Grâce à sa médaille d'or, Alexandre Bilodeau peut désormais accéder au lucratif marché de la commandite majeure, mais le skieur québécois devra éviter de se précipiter avant d'apposer son nom au bas de contrats.

C'est du mois l'avis de Jean Gosselin, un expert en marketing sportif qui a notamment collaboré avec les plongeurs Alexandre Despatie et Émilie Heymans et le skieur Jean-Luc Brassard.

«Je sais qu'il a l'encadrement qu'il faut autour de lui pour résister à la tentation de sauter sur les premières offres venues. Non pas que les premières offres soient généralement mauvaises, mais il faut qu'il se donne le temps de réfléchir à ce qu'il veut, explique M. Gosselin. Parce qu'une entente commerciale avec une organisation ça amène des obligations, des responsabilités et encore faut-il être en mesure de les assumer.»

Or, rappelle M. Gosselin, l'athlète a déjà certaines obligations qui l'attendent. «Il reste une saison à compléter; il y a encore quelques épreuves en Coupe du monde.»

D'autre part, il fait valoir que toute offre qui serait intéressante à long terme sera certainement encore sur la table dans quelques mois.

Quoi qu'il en soit, Jean Gosselin est convaincu qu'Alexandre Bilodeau représente un potentiel supérieur en matière de commandites. «Au-delà de la notoriété, c'est la personnalité qui fait beaucoup la différence. La médaille n'est pas une garantie en soi; c'est un gros projecteur tourné vers un individu et c'est ce que l'individu va faire, la façon dont il sera perçu qui va faire la différence.»

«Dans le cas d'Alexandre, poursuit-il, c'est un bonhomme éminemment sympathique, intelligent, qui a de l'entregent, qui a en plus une histoire pas banale avec son frère. Il a de bonnes valeurs familiales derrière lui, donc tout ça, ce sont des éléments qui font en sorte qu'il pourrait capitaliser et être intéressant pour un commanditaire.»

M. Gosselin souligne qu'il est difficile de chiffrer la valeur d'une médaille d'or mais on peut d'ores et déjà évaluer son potentiel. «Alexandre vient d'entrer dans la catégorie d'athlètes qui risquent d'attirer les plus grosses commandites, dans les 100 000 $ et plus par commandite majeure. Est-ce que ça vaut un million $? Il n'y a pas d'automatisme. Il y a de grands athlètes canadiens qui ont mérité des médailles et qui n'ont jamais eu de commandites, mais il est clair que la notoriété qu'il vient de se créer, la personnalité qu'il a, font en sorte qu'il se retrouve maintenant dans le petit groupe sélect des athlètes qui attirent les plus grosses commandites au Canada.»

Et le jeune homme peut se rassurer: selon Jean Gosselin, le marché des commandites majeures est pratiquement à l'abri des crises économiques. «Quand on joue à ce niveau de commandites, très honnêtement, la crise économique entre plus ou moins en ligne de compte. Si une entreprise n'a pas les moyens de se payer un Alexandre Bilodeau maintenant, elle n'aurait probablement pas eu le moyen de toute façon hors crise.»

Le genre d'entente auquel le skieur acrobatique aura accès lui permettra non seulement de vivre plus confortablement mais aussi de préparer son avenir. Jean Gosselin rappelle l'exemple de Danone et de la patineuse de vitesse sur courte piste Isabelle Charest. «Danone s'était intéressé à Isabelle parce qu'elle était une étudiante en nutrition et ils lui ont donné, durant leur association, des occasions de parfaire et de compléter sa formation de nutritionniste.»

Le circuit des conférences de motivation pourrait aussi s'avérer éventuellement une avenue fort lucrative, précise-t-il. «Il va multiplier les apparitions et, si ça l'intéresse, il pourra certainement un jour aller de ce côté. Ce réseau attire généralement beaucoup les athlètes et peut être relativement payant. On parle, dépendamment des athlètes, de 3000 $ à 10 000 $ la conférence.»

En contrepartie, sa notoriété le place sous la loupe impitoyable des médias et du grand public, de sorte qu'il pourra difficilement se permettre un faux pas, note M. Gosselin, qui avertit que les commanditaires ne pardonnent guère les écarts de conduite de la part de ceux à qui ils confient leur image corporative.