Malgré une série de ratés qui fait dire à la presse britannique que les Jeux olympiques de Vancouver sont en voie de devenir «les pires de l'histoire», les organisateurs refusent d'en prendre la responsabilité.

«Tous les problèmes qu'on a connus étaient indépendants de notre volonté ou imprévus», a dit la vice-présidente aux communications du comité organisateur des JO de Vancouver (COVAN), Renée Smith-Valade, lors de sa conférence de presse quotidienne. La période des questions a été largement dominée par les débuts difficiles de ces 21es Jeux d'hiver.

Les derniers problèmes en date: l'annulation de 28 000 billets aux compétitions de Cypress Mountain et le bris de trois resurfaceuses à l'anneau de glace de Richmond, qui a mis à mal la patience des patineurs deux jours de suite. Le COVAN a dû en faire venir une d'urgence de Calgary, hier. C'est sans oublier la controverse entourant la place du français à la cérémonie d'ouverture, le bras pour allumer la flamme qui n'a pas levé durant cette cérémonie ainsi que les reports d'épreuves en raison de la météo. Cela s'ajoute à la controverse liée à la mort du lugeur géorgien sur une piste jugée trop rapide par plusieurs observateurs.

«On ne prévoit jamais qu'on va perdre nos bagages. Mais quand cela arrive, on doit réagir pour les retrouver ou les remplacer», a illustré Mme Smith-Valade aux côtés de son homologue du Comité international olympique, Mark Adams. «La clé, c'est de bien réagir», a-t-elle répété, hier, mitraillée de questions difficiles.

Le COVAN se fait aussi reprocher d'avoir installé une immense clôture blanche au centre-ville qui bloque la vue sur la vasque olympique et empêche de la photographier. «Vous ne nous direz pas que vous n'aviez pas prévu l'installation de cette clôture horrible qui donne des allures de prison à la ville?» a demandé un journaliste. «Le meilleur endroit pour voir la flamme, c'est de loin. À Pékin, il fallait être à un kilomètre de la vasque pour bien la contempler», a répondu la porte-parole du COVAN, suscitant des murmures de désapprobation dans la salle remplie de médias canadiens et étrangers.

Des articles publiés mardi dans The Guardian et le Times, en Grande-Bretagne, ont parlé des JO de Vancouver comme d'un «désastre en voie de devenir une calamité» et de ce qui pourrait devenir «les pires jeux de l'histoire». Les organisateurs des Jeux balaient ces critiques d'un revers de main: «Les compétitions sont très bien organisées. L'essence des Jeux, c'est le sport», a répondu l'Anglais Mark Adams, visiblement agacé. «L'ambiance en ville est remarquable», a ajouté Mme Smith-Valade.

Il n'y a pas que les médias anglais qui soulignent les ratés des Jeux. De grands journaux américains en ont fait une critique plutôt négative. «Le pire long week-end de l'histoire des Jeux olympiques d'hiver», a écrit lundi la chroniqueuse sportive émérite du USA Today, Christine Brennan, qui a en est à ses 14es JO (hiver et été). La commentatrice souvent invitée dans les studios du réputé réseau ESPN garde espoir tout de même pour la suite des choses. Sur les lieux des compétitions et dans les rues de Vancouver, les Canadiens font preuve d'un «enthousiasme inlassable» qui pourrait bien sauver ces Jeux olympiques, a-t-elle observé.

La skieuse acrobatique canadienne Jennifer Heil - qui a remporté une médaille d'argent samedi - a été victime de problèmes logistiques dans les jours qui ont précédé sa compétition. Deux journées de suite, l'autobus qui l'amenait du Village des athlètes à la montagne de Cypress pour ses entraînements est tombé en panne. Chaque fois, l'athlète, championne en titre aux JO Turin, a dû patienter une heure sur le bord de la route. «La première fois, on a trouvé ça drôle, mais la seconde, moins», a dit à La Presse son entraîneur et conjoint, Dominick Gauthier. Le COVAN a finalement réglé le problème, mais un athlète n'a pas besoin de vivre un tel stress à la veille d'une compétition, a-t-il souligné. Dans son cas, les «bagages» ont été retrouvés, pour reprendre l'expression du comité organisateur des Jeux de Vancouver.

