(Paris) Une page se tourne. Après 38 ans passés à Bercy, le Masters 1000 de Paris va déménager à partir de 2025, pour partir plus à l’ouest, dans la plus grande salle d’Europe à La Défense Arena, un déménagement devenu inévitable face aux exigences de plus en plus grandes de l’ATP, selon la FFT.

Bercy, c’est fini ! Dans les tuyaux depuis de nombreux mois, le déménagement est désormais officiel. La salle mythique parisienne qui accueille depuis 1986 le deuxième plus gros tournoi de tennis de l’Hexagone après Roland-Garros va donc passer la main après une dernière édition à l’automne prochain.

Lundi matin, le comité exécutif de la FFT a mis fin au faux suspense entourant l’avenir du tournoi, validant ce changement de site pour une durée d’au moins dix ans, une décision que le président de la FFT, Gilles Moretton, a justifié par la nécessité de respecter le cahier des charges du circuit professionnel masculin ATP.

« Décision stratégique »

« Il fallait sécuriser l’évènement dans sa catégorie, et les normes de l’ATP ont évolué, les exigences ont évolué, il fallait prendre une décision stratégique, ce que nous avons fait », s’est félicité le président de la FFT, tout en saluant les équipes de l’Accor Arena avec qui « de très belles pages de l’histoire du tennis ont été écrites à Bercy ».

Novak Djokovic en avait fait un de ses jardins privilégiés, y remportant ses sept titres. Les plus grands y ont gagné, de Pete Sampras à Boris Becker en passant par Andre Agassi et Roger Federer. Le dernier Français à s’y être imposé reste Jo-Wilfried Tsonga en 2008.

Depuis 2022, l’ATP a considérablement musclé le cahier des charges pour accorder son label Masters 1000, que seuls neuf tournois dans le monde possèdent et qui permet d’attirer les meilleurs joueurs du circuit.

Située à Nanterre (Hauts-de-Seine), La Défense Arena, la plus grande d’Europe, avec cinq courts, pourra notamment accueillir en configuration tennis près de 23 000 personnes contre 16 800 à l’Accor Arena.

« On est dans un environnement mondial qui nous pousse à évoluer. Et avec La Défense Arena, nous allons nous donner les moyens de nos ambitions », a expliqué Gilles Moretton.

Depuis plusieurs années, le tournoi installé à l’Accor Arena dans le XIIe arrondissement bénéficiait d’une dérogation pour continuer à bénéficier du label Masters 1000. Mais avec un court central à 15 000 places, deux autres courts 1 et 2 d’une capacité de 1000 et 600 places, des courts d’entraînement installés dans une bulle gonflable à proximité du site, et une salle de repos des joueurs trop exiguë, le site ne répondait plus aux normes de l’ATP.

Le directeur du tournoi Cédric Pioline avait tiré la sonnette d’alarme à l’automne dernier, expliquant que Paris pouvait peut-être perdre ce label Masters 1000 si le tournoi ne répondait pas aux nouvelles exigences de l’ATP. « Ce qui était accepté hier ne sera plus accepté demain », avait-il dit. Une mésaventure survenue à Hambourg en 2008, déclassé pour ne pas avoir su répondre au cahier des charges de l’ATP.

Une consultation avait été lancée en 2022, à laquelle la direction d’Accor Arena avait également répondu, proposant de nombreuses transformations du site. Mais ces efforts n’ont pas convaincu la FFT.

L’ATP « très fière »

« Il y a eu tout un processus d’évaluation qui a duré quasiment une année. Le projet de Paris La Défense Arena nous a convaincus », a expliqué lundi Cédric Pioline. « Il faut féliciter la ville de Paris pour avoir amené le tournoi là où il est maintenant. Mais il fallait des améliorations », a résumé Gilles Moretton.

« Le choix de la FFT de quitter Paris, après 40 ans d’histoire avec l’Accor Arena, bien sûr me déçoit et m’interroge », a regretté Pierre Rabadan l’adjoint aux sports de la Mairie de Paris (propriétaire des murs de l’Accor Arena et principal actionnaire) auprès de l’AFP. « Nous avons répondu aux exigences de l’ATP […] en présentant un dossier innovant, avec des transformations significatives. Le dossier […] n’aurait pas été présenté aux membres du Comex, ce qui me questionne quant aux choix et aux critères qui ont guidé cette attribution », a-t-il ajouté.

« On est très content de la réponse de la FFT », a salué pour sa part le président de l’ATP Andrea Gaudenzi, présent lundi matin au siège de la FFT. « On est très fier de pouvoir bénéficier de la plus grande salle indoor d’Europe. Le tennis continue à grandir », a-t-il ajouté.