Joannie Rochette a surmonté un maelström émotif en patinant trois jours après la mort de sa mère. Hier soir, elle était venue pour se battre. Belle, vibrante, vivante, elle a offert une autre performance inspirante. La récompense: une médaille de bronze, probablement l'une des plus chèrement arrachées de l'histoire des Jeux olympiques.

«Je suis fière, mais le résultat n'était pas important, a déclaré Rochette par l'entremise d'une attachée de presse, peu après l'annonce du résultat.

«Mais je suis contente d'être sur le podium. C'était mon objectif en arrivant ici. C'était un projet de toute une vie avec ma mère, et on l'a réussi.»

Malgré quelques écueils pendant sa routine de quatre minutes, elle n'a jamais abandonné. Elle a réussi ses sept triples sauts, certains à la limite. Seule concession, elle a rayé un double axel après être atterrie sur les deux pieds à la suite du premier. Les 11 000 spectateurs l'ont encouragée avec circonspection.

Quand la musique de Samson et Dalila s'est arrêtée, le public s'est levé, réservant une ovation monstre à Rochette. La patineuse de 24 ans a mis les mains sur les hanches, l'air de se demander si elle avait laissé trop de points sur la glace.

Moins émotive que mardi dernier, elle a levé la tête au ciel pour envoyer un baiser à sa mère. Elle est ensuite tombée dans les bras de son entraîneuse Manon Perron, ravie de l'acte de courage de sa protégée.

À la caméra, Joannie a dit à sa mère qu'elle l'aimait. Puis, ce fut la longue attente. Rochette et Perron se sont enlacées. On a annoncé les notes: 131,21 points, pour un total de 202,64 points, une nouvelle marque personnelle.

Joannie a paru un peu surprise. Elle était troisième. Une seule patineuse ne s'était pas exécutée: la jeune Américaine Mirai Nagasu. Malgré une bonne performance, elle n'a pas réussi à déloger la patineuse de l'île Dupas du podium.

En cette soirée émotive et de haut calibre - probablement la plus relevée de l'histoire du patinage artistique féminin -, la Coréenne Yu-Na Kim a sans surprise dominé de la tête et des épaules. La patineuse de 19 ans a tout réussi à la perfection pour devenir la première Coréenne de l'histoire à gagner l'or olympique en patinage artistique.

Ses notes au libre (150,06) et au total (228,51) améliorent ses propres records mondiaux.

En dépit de quelques erreurs, la Japonaise Mao Asada, 19 ans elle aussi, a conservé sa deuxième place pour récolter l'argent.

Peu après minuit, Rochette a reçu sa médaille de bronze sur la glace.

C'est en recevant les fleurs que les larmes se sont mises à couler.

Si tout se déroule comme prévu, Rochette rencontrera les médias internationaux ce midi au centre de presse principal de Vancouver. Le Comité olympique canadien a réservé la grande salle Gabriola, qui contient 500 sièges.

À ses premiers Jeux, à Turin en 2006, Rochette avait causé la surprise en se hissant au cinquième rang.

Rochette a connu la consécration aux Mondiaux de Los Angeles en gagnant la médaille d'argent. «Personne ne pourra jamais me l'enlever», avait-elle dit à l'époque.

Pas plus que personne ne pourra lui enlever l'inspirante leçon de vie qu'elle a servie cette semaine à Vancouver.