En janvier dernier, on ne donnait pas cher de la peau de Tania Vicent. Constamment à la traîne, sans vitesse ni énergie, elle avait raté sa qualification pour les Mondiaux de Vienne. Une première en plus de 15 ans pour l'aînée de l'équipe canadienne de patinage de vitesse courte piste. Pour tout dire, ça sentait presque la retraite.

Huit mois plus tard, Vicent est méconnaissable. Il faut croire que l'air salin de Vancouver lui fait le plus grand bien.

Après avoir remporté le 1500 mètres d'ouverture et fini troisième du 500 m, dimanche, l'athlète de 33 ans a confirmé sa renaissance aux sélections olympiques pour les Jeux de Vancouver, terminant encore une fois troisième au 500 m et deuxième au 1000 m, hier.

À mi-chemin de la deuxième des cinq journées de compétition, Vicent était la seule patineuse à s'être classée dans le top trois des quatre épreuves.

Mathématiquement, rien ne l'assure d'une sélection pour ce qui serait ses quatrièmes JO. Mais Vicent est confiante d'avoir fait assez forte impression pour, si besoin est, recevoir une invitation discrétionnaire du comité haute performance.

«Ça démontre que je suis parmi les quatre meilleures au Canada. Si je n'ai pas ma place aux Jeux avec ça, je ne sais pas ce que ça prendra!» a analysé Vicent, tout sourire, quelques minutes après sa troisième place au 500 m. Deux heures plus tard, elle a remis ça avec une deuxième place au 1000 m.

Pourtant, en arrivant au Pacific Coliseum pour ses cinquièmes sélections olympiques, Vicent n'avait qu'un objectif en tête: «Juste être dans la game.»

Dimanche, elle a fait encore mieux en remportant le 1500 m de façon spectaculaire grâce à un long dépassement extérieur depuis l'arrière du peloton. Elle ne misait pourtant par sur cette épreuve. «Retrouver mon endurance, c'est ce que j'avais trouvé le plus long après ma chirurgie à la hanche», a rappelé Vicent au sujet de l'intervention qui lui avait fait rater la saison 2006-2007.

Comme par enchantement, les bonnes sensations et les réflexes sont revenus. «Des fois, tu es dans le flow ,dans la zone, a dit Vicent. C'était ça. Je disais à mon cerveau «fais ça» et mes jambes embarquaient tout de suite.»

Le 500 mètres, qui n'est pas sa spécialité, lui a aussi souri deux fois. En finale, hier, Vicent s'est glissée au troisième rang en profitant de l'ouverture laissée par Kalyna Roberge, qui tentait un dépassement. Jessica Gregg et Marianne St-Gelais l'ont devancé sur la ligne. «Je finis troisième avec des filles qui gagnent des médailles en Coupe du monde au 500 mètres», a fait remarquer Vicent, qui ne cache pas que son objectif ultime est de gagner une médaille individuelle aux Jeux.

Gagnants du premier 500 m, dimanche, Roberge et Olivier Jean ont raté une excellente occasion d'assurer leur place aux Jeux. Coincée au troisième rang, Roberge a tenté sans succès d'améliorer son sort en passant à l'extérieur. Une victoire aurait scellé sa place aux Jeux. «Je me foutais un peu des points. Tout ce que je voulais, c'était de gagner la course», a expliqué l'athlète de Saint-Étienne-de-Lauzon. Deux heures plus tard, elle s'est bien reprise en s'imposant devant Vicent lors du premier 1000 m de la compétition.

De son côté, Jean n'a pas été en mesure de tirer profit d'un excellent départ au 500 m. Parti de la quatrième position, la plus désavantageuse, il est entré en contact avec François Hamelin. Ce dernier n'a pu éviter la chute, entraînant Jean avec lui. L'Albertain Liam McFarlane, une véritable bombe au départ, en a profité pour filer fin seul jusqu'à la ligne. Marc-André Monette a fini deuxième, son meilleur résultat depuis le début des sélections.

Au 1000 m, Jean a repris l'avantage, devançant Hamelin à l'issue d'une course chaudement disputée. Les sélections reprennent samedi soir au Pacific Coliseum avec la présentation des deuxièmes 1000 et 1500 m.