Même si 72 heures se sont écoulées depuis les cérémonies d'ouverture, la place qu'y a occupée le français et celle qu'il prend à ces Jeux olympiques de Vancouver a été au centre des préoccupations, lundi, alors que le premier ministre Jean Charest et le directeur général du COVAN, John Furlong, ont tenu un point de presse pour souligner la Journée du Québec à Vancouver.

M. Furlong a dû de nouveau revenir sur le scénario de la cérémonie d'ouverture et la place réservée au français et au Québec. Selon lui, tout a été fait dans les règles de l'art.

«La difficulté de mettre sur pied un tel spectacle est que nous tentons de faire plusieurs choses à la fois, a-t-il indiqué. Plusieurs des portions du spectacle étaient sans langage. Pour le moment-clé du spectacle, l'arrivée de la flamme olympique, afin de célébrer et d'honorer la langue française, nous avons choisi un artiste internationalement reconnu (Garou), qui a fait un travail fantastique pour préparer la foule à ce moment passionnant de la cérémonie.

«L'hymne olympique a été chanté dans les deux langues, il y avait des artistes québécois dans les tableaux du spectacle, le serment des officiels a été livré en français tandis que celui des athlètes l'a été en anglais. Tout au long du spectacle, nous tentions d'avoir les deux cultures bien représentées, en plus des nombreux autres éléments.»

«Toutes les parties protocolaires de la soirée ont quant à elles respecté ce que j'appellerais les normes canadiennes. Je crois que la communauté francophone de la Colombie-Britannique, du moins, les gens à qui j'ai parlé, trouve que nous avons fait du très bon travail.»

Si le premier ministre du Québec a apprécié la cérémonie d'ouverture, il a pris soin de noter que le français n'avait pas occupé la place qui lui revenait, contrairement à ce qui se fait sur les sites de compétition.

«Pour ceux qui y étaient, c'était une expérience éblouissante. J'ai beaucoup aimé la cérémonie d'ouverture. Mais pour ce qui est de la présence de la langue française, pour nous, ce n'était pas suffisant. C'est un avis qui a d'ailleurs été partagé par d'autres observateurs.

«Par contre, j'ai été à plusieurs événements déjà, et je suis impressionné par l'animation sur les sites. L'affichage, de ce que j'ai vu, est également à la hauteur des attentes que nous avions. Je suis conscient de l'effort qui a été fait et j'en ai été témoin. Mais j'ai également fait le constat qu'à la cérémonie d'ouverture, le français n'était pas suffisamment présent, certainement pas au niveau auquel nous nous attendions.»

Lorsque questionné sur la place qu'occupera le français et le Québec à la cérémonie de clôture, M. Furlong a semblé être agacé.

«Écoutez, je veux être clair au sujet de ce que l'on tente de faire ici. Nous organisons les Jeux olympiques. C'est un projet sur 17 jours qui comprend plusieurs, plusieurs niveaux. Si vous allez sur les sites de compétition ou au Village des athlètes, si vous parlez aux bénévoles, je pense que vous verrez que le COVAN a travaillé d'arrache-pied pour que le bilinguisme du Canada soit respecté à tous les points de vue. Nous avons rassemblé ici des milliers de bénévoles provenant des régions francophones du Canada pour donner des services bilingues aux gens de partout dans le monde. Nous en sommes au quatrième jour des Jeux et je n'ai pas entendu de plainte de la part de gens qui n'auraient pas reçu les services auxquels ils s'attendaient.»

«Tout a été fait de façon bilingue: les affiches, la présentations des événements. Si vous étiez à Richmond, dimanche, pour le patinage de vitesse, vous avez été en mesure de constater que la séance, du début à la fin, a été présentée dans les deux langues. Nous avons travaillé extrêmement fort pour faire cela et avons reçu énormément de commentaires positifs sur le déroulement des Jeux jusqu'ici. Et je pense qu'au cours des 17 jours que dureront les Jeux, nous en aurons beaucoup plus.»

Frank King, qui était à la tête du Comité organisateur des Jeux de Calgary, a voulu démontrer à quel point il était difficile de mettre sur pied des Jeux bilingues.

«Je peux comprendre dans quelle position se trouve M. Furlong, car peu importe les efforts que vous déploierez pour accommoder les gens dans les deux langues olympiques officielles - le français et l'anglais - ce ne sera jamais parfait. Je crois que c'est l'effort qui compte. Je pense que l'intégrité de ce comité est inattaquable. Je pense aussi que le travail des organisateurs est de faire en sorte qu'on puisse trouver un point de compromis où tout le monde est satisfait.»

Satisfait de la place qu'occupe le Québec

M. Charest a tenu à souligner la collaboration du COVAN et la place que le Québec occupe à ces Jeux, estimant que le comité organisateur avait rempli ses promesses à l'endroit de la province.

«Le COVAN a approché le Québec en 2005 pour nous proposer une entente de collaboration dans tous les domaines, incluant les marchés publics, la main d'oeuvre, le bénévolat, la culture et le sport. Il y a aussi une composante culturelle aux Jeux olympiques qui est souvent mésestimée, mais qui occupe une très grande place pour plusieurs d'entre nous et c'est très vrai pour le Québec.»

«Dans l'entente proposée par le COVAN en 2005, il y avait également ce projet d'avoir une maison du Québec ici, pendant les Jeux. Je veux remercier John Furlong, car on nous avait promis une place de choix et une pleine collaboration et c'est exactement ce que nous avions souhaité, et encore plus.»