir en guise de célébration. Le jeune homme, peu expressif, n’a pas versé de larmes, mais son petit sourire, avec le gros trophée au bout des bras, voulait tout dire.

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Après son ultime coup, Jannik Sinner s’est laissé choir en guise de célébration.

Le champion a, évidemment, remercié les membres de son équipe, avant de livrer un émouvant témoignage à ses parents.

« J’aimerais que tout le monde puisse avoir des parents comme les miens parce qu’ils m’ont toujours laissé choisir ce que je voulais faire, a-t-il affirmé. Même quand j’étais jeune, j’ai fait d’autres sports. Ils ne m’ont jamais mis de pression. J’aimerais que cette liberté soit possible pour le plus d’enfants possible. »

Auparavant, Sinner avait offert un aussi beau témoignage à l’endroit de Medvedev, affirmant s’améliorer chaque fois qu’il se mesure à lui.

« Tu fais de moi un bien meilleur joueur, a-t-il lancé. Ton effort a été fantastique tout au long de la quinzaine et aussi aujourd’hui ; tu courais pour toutes les balles. C’est remarquable. J’espère que tu pourras, toi aussi, soulever ce trophée. En fait, je suis certain que tu le pourras. Je te souhaite le meilleur pour le reste de la saison. »

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Jannik Sinner et Daniil Medvedev

Sinner devient ainsi le premier Italien à remporter un tournoi de Grand Chelem depuis 1976. Pas un mince exploit.

Et comme pour nous rappeler qu’il n’a que 22 ans, le jeune homme a terminé son discours sur une note amusante. « C’est tout. Je ne sais plus quoi dire. On se revoit l’année prochaine », a-t-il lâché candidement, provoquant les rires dans le stade.

La fatigue et le déclic

Sinner n’a rien eu de tout cuit dans le bec. Le jeune homme, tombeur de Novak Djokovic en demi-finale, a travaillé sans relâche pour décrocher ce triomphe.

D’entrée de jeu, Medvedev est apparu autoritaire, ce qui n’est pas dans ses habitudes en début de match. Le grand Russe s’est montré agressif et insistant, devant un jeune Sinner quelque peu désemparé. On n’aurait jamais deviné que Medvedev avait disputé vendredi une longue et ardue demi-finale contre Zverev.

Le Russe a démontré toute l’étendue de son talent dans les deux premières manches. Au revers, à la volée, même au coup droit, son jeu était à point. Sinner, peut-être affecté mentalement par l’ampleur du match, a pris du temps avant de retrouver l’aplomb qu’on lui connaît.

Est-ce l’épuisement qui s’est emparé de Medvedev en troisième manche, ou est-ce Sinner qui a eu un déclic ? Sans doute un peu des deux. Alors qu’il avait les devants 5-4 en troisième manche, le jeune Italien a brisé son adversaire pour s’emparer du set. C’est là que tout a basculé.

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Daniil Medvedev

Medvedev a quitté le terrain, s’accordant une pause avant la manche suivante, mais il n’est pas revenu avec une énergie renouvelée, au contraire. Soudainement, le Russe était éteint. Il jouait davantage en fond de terrain, courait moins vers les balles, craquait dans les longs échanges. On parle tout de même ici du joueur qui a passé le plus d’heures sur le terrain au cours de cette quinzaine. Plus de 24, pour être précis.

Petit à petit, donc, Sinner est revenu. Le jeune homme a pris confiance. Il bougeait mieux, frappait mieux, répondait mieux. À un certain point, on pouvait presque ressentir l’essoufflement et la douleur physique de Medvedev, qui n’a jamais abandonné, grand compétiteur qu’il est.

Quand Sinner a réussi le bris de service pour prendre les devants 4-2 dans la manche ultime, il n’était plus question de laisser échapper ce match. L’Italien a gardé le cap jusqu’à réussir, enfin, le coup gagnant.

Que le début

Daniil Medvedev n’a pas à rougir de sa performance, alors qu’il disputait une sixième finale en Grand Chelem en carrière. Il tentait de remporter son deuxième trophée de cette envergure après celui des Internationaux des États-Unis en 2021.

La fatigue a eu raison du Russe.

« Ça fait toujours mal de perdre en finale, mais probablement que c’est mieux de perdre en finale qu’avant », a-t-il dit au micro après l’affrontement. « J’aimerais toujours gagner, a-t-il continué. […] Je suis fier de moi, et je vais essayer encore plus fort la prochaine fois. »

Quant à Sinner, il est le premier hors « Big 3 » à remporter les Internationaux d’Australie depuis 2014. Il l’a fait avec panache. Et ce n’est encore que le début.

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