C'est certain que ç'aurait été plus élégant de baisser un peu le rythme pour éviter que les Slovaques aient l'air fou. Battre un adversaire 18-0, ce n'est pas joli. Même chose avec les Suédoises, hier après-midi. Une des bonnes équipes qui se fait humilier de la sorte, c'est antisportif, c'est anti-olympique.

D'ailleurs, les Américaines ont été plus sportives que les Canadiennes depuis le début du tournoi olympique de hockey. Quand elles ont une forte avance, elles se contentent de contrôler le jeu et ne lancent que très peu sur le filet adverse.

Cela dit, faut aussi se rappeler ce que fut le passé. Les équipes canadiennes de hockey ont distribué les volées partout sur la planète quand les autres pays ont voulu se mettre à ce beau sport. Allez consulter les livres des records des premiers matchs internationaux, les scores gargantuesques (salut Rabelais!) abondent.

Si on avait écouté les esprits chagrins, le développement du hockey international aurait pris fin en 1950. Quand j'ai couvert la première Coupe Canada en 1976, la Suède et la Finlande ne faisaient pas peur à grand-monde. Encore moins l'Allemagne et la Suisse. À Turin, demandez-donc aux joueurs du Canada s'ils avaient le goût de rire quand ils ont terminé au septième rang après s'être fait battre par ceux de la Suisse?

Ce ne sont pas les Canadiens qui étaient moins bons que dans les années 40 et 50, ce sont les Suédois, les Finlandais, les Suisses, les Russes et les autres qui étaient infiniment meilleurs. C'est la même chose avec les filles.

Hier, Danièle Sauvageau racontait à Caroline Touzin qu'à ses débuts dans le hockey féminin, il y avait 7000 filles jouant au hockey organisé au pays. Aujourd'hui, elles sont plus de 80 000. C'est un progrès extraordinaire en une quinzaine d'années.

Je le voyais, hier, lors du match entre le Canada et la Suède, le calibre de jeu s'est amélioré. C'était meilleur qu'à Nagano et qu'à Salt Lake City. Le jeu est plus robuste. Les Canadiennes étaient plus fortes, plus rapides et mieux organisées et les Suédoises ont été capables de suivre le rythme endiablé pendant les 10 premières minutes du match. Évidemment qu'elles ne pouvaient passer 60 minutes à pourchasser des filles qui se passent la rondelle mieux que beaucoup de joueurs de plusieurs équipes de la Ligue nationale. Elles ont craqué et la suite est devenue pénible.

Mais les Suédoises d'hier auraient causé bien des surprises il y a 15 ans. Le problème, c'est que plus elles s'améliorent et plus les Canadiennes s'améliorent aussi. Va arriver un moment où on va commencer à plafonner et où les autres vont pouvoir enfin nous rattraper. C'est arrivé dans le hockey masculin.

Mais ce sont des étapes pénibles qu'il faut subir. Le hockey est un sport passionnant à suivre et surtout à pratiquer. Les jeunes Suédoises, les Finlandaises, les Russes, les Slovaques ne font qu'imiter leurs prédécesseurs masculins. Elles se font rosser en apprenant leur métier.

Il se peut que la télé ne rende pas justice au jeu pratiqué par les jeunes joueuses du Canada. Les déplacements, les passes, la stratégie, le coup de patin, c'est un rythme étourdissant, sans jamais le moindre ralentissement, qu'on impose à l'adversaire.

Sauf qu'arrive un moment où il faudrait savoir respecter l'adversaire. Arrive un moment où ce n'est plus drôle de l'humilier. Arrive un moment où les buts rendent mal à l'aise même si les fefans olympiques en demandaient encore à Vancouver après la première douzaine.

Sur ce point, ce sont les Américaines qui ont raison. Il faut savoir gagner avec un peu d'élégance.

David Pelletier: out les paillettes

J'ai couvert le programme court de patinage artistique pour les hommes mardi soir. J'ai assisté à d'excellentes prestations. Evgeni Plushenko a été extraordinaire tant sur le plan athlétique qu'artistique. Evan Lysacek a transcendé son propre passé et a offert la performance de sa vie.

Mais sincèrement, j'étais un peu mal à l'aise en voyant son accoutrement et son allure générale quand il s'est installé au centre de la patinoire. Le téton négligé dans le transparent de la chemise, pas certain...

David Pelletier, médaillé d'or à Salt Lake City, analyste à CTV et à NBC, était plus qu'un peu mal à l'aise. Il était en colère. «Il y a une maudite limite. Moi, tous ces costumes, toutes ces paillettes, ces brillants et ces sequins, je les interdirais aux Jeux olympiques! On pourrait les tolérer aux Championnats du monde parce que ce sont des connaisseurs dans les gradins qui savent pourquoi c'est ainsi. Mais on est aux Jeux olympiques. Le patinage artistique est un sport exigeant, dur. Les spectateurs voient des skieurs descendre les montagnes l'après-midi, des joueurs de hockey et en soirée, on a droit à tout ce flafla. On devrait accentuer l'aspect athlétique de notre sport. C'est simple, aux Jeux olympiques, ça devrait être pantalon et t-shirt noirs pour tout le monde! Là, on verrait les athlètes qu'ils sont!»

David vit à Edmonton. Il est père d'un enfant de 2 ans et continue à s'entraîner à fond la caisse. «Je suis au même poids qu'à Salt Lake City. Je m'entraîne cinq fois par semaine et pendant des années, Jamie Salé et moi avons participé à plus de 80 représentations professionnelles par année. C'est 80 parties de hockey à l'étranger, il ne faut pas l'oublier.»

Depuis deux ou trois ans, il se contente d'une trentaine de soirées. Il pourrait vivre très bien avec 10 spectacles par année tellement sa popularité s'est maintenue au beau fixe. «J'ai été analyste à CTV, à NBC, ABC et les autres grands réseaux américains. Malheureusement, RDS ne m'a jamais appelé. J'aurais aimé ça, ma mère aurait enfin pu comprendre ce que je dis à la télé comme commentateur», a-t-il lancé avec le sourire.

Mais il ne faudrait pas se méprendre. Si Pelletier a critiqué certains accoutrements des patineurs, il n'enlève rien à leur mérite. Selon lui, le niveau demeure extrêmement élevé. Mais les chorégraphes en demandent peut-être trop à certains de leurs protégés. Patrick Chan pourra nous en parler dans quelques années...

DANS LE CALEPIN - Il a fait un beau soleil de boeuf hier. Le bruit de la tondeuse coupant le gazon du chic Days Inn Castle, dans la cour intérieure, a bercé notre matinée. Les golfs sont verts et ce sont les Jeux d'hiver. Merveilleux. Par ailleurs, j'ai rencontré Geoff Molson à la Maison du Québec. Il a confié qu'il travaillait extrêmement et qu'il était très engagé dans toutes les décisions qui se sont prises au Centre Bell cette saison. Y compris la décision de Bob Gainey de «se» démissionner. Si vous savez lire...