Il fallait se lever de bonne heure et se brancher sur un site qui relayait France 3 pour bien apprécier l'étape d'hier. Avec trois grands cols dans les 75 premiers kilomètres, la bataille pour s'insérer dans la bonne échappée a été particulièrement âpre. «Le début d'étape du Tour de France le plus dur de ma carrière», a dit le vétéran George Hincapie, qui dispute sa 15e Grande Boucle, à son compatriote Levi Leipheimer.

L'élément clé de cette avant-dernière étape de montagne était la distance entre le sommet du dernier col et la ligne d'arrivée: 60 kilomètres. Un leader qui aurait tenté quoi que ce soit dans la dernière montée aurait été repris à coup sûr par le peloton.

Il était donc évident qu'un groupe de coureurs moins bien classés partirait. Les Astana d'Alberto Contador laisseraient faire, trop heureux de neutraliser la course par la suite.

Lance Armstrong l'avait compris. Mais il n'était pas seul à avoir ciblé cette dernière étape à la portée d'un non-sprinteur ou d'un baroudeur.

Curieusement, Ryder Hesjedal s'est essayé, mais Astana n'allait pas laisser décamper quelqu'un qui pointait à huit minutes du maillot jaune de Contador.

À noter l'isolement hâtif d'Andy Schleck, abandonné par tous ses coéquipiers de Saxo Bank dès le Peyresourde, avant d'être rejoint plus tard par Jakob Fuglsang. Rien d'encourageant pour l'arrivée au Tourmalet demain.

Quand la bonne échappée de 10 coureurs s'est cristallisée, Armstrong a vite vu qu'il n'avait aucune chance s'il ne filait pas seul. Il a tenté son coup dans le Tourmalet, à 140 kilomètres de l'arrivée. Incapable de faire la différence. Le septuple vainqueur mouline toujours très vite, mais ça ne produit plus les mêmes résultats. L'aisance avec laquelle Fedrigo et Cunego sont revenus sur lui disait tout.

Comment ai-je pu penser que l'Américain avait la moindre chance de monter sur le podium à Paris?

Vers la fin, Armstrong a été rejoint par son coéquipier Horner. Vague espoir de tenter quelque chose. Il a sprinté pour l'honneur. Le Lance Armstrong pré-cancer qui gagnait des classiques et un Championnat du monde se serait probablement imposé. Mais à 38 ans, sur un effort spécifique qu'il n'a probablement jamais travaillé depuis plus d'une décennie, il a eu l'air... d'un gars de 38 ans.

Éliminé de la course au classement général dès la première étape de montagne, le Tour de France de Lance Armstrong est maintenant bel et bien terminé. On le reverra à Hawaï pour l'Ironman.

Armstrong avait presque écoeuré la France du vélo pendant son règne sans partage de sept ans. Il était donc à-propos que sa fin coïncide avec l'émergence des coureurs français. Chavanel deux fois, Casar, Riblon, Voeckler et maintenant Fedrigo. Il s'en trouvera pour ranimer le vieux débat du cyclisme à l'eau claire. Or ces six victoires d'étape, toutes signées avec panache, font presque oublier que le mieux placé au classement général, John Gadret, pointe au 20e rang.

Que dire des Italiens, invisibles sur ce Tour de France à l'exception de Cunego, Petacchi et Ballan? O.K., ils ne sont pas très nombreux et ce n'est pas leur Tour. Et Ivan Basso, gagnant du Giro, est malade. Quand même, premier Italien, 27e à 37 minutes! Difficile de ne pas penser à cette vaste enquête sur les pratiques dopantes menée par le parquet de Padoue. On n'en sort pas. Ou peut-être que si.

AUJOURD'HUI: congé.

DEMAIN: 17e étape, Pau-Col du Tourmalet, 174 km: Dernier moment décisif avant le contre-la-montre de samedi. Schleck doit reprendre du temps. Prédiction: victoire d'étape pour le Luxembourgeois... quelques secondes devant Contador.

LE TWEET DU JOUR: Andy Schleck: «Alberto Contador est venu s'excuser auprès de moi aujourd'hui. Grand geste de sa part. On est bons copains de nouveau! Fin de l'histoire!»