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- Mort d'un athlète

Les Jeux n'avaient même pas officiellement commencé qu'on déplorait la mort d'un athlète, le lugeur géorgien Nodar Kumaritashvili, lors de son entraînement vendredi dernier. Même si on a relevé la dangerosité de la piste, une enquête a conclu que c'est une fausse manoeuvre de l'athlète qui a causé sa mort.

- Français recherché

La quasi-absence du français - une des deux langues officielles des Jeux et du Canada - à la cérémonie d'ouverture a ému les gens, et pas seulement au Québec. Le secrétaire général l'Organisation internationale de la francophonie, Abdou Diouf, le commissaire aux langues officielles du Canada, Graham Fraser, le ministre fédéral du Patrimoine, James Moore, tous se sont dits déçus qu'on ait assisté à un spectacle tout en anglais se terminant par une chanson en français. Quant à John Furlong, grand patron du COVAN, il a dû subir de nombreuses critiques à cet égard.

- Où sont les hivers d'antan?

C'était de mauvais augure pour des Jeux d'hiver: le mois de janvier, dans la région de Vancouver, a été le plus chaud depuis 1937. On a dû transporter plus de 9000 mètres cubes de neige pour rendre Cypress Mountain utilisable - le choix du lieu lui-même est critiqué, tant la neige y a été rare ces dernières années. Whistler n'échappe pas aux critiques: trois épreuves ont été reportées jusqu'à maintenant, la dernière en lice étant le super-combiné masculin et l'épreuve de snowboard cross a été perturbée hier.

- Des Jeux à l'eau

Dimanche, 4000 spectateurs qui avaient des billets pour la compétition de snowboard cross ont dû quitter les installations de Cypress Mountain, rendues dangereuses par la pluie des derniers jours. Hier, le comité organisateur a annoncé l'annulation de milliers de billets pour des places debout pour le surf des neiges demi-lune, le ski cross et le surf des neiges slalom géant parallèle. C'est le résultat de plus de 48 heures de pluie suivies de temps doux en fin de semaine.

- La flamme inaccessible

Pour des raisons de sécurité, la flamme olympique est protégée par une grille. On ne peut s'approcher de cette superbe oeuvre d'art haute de dix mètres et composée de quatre piliers. La vue est défigurée par cette clôture, dénoncent les commentateurs, qui ont lancé le mouvement «Tear down this fence!», une allusion au défi lancé à l'Union soviétique par Reagan en 1987. Le comité organisateur a rejeté la demande, mais se montre disposé à réaménager la clôture pour permettre aux touristes de photographier la flamme.

- Performances décevantes... des Zamboni

Dimanche et lundi, les trois surfaceuses qui devaient refaire la glace de l'anneau olympique de Richmond l'ont plutôt abîmée, entraînant un retard d'une heure et demie du début de l'épreuve du 500 mètres messieurs. La Fédération internationale de patinage a décidé de faire venir une quatrième surfaceuse par avion, de Calgary.

+ Du monde au stade

Les billets pour assister aux compétitions se vendent bien et les athlètes profitent des encouragements de foules nombreuses.

+ Des Jeux écolympiques

Une foule d'initiatives, certaines symboliques mais d'autres nettement avant-gardistes, font de ces Jeux les plus verts de l'histoire. D'abord, on a construit un parc immobilier entièrement certifié LEED. C'est la première fois qu'un projet de cette ampleur répond aux critères environnementaux les plus sévères. Un des bâtiments est totalement carboneutre. Grâce à l'utilisation répandue de sources d'énergie propre - solaire, hydroélectricité, géothermie -, on émet 90% moins de gaz à effet de serre qu'à Turin. Enfin, 70% du chauffage du village olympique provient... de la chaleur du système d'égouts de Vancouver.

+ Enfin de l'or

Alexandre Bilodeau a offert au Canada sa première médaille d'or olympique gagnée en sol canadien.