La situation est maintenant claire: Alberto Contador ne décrochera pas Andy Schleck sur une série d'accélérations en haute montagne.

La situation est maintenant claire: Alberto Contador ne décrochera pas Andy Schleck sur une série d'accélérations en haute montagne.

Vendredi, à Mende, Contador avait surpris le maillot jaune. Emboîté sur le côté droit de la route, Schleck a mis une fraction de seconde avant de voir décoller l'Espagnol, quelques mètres à sa gauche. Le temps qu'il se fraie un chemin, le trou était fait.

Là réside souvent le succès d'une attaque en montagne: l'effet de surprise. Sauf exception, plus la réponse de l'«attaqué» est rapide, moins grande est la dépense d'énergie pour recoller.

Schleck ne s'est pas laissé prendre une deuxième fois.

Hier, après s'être lui-même ravitaillé à sa voiture d'équipe à mi-chemin du Port de Pailhères, l'avant-dernier col de la journée, le Luxembourgeois s'est collé à la roue arrière de Contador. Au moindre coup de rein de ce dernier, Schleck était prêt à bondir sur ses pédales.

Sans se mettre dans le rouge, Contador s'est essayé trois fois dans la montée vers Ax 3 Domaines. Après la troisième tentative infructueuse, Contador s'est assis et a testé les nerfs de son rival.

Pendant que les candidats à la troisième marche du podium à Paris (Sanchez, Menchov, Van Den Broeck) s'envolaient, Contador s'est presque arrêté. Tels des pistards, lui et Schleck se sont toisés. Tu y vas? Après toi, cher Alberto. Non, non, j'insiste. J'te dis, j'aime bien te regarder pédaler.

Ce petit exercice d'usure psychologique n'a duré que quelques secondes. Mais ça restera une autre belle image de ce Tour 2010.

Après peu de temps, les intérêts de Contador et Schleck se sont rejoints. Aucun des deux ne voulait gaspiller l'avance construite ensemble dans le col de la Madeleine. Le ballet irrégulier des favoris a quand même permis cette sympathique victoire du Français Christophe Riblon.

À sept jours de l'arrivée à Paris, le suspense demeure. Hier, on a quand même appris quelques petites choses.

D'abord, Contador a beau être supérieur à Schleck contre la montre, il n'est pas à l'aise avec ce retard de 31 secondes. Sinon, il se serait lui-même calé dans la roue de son adversaire direct.

Le comportement de Schleck est plus intrigant. Il connaît les enjeux du contre-la-montre de Bordeaux, la veille de l'arrivée sur les Champs-Élysées. Un coussin supplémentaire est donc impératif.

Hier, première étape pyrénéenne, il a préféré le statu quo. Après la course, toujours aussi confiant, il a dit que cette arrivée à Ax 3 Domaines ne lui convenait pas. Trop courte, la montée, comme à Mende vendredi. Aussi, il avait reçu ordre de son patron Bjarne Riis, fin stratège, de garder la roue de Contador.

Il faut donc s'attendre à une offensive du maillot jaune dans l'une des trois dernières étapes de haute montagne. Schleck a évoqué le port de Balès, escaladé en fin d'étape aujourd'hui avant la descente vers Bagnères-de-Luchon. Il pourrait même y jouer «toutes ses cartes», a-t-il laissé entendre. Un bon joueur de poker annoncerait-il vraiment son jeu de la sorte?

On se répète mais Ryder Hesjedal poursuit son Tour exceptionnel. Le Canadien a fait mieux que Basso et Kreuziger dans la montée finale. Il se retrouve maintenant à 25 secondes du top 10. Toujours très difficile mais de plus en plus possible.