Alex Harvey est passé à l'histoire en réalisant la meilleure performance québécoise en ski de fond aux Jeux olympiques, se classant neuvième de la poursuite de 30 kilomètres, samedi après-midi, au Parc olympique de Whistler.

Avec ce résultat, le fondeur de 21 ans surpasse nul autre que son père Pierre, 14e au 30 km classique des Jeux olympiques de Calgary, en 1988.

«C'est vraiment bon, je suis super content, a réagi Harvey quelques minutes après la fin de la course. Mon père sera probablement pas mal excité pour moi.»

La 14e place du paternel représentait le meilleur résultat masculin canadien de l'histoire avant le début des Jeux de Vancouver. Or pas moins de trois fondeurs canadiens ont fini parmi les 10 premiers, du jamais vu sur la scène internationale.

L'Albertain Ivan Babikov a effectué une spectaculaire remontée pour se classer cinquième de la course remportée par le Suédois Marcus Hellner. Le Russe d'origine avait déjà fini huitième au 15 km libre, lundi dernier.

Le vétéran George Grey a pour sa part pris le huitième rang devant Harvey. Devon Kershaw a complété le tir groupé canadien en se glissant au 16e rang.

«C'est un résultat fantastique, historique, a souligné Harvey, 21e au 15 km. Le programme fonctionne bien, l'équipe de cireurs a fait un travail remarquable, nos coéquipiers nous encourageaient sur le bord de la piste, nos entraîneurs nous informaient des écarts. Tout est allé à la perfection.»

Analyste à RDS, Pierre Harvey a été renversé par le numéro réalisé par son fils. Avant la course, il espérait une place parmi les 20 premiers.

«Je croyais beaucoup en lui, mais il reste qu'il était 60e en Coupe du monde il y a deux semaines, a-t-il rappelé. Il a quand même du cran : être capable de passer de 60e à neuvième aux Jeux olympiques, c'est très bien. Normalement, tu perds cinq positions. Il a du chien. C'est rare des athlètes capables de livrer la marchandise au bon moment. Ça s'appelle les Jeux olympiques. C'est là que tu démêles les hommes des enfants. Il commence à être proche des hommes.»

Au-delà de la prestation de son fils, Pierre Harvey semblait encore plus enthousiasmé par l'effort collectif canadien. «Ils sont tombés dans une journée de miracle, a-t-il résumé. De voir un chum devant, un autre derrière, ça crée une synergie. Psychologiquement, ils étaient prêts à mourir pour rester devant.»

Le plus impressionnant, c'est qu'Alex Harvey ne se sentait pas dans une grande journée. Dès le cinquième kilomètre, l'acide lactique a commencé à l'embêter dans les montées, l'obligeant à faire l'élastique à la queue du peloton de tête.

«Il me manquait un peu de snap en haut des montées, a raconté l'athlète de Saint-Ferréol-les-Neiges. Je n'étais pas capable d'aller jouer en avant du peloton. Je subissais un peu la course dans les derniers... 25 kilomètres!»

Malgré tout, ce diable d'homme était sixième à l'avant-dernier passage à la ligne. Dans l'ascension suivante, le rythme infernal imposé par le Russe Alexander Lebkov a cependant hypothéqué le Québécois.

«J'ai essayé de rester le plus fort possible dans ma tête et j'ai continué à pousser même si je me faisais décrocher un peu, a dit Harvey. J'étais capable de bien récupérer dans les descentes et les plats.»

En entrant dans le stade, Harvey était sur les talons du Norvégien Petter Northug, le champion mondial réputé pour son finish dévastateur. Comme si de rien n'était, Harvey l'a déposé.

«Les gens doivent savoir qu'il est battable, a-t-il simplement expliqué. Il a gagné plusieurs départs de masse l'an dernier, mais il est clairement battable. Tu dois l'attaquer tôt et l'épuiser avant les 500 derniers mètres. À partir de là, il est tout à toi.»

Harvey a fini à 31.6 secondes du gagnant, le Suédois Hellner, 24 ans. L'Allemand Tobias Angerer a raflé l'argent. Le Suédois Johan Olsson, grand animateur de la course avec son attaque à mi-parcours, a été en mesure de résister pour cueillir le bronze devant Legkov.