Avec son programme À nous le podium, le Canada a dépensé cinq fois plus d'argent pour préparer ses athlètes en vue des Jeux de Vancouver que pour ceux de Turin. L'objectif: terminer premier au classement des médailles. Mais à quoi bon tout cet argent, si les résultats obtenus après une semaine de compétitions ne sont pas supérieurs à ceux obtenus aux derniers Jeux d'hiver?

La Presse a posé la question au président désigné du Comité olympique canadien (COC), Marcel Aubut, hier. «Attention! Si À nous le podium n'avait pas investi tout cet argent, le Canada se serait peut-être classé au rang de la Russie (8e). Et si ça prenait tout cet argent pour demeurer compétitif » se questionne M. Aubut.

À Turin, le Canada a récolté 24 médailles, son record pour des Jeux d'hiver. À Vancouver, le COC vise entre 28 et 34 médailles. Avec un budget pourtant cinq fois plus élevé, 97 millions au lieu de 19 millions. Les contre-performances du Canada ce week-end mettent cet objectif à risque.

Il est pourtant trop tôt pour s'alarmer, affirme le directeur général d'À nous le podium, Roger Jackson. «Je ne sais pas pourquoi vous êtes tous si négatifs. Nous avons deux médailles de moins que ce que nous pensions à ce stade.» Le COC maintient d'ailleurs ses objectifs, assure son président, Michael Chambers. «Les Américains nous rendent la vie difficile, mais notre objectif reste le même. La semaine dernière a été celle des Américains, cette semaine sera la nôtre.»

«Les derniers quatre jours de la compétition représentent nos meilleures chances de médailles. Nous visons d'en gagner de 11 à 13 pendant cette période », a ajouté Caroline Assalian, directrice de la préparation olympique et des Jeux du COC.

Blâmer À nous le podium

Reste que si le Canada n'atteint pas ses objectifs, compte tenu de la situation économique actuelle, les contribuables canadiens pourraient être en désaccord avec un réinvestissement similaire du gouvernement fédéral dans le futur. «Les Canadiens ne sont pas obsédés par les chiffres. Ils sont inspirés par les Jeux et par notre délégation, a répondu M. Chambers. Je suis convaincu qu'à ce point de vue, les Jeux sont un succès et que le gouvernement le considérera au moment de prendre une décision.»

Le gouvernement de Stephen Harper n'a toujours pas annoncé ses intentions spécifiques quant à la poursuite du programme.

Après sa performance décevante samedi au 1500 m, le patineur de vitesse Denny Morrison a jeté la pierre au programme À nous le podium. Il s'est dit d'avis que sa technique a souffert de la décision de bannir l'Américain Shani Davis de son groupe d'entraînement sur longue piste il y a quatre ans. Il n'y avait personne autour de lui pour le pousser à être plus compétitif, a-t-il expliqué aux journalistes avant de se rétracter hier soir.

Visiblement ennuyé par cette déclaration, Michael Chambers affirme que Morrison a très mal compris le programme. À nous le podium laisse chaque fédération libre de gérer les ressources offertes et de prendre les décisions appropriées pour leurs athlètes, a-t-il indiqué.

De son côté, la chef de mission, Nathalie Lambert, affirme que certains athlètes ont pu se mettre trop de pression sur les épaules. C'est le cas, selon elle, de Charles Hamelin, qui a fini quatrième au 1000 m. «Charles la voulait peut-être un peu trop sa médaille », a dit la triple médaillée en courte piste, alimentant ainsi la controverse sur la stratégie de course employée par le patineur de Sainte-Julie.

Mais d'autres ont réussi des performances au-delà des attentes, nuance la chef de mission, comme la patineuse de courte piste Tania Vicent, qui a atteint la finale du 1500 m ou encore les trois fondeurs canadiens, dont le Québécois, Alex Harvey, qui sont passés à l'histoire en terminant parmi les 10 meilleurs de la poursuite de 30 km.