Marjan Kalhor a grandi sur les pentes de la station de sports d'hiver de Dizin, au nord de Téhéran, mais jamais elle n'aurait pensé réaliser un tel exploit, celui d'être, à 21 ans, la première Iranienne à participer aux jeux Olympiques d'hiver.

«Je suis ravie de participer aux Jeux, et encore plus honorée d'être le porte-drapeau de la délégation iranienne», confie à l'AFP Marjan Kalhor, qui s'élancera le 24 février sur la piste de Whistler Creekside, pour le slalom géant de Vancouver. Deux jours plus tard, elle tentera sa chance sur le slalom. À chaque fois, son unique objectif sera de donner son maximum.

Seule femme d'une délégation de quatre membres, et unique représentante en provenance du Moyen-Orient, elle devait s'envoler lundi pour le Canada. Les trois autres sportifs iraniens sont Porya Saveh Shemshaki (slalom et géant), Hossein Saveh Shemshaki (slalom et géant) et Seyed Sattar Seyd (15 km libre).

C'est à 11 ans que la carrière de Marjan Kalhor s'est dessinée, quand elle a gagné sa première épreuve nationale.

«J'ai grandi à Dizin où skiait ma famille», raconte Kalhor, dont le modèle est la championne autrichienne Kathrin Zettel.

«J'ai commencé à skier à l'âge de 4 ans. Gagner à 11 ans le championnat national des jeunes m'a donné des idées.»

Billets pour Vancouver

Si l'Iran compte deux importantes chaînes de montagne, le ski n'est pas une pratique très répandue dans le pays, d'autant que la saison des sports d'hiver est relativement courte. Sur les pistes de Dizin, dans le massif d'Alborz à 120 km au nord de Téhéran, se côtoient skieurs étrangers et iraniens.

C'est à son frère Rostam, un ancien champion iranien du ski alpin aujourd'hui directeur technique de la délégation iranienne, que Kalhor doit sa progression constante. «Il m'a motivée en m'achetant mon matériel et en m'entraînant comme il le fallait.»

À 16 ans, elle enlève le bronze lors d'une compétition en Turquie. Deux ans plus tard, elle décroche l'or en slalom et l'argent en géant au Liban.

Mais son plus grand bonheur, elle dit l'avoir vécu l'an dernier lors des championnats du monde de Val d'Isère, en France, lorsqu'elle a obtenu le nombre de points suffisants pour se qualifier pour le slalom de Vancouver.

«J'étais très contente et je me suis dit que je pouvais encore m'améliorer et me qualifier pour d'autres compétitions», dit-elle.

Quelques mois plus tard, elle a obtenu son passeport pour le géant des Jeux, qui débutent le 12 février.

Après les JO, Kalhor, qui étudie pour devenir professeur d'éducation physique, ambitionne de se qualifier pour les Jeux asiatiques d'hiver au Kazakhstan en 2011 et rêve déjà des JO de Sotchi, en 2014.

Le foulard sous le casque

Depuis sa première participation en 1956 à Cortina d'Ampezzo, l'Iran a été représenté neuf fois aux Jeux d'hiver. Le meilleur résultat d'un Iranien fut une 30e place, obtenue en slalom par Hassan Shemshaki à Nagano en 1998.

Kalhor ne pense pas grimper sur le podium de Vancouver. Mais elle est déterminée à tout donner.

«La neige en Iran est différente», explique-t-elle. «(Au Canada), elle est plus tassée sur les pistes. Ils sont mieux équipés pour ce qui est de la préparation des pistes avant les compétitions.»

«J'espère qu'une semaine d'entraînement à Vancouver m'aidera à me familiariser à ces conditions.»

Conformément aux strictes règles vestimentaires en vigueur dans la République islamique, Kalhor portera un foulard sous son casque lors des épreuves.

«Le ski est un sport où il faut être totalement habillé. Donc il n'y a pas de problème quant à la tenue: j'observerai le code vestimentaire islamique.